Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • Pour une éducation populaire au numérique ouverte sur les pratiques des jeunes | ECHOSCIENCES - Normandie
    https://www.echosciences-normandie.fr/articles/pour-une-education-populaire-au-numerique-ouverte-sur-les-pra

    L’éducation populaire au numérique partage de nombreux objectifs avec la médiation numérique, notamment celui de l’appropriation par tous de la culture numérique. Elle plébiscite ses méthodes d’apprentissage « par le faire » ou « par les pairs », basées sur le bidouillage, l’essai-erreur, l’expérimentation.

    Elle s’en distingue peut-être en en ce qu’elle n’émane pas du même côté de la technicité. Elle doit pouvoir être mise en œuvre par des animateurs qui interviennent dans le champ de l’éducation populaire ou de l’animation socioculturelle et maîtrisent des techniques d’animation mais n’ont la plupart du temps aucune compétences techniques en matière de numérique. Cela ne les empêche pas de construire des projets pédagogiques qui visent à étayer la culture numérique des jeunes et à favoriser les usages numériques qui sont sources d’autres apprentissages. Elle est en effet moins centrée sur la transmission des usages en eux-mêmes que sur les apprentissages informels qu’ils peuvent favoriser, notamment ceux qui visent à permettre aux jeunes de se construire, de mieux comprendre le monde qui les entoure, d’y agir en citoyens éclairés, de s’exprimer et de créer.

    Si les pratiques ludiques et relationnelles dominent largement le spectre des usages développés spontanément par les jeunes, ils s’adonnent à la marge, en fonction de leur environnement, de leur personnalité, de leurs goûts, de leurs hobbies, à des activités dont on peut supposer qu’elles favorisent des apprentissages variés.

    On peut faire l’hypothèse que ces différentes modalités d’appropriation sont à même d’alimenter des parcours singuliers dans la culture numérique, à la marge des pratiques les plus massives et les plus conformistes. Ces parcours restent à étudier.

    Les jeunes ne sont pas sans développer un arsenal critique qui naît en partie de leur expérience et de leurs échanges entre pairs au sujet des questions de vie privée et de vie publique, d’information et de désinformation, d’e-réputation, de harcèlement, etc. Le regard critique qu’ils peuvent porter sur leurs propres usages a cependant besoin d’être étayé par un dialogue régulier avec des éducateurs et par l’apport de points de repères et de connaissances précises notamment en matière juridique (droit à l’oubli, droit au respect de la vie privée, etc.). Il s’agit d’interroger les facettes d’un vivre-ensemble qui possède ses propres codes, en raison des spécificités de la communication en ligne, sa viralité, les traces qu’elle laisse, les données personnelles qu’elle véhicule, etc.. Avec les plus âgés, on peut également commencer à débrouiller l’écheveau de questions qui laissent perplexes plus d’un internaute adulte : l’information à l’heure des fake-news certes mais aussi médias alternatifs, des lanceurs d’alertes et des leaks, le pillage des données personnelles certes mais aussi l’ouverture des données publiques et leur utilisation par les citoyens, etc. Il s’agit de faire saisir des enjeux, de susciter des questionnements qui dépassent la sphère de leurs seuls usages, c’est l’appropriation critique.

    Traduire les paroles d’une chanson, critiquer un film, publier ou lire une fan-fiction, se filmer exécutant une chorégraphie, détourner une bande-annonce, sont des formes émergentes de pratiques culturelles en amateur dont Patrice Flichy, souligne qu’elles consistent à « circuler librement dans ses passions ». Or, le web 2.0, favorise tout particulièrement cette circulation chez les jeunes, dans un échange constant entre réception et partage des propositions des autres, production et partage de ses propres propositions.
    Ces pratiques en ligne très nombreuses peuvent très facilement être encouragées, intensifiées et donner lieu à une socialisation sur les territoires physiques par la mise en place de festivals (de jeux vidéos), de concours (de films pocket, de fan-fictions, de films suédés), etc. L’éducation à l’image permet d’initier les jeunes au langage et à la grammaire qui transformeront leur regard et peut-être aussi leur production spontanée. La fabrication numérique offre aussi des pistes d’expressivité avec des nouvelles pratiques comme celles de la broderie ou de la lutherie numériques ou comme le détournement d’objets à des fins de création sonore, etc. Enfin, hors ligne, les outils numériques et notamment le premier d’entre eux, le téléphone portable, permet toutes sortes de capture de sons, d’images fixes ou animées à valoriser dans des productions créatives. C’est l’appropriation expressive et créative.

    #Culture_numérique