• Lanceurs d’alerte : encore un indic des douanes trahi par l’Etat
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    OPINION. Héros modernes de plus en plus visibles, les lanceurs d’alerte n’en sont pas moins en danger. Régulièrement utilisés par les différents services de l’Etat pour la qualité de leurs informations, totalement indécelables en l’absence d’alerte, ils sont finalement les laissés pour compte de la République. Par Pierre Farge, avocat.

    La réponse se trouve dans l’histoire récente et symptomatique d’un employé qui adhère de moins en moins à la finalité de son travail, qui prend conscience de procéder à des opérations qui ne trouvent pas l’utilité sociale qu’il avait imaginé, et qui décide donc d’en dénoncer le caractère frauduleux.

    Sur la base des informations publiquement disponibles, principalement en ligne, cet employé s’adresse à la Direction des douanes.

    Il a ainsi d’abord partagé toutes les informations en sa possession, prenant d’énormes risques vis-à-vis de son employeur, et de toutes les représailles en cascade imaginables.

    Il a ensuite donné de son temps à l’administration pour orienter les agents en charge de l’enquête et aider à interpréter les informations transmises, avant de finir par démissionner de son poste tant le double-jeu lui était devenu intenable.

    Il lui est ainsi dès le début opposé par l’administration le secret de la procédure ; précisé qu’il existe de nombreux dispositifs permettant protection et secours financier, et donc de patienter sans s’inquiéter (tout cela apparait de façon objective dans des échanges d’e-mails).

    Il n’a donc jamais été informé par l’administration qui s’est précipitée sur ses informations que pour bénéficier d’un tel statut, il fallait entrer ab initio dans une procédure particulière accordant un tel statut.

    Ce qui vous permet donc d’imaginer sans mal la position de l’administration aujourd’hui : une fois dénouée l’affaire grâce aux informations de premier ordre, celle-ci indique courageusement que l’informateur ne peut plus prétendre à aucune prise en charge à défaut d’avoir été considéré comme tel en temps voulu.
    […]
    Au lendemain du 25e samedi de mobilisation des gilets jaunes, cela fait penser à ce mot de Henry David Thoreau dans sa Désobéissance civile : « L’Etat n’est doué ni d’un esprit supérieur ni d’une honnêteté supérieure, mais uniquement d’une force physique supérieure ».