• Internet, cette révolution qui n’en était pas une : les désillusions de l’activisme numérique
    http://www.internetactu.net/2019/05/07/internet-cette-revolution-qui-nen-etait-pas-une-les-desillusions-de-la

    Le livre de la sociologue Jen Schradie (@schradie), The revolution that wasn’t : How digital activism favors conservatives (La révolution qui n’était pas : ou comment l’activisme numérique favorise les réactionnaires, Harvard University Press, 2019, non traduit) sonne comme un nouveau revers pour tout ceux qui pensaient que le numérique allait changer (...)

    #Articles #Recherches #économie_de_l'attention #eDémocratie #Participation #politique #réseaux_sociaux

    • [...] dans les groupes des classes moyennes et supérieures, les outils sont plus accessibles, tout comme les compétences, les ressources et la confiance en soi. Les individus qui composent ces mouvements sont plus éduqués, ont un peu plus de compétences et de moyens, et donc accèdent plus facilement aux outils numériques… mais surtout, ils n’ont pas connu la peur de la répression.

      Voilà le résultat le plus important du travail de Jen Schradie : les « activistes » les plus susceptibles de subir la répression ont tendance à limiter leur « surface d’exposition ». Ce phénomène n’a pas grand chose à voir avec les conseils prodigués dans les brochures militantes pour assurer un certain niveau de confidentialité de ses échanges numériques. Il s’agit de la méfiance spontanée de celles et ceux qui savent plus ou moins consciemment que lorsqu’on est du mauvais coté du manche, aucun moyen technique ne permet de rétablir l’équilibre. Le seul levier qui ne risque pas de vous revenir dans la gueule, c’est celui des rapports humains différents de ceux que les dominants ont tendance à penser comme universels.

    • Pour Jen Schradie, les coûts de la mobilisation n’ont pas baissé avec internet, comme on le lit souvent. En ligne, les mises à jour de sites et les mises à jour sur les réseaux sociaux sont bien plus fréquentes selon le niveau social des acteurs, mais également selon la structuration même des collectifs auxquels ils appartiennent. En étudiant les sites web et les réseaux sociaux, Schradie calcule la participation en ligne sous la forme d’un score d’activisme numérique, qui se révèle bien différent selon qu’on se situe à gauche ou à droite du jeu politique. Elle souligne que les groupes les plus actifs en ligne sont aussi les plus structurés et les plus hiérarchiques.

      Un constat bien loin des promesses d’horizontalité et de décentralisation pionnières du numérique.

      […]

      Il questionne les outils que nous utilisons… et montrent que leurs biais ne reposent peut-être pas seulement sur le miroir qu’ils nous tendent, mais peut-être plus profondément sur la structure même qu’ils organisent. À la lire, on pourrait se demander, assez légitimement, si le fait que les conservateurs réussissent mieux à utiliser ces outils n’est pas aussi lié à l’idéologie qui façonne ces outils. Le fait qu’ils favorisent la propagation de messages simples, leurs logiques agrégatives plutôt que disséminatrices, interrogent fondamentalement les biais cachés dans les fonctionnalités mêmes de nos outils.

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