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« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Après « l’Europe sociale », « l’Europe démocratique »… (ou l’art de regarder ailleurs) | Frédéric Lordon
    https://blog.mondediplo.net/apres-l-europe-sociale-l-europe-democratique-ou-l

    Car le martyre de la Grèce, c’est bien ça qui empêchait de regarder ailleurs. Comme une mouche à merde au milieu d’une tasse de lait : il y avait l’euro. Et tout ce qui s’ensuit par automatique des traités interposée. Ça ne devrait normalement pas être trop demander que de se souvenir de ce qui s’est passé il y a si peu d’années (et qui en réalité se passe encore). Il faut croire que si. Le chaos grec supprimé du champ de vision médiatique, on peut retourner aux plaisirs de l’inanité sans suite, et parler de démocratiser l’Europe sans jamais jeter un œil à ce par quoi l’Europe est radicalement anti-démocratique : les traités de l’euro. Par une légère erreur de perspective, ou de calcul, les démocratiseurs pensent qu’on démocratisera l’Europe en ajoutant (des couches supplémentaires à base de fiscalité, de redistribution, et de parlementarisme européens) alors qu’il faudrait commencer par enlever — toutes les dispositions présentes de la monnaie unique… Quelle sorte d’effets autres qu’ornementaux (et mensongers) pourrait donc atteindre une entreprise prétendant démocratiser sans même faire semblant de s’attaquer au noyau dur antidémocratique de la construction ?

    • Mais qui vivra verra, n’est-ce pas, et comme on n’en est pas là, nos joyeux auteurs de Manifestes peuvent continuer de se la raconter en technicolor : changer l’Europe, c’est possible ! Ils ne seraient que drôles si, après déjà trois décennies d’« Europe sociale », ils ne venaient ensabler la gauche pour un tour de manège supplémentaire cette fois d’« Europe démocratique »...

      À moins qu’entre temps, justement, le tsunami… Même Jean-Claude Trichet, qui avait à peu près le sens politique d’une bordure de trottoir, s’inquiétait en 2011 que s’il fallait sauver les banques à nouveau, les gens cette fois prendraient les fourches. L’étonnant étant qu’ils ne les aient pas prises à l’époque déjà. Au point où en sont venues les choses depuis, et « gilets jaunes » aidant, il y a en effet de bonnes chances qu’au deuxième épisode elles sortent des râteliers. Pour le coup ce serait bien là le moyen, peut-être le seul, de donner réalité à l’idée : changer l’Europe, c’est possible !