• Paris : interdite de monter dans le bus à cause de sa jupe ? - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/paris-interdite-de-bus-parce-qu-elle-portait-une-jupe-03-05-2019-8065134.

    Trois jours après, la colère demeure toujours aussi vive. « Au XXIe siècle, dans la capitale des Lumières, c’est fou ! », répète Kamel Bencheikh, contacté par téléphone ce vendredi après-midi. Le poète algérien, auteur de l’ouvrage Préludes à l’espoir, rapporte l’histoire que lui a racontée sa fille Élise, 29 ans.

    Les faits remontent à mardi soir 23 heures. « Elise attendait le bus de la ligne 60 avec une amie, à l’arrêt Botzaris, aux Buttes Chaumont (Paris XIXe). Lorsque le véhicule est arrivé, elles n’étaient que toutes les deux. Le chauffeur les a jaugées, n’a pas ouvert les portières et a redémarré ».

    « Tu n’as qu’à bien t’habiller »

    « Le véhicule s’arrête quelques mètres plus loin à un feu rouge, poursuit l’auteur, également physicien. Ma fille a couru jusque la vitre du conducteur pour demander au chauffeur pourquoi il n’ouvrait pas les portes. » Toujours selon Kamel Bencheikh, « le machiniste lui a répondu, Tu n’as qu’à bien t’habiller en regardant ses jambes ».

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    Sa fille et son amie restent plusieurs minutes sur place, estomaquées, avant de décider de prendre un taxi : « Ce type qui conduit un bus payé par mes impôts a empêché ma fille, titulaire d’un passe Navigo valide et donc en règle, qui n’a jamais rien eu à se reprocher de monter… Juste parce qu’elle portait une jupe », s’insurge encore l’auteur, né à Setif, en Algérie. Il décrit le chauffeur comme un homme « maghrébin » et « islamiste » (NDLR : des éléments de sa libre interprétation).


    L’écrivain Kamel Bencheikh s’est exprimé sur Facebook/DR

    De colère, Kamel Bencheikh publie un premier post virulent, puis un second sur Facebook. Mais il est censuré par le réseau social. « On me reproche d’inciter à la haine. Mais j’ai publié les faits parce que je voulais qu’ils soient repris. Pour dénoncer cette dérive », poursuit celui qui assume ses positions et se décrit comme un « militant anti-islamistes ». Son post Facebook commençait d’ailleurs par « Je revendique mon islamophobie ». Il affirme avoir, depuis, reçu des centaines de messages d’insultes via Messenger.
    « Il faut que la RATP s’excuse publiquement »

    « Je ne lâcherai rien », assure-t-il. Ce samedi, avec sa fille, il ira déposer une plainte : « Nous ne l’avons pas fait jusque-là, parce que ma fille est en déplacement, mais nous irons jusqu’au bout ». Ce qu’il souhaite : « Ce sont au moins des excuses. Il faut que la RATP s’excuse publiquement devant ma fille ». Il a également été contacté par Nadia Remadna, fondatrice de la Brigade des mères à Sevran (Seine-Saint-Denis).

    De son côté, sans plus de détails, la RATP assure que le machiniste sera entendu dans les prochains jours. Elle appelle également Kamel Bencheikh ou sa fille à rentrer en contact avec elle, s’ils le souhaitent.

    #sexisme #discrimination #jupe

    • Voyageuse refusée dans un bus : le chauffeur porte plainte pour « discrimination »
      https://www.nouvelobs.com/societe/20190510.OBS12721/voyageuse-refusee-dans-un-bus-le-chauffeur-porte-plainte-pour-discriminat

      (...) La ministre des Transports Elisabeth Borne et la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, avaient déclaré dimanche suivre « avec la plus grande attention le déroulement de cette enquête » interne de la RATP.

      « Mon client n’a aucune pratique religieuse affectant son activité professionnelle », a déclaré à l’AFP Me Samim Bolaky, dénonçant des « propos fallacieux » de Bencheikh et de sa fille.

      L’avocat a adressé jeudi au parquet de Paris une plainte pour « discrimination sur le fondement de l’appartenance, vrai ou supposée, à une religion déterminée » ainsi que pour « dénonciation calomnieuse » et pour « faux et usage de faux ».

      Selon lui, son client avait marqué l’arrêt mais les deux jeunes femmes « fumaient et continuaient à fumer devant les portes de son bus », qu’il n’avait donc pas ouvertes. Le chauffeur avait repris sa route et les deux femmes l’avaient rattrapé au feu rouge en lui demandant des explications.

      « Une dizaine de passagers occupaient le bus au moment des faits, et pourraient très facilement attester de la teneur des propos du conducteur de bus, qui n’a aucunement évoqué l’accoutrement des deux jeunes femmes », a ajouté l’avocat.(...)