« Ultra-jaunes » vs « ultra-policiers » : Vers une "ultracisation" générale des corps
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Le #commun ne signifie pas un droit de #propriété de tous mais un droit d’usage raisonné de tous, un usage lié à ses propres besoins. Par exemple, je ne peux pas brûler la mairie (pas impunément) sous prétexte que cette dernière est un bien public et que tel est mon bon vouloir. Le public ne relève pas de la propriété mais de l’usage. D’ailleurs, le simple énoncé : « Ceci est à moi » [1] est selon Rousseau le premier des abus. Ce dont je pense pouvoir disposer selon mon bon vouloir et sans compensation, est en quelque sorte la négation de l’usage collectif et en dernière analyse, peut-être la première des violences. #Violence envers le corps commun des ressources naturelles par exemple.
On en vient donc nécessairement à se demander si toute propriété est un vol, une ablation illégitime faite à ce corps commun. Pourtant, ne suis-je pas propriétaire de mon corps, celui-ci n’appartient-il qu’à Dieu ou à la science ? Les objets que je fabrique, mon travail , tout cela est-il à moi ? Le texte écrit ici est-il ma propriété intellectuelle, mon bien ?
En écrivant, je recycle d’une certaine façon un langage et un savoir communs dont je suis l’héritier. Le papier que j’utilise (ou l’énergie consommée par mon ordinateur) provient des matériaux d’une Terre commune mais j’y inscris le résultat d’un travail, d’une énergie : du temps de vie. En cela j’acquiers légitimement, semble-t-il, un droit sur ce travail. Droit que l’on pourrait dire de propriété. Je peux jeter mon travail comme un peintre lacérer ses toiles.
Toutefois, mon travail n’est pas création ex nihilo, il n’est pas en ce sens une propriété absolue, sans condition, puisque la matière première était commune (les mots, la culture commune ici, le papier issu de l’exploitation de l’environnement), il est donc légitime semble-t-il, si j’en retire un bénéfice matériel qui dépasse mon strict besoin personnel, que j’en redistribue une partie, sous quelque forme que ce soit, à ma communauté.
Dans les sociétés sans État, l’obligation envers autrui existe aussi et un contre-don, si un membre du clan fait un usage personnel ou abusif du bien commun, sera nécessaire en droit afin de compenser l’amoindrissement d’un usage collectif possible.
De fait, ce n’est pas le cas évidemment et la liste des trafiquants et des évadés fiscaux qui pillent le bien commun sans contre-don (ou qui ne restituent que quelques miettes comme les Arnault, les Pinault, etc., afin, comme l’explique l’anthropologue Alain Testart sur lequel nous reviendrons, de « convertir, via des dépenses ostentatoires, le surcroît de richesse en prestige » [2]) est longue.