La préparation de cette opération s’inscrit dans un contexte financier critique pour EDF. Entre 2019 et 2025, la moitié des 58 réacteurs nucléaires français atteindra l’âge de 40 ans. Pour continuer à fonctionner, ils devront être rénovés et mis aux normes post-Fukushima. Évaluation du coût de ce « grand carénage », environ 55 milliards d’euros d’ici à 2025 selon EDF, 100 milliards d’euros d’ici à 2030 selon le rapport 2016 de la Cour des comptes. À ces coûts s’ajoutent ceux du chantier de l’EPR de Flamanville, qui atteignent aujourd’hui près de 12 milliards d’euros au lieu des 3 prévus, et ceux de l’EPR d’Hinkley Point, en Grande-Bretagne.
L’opération « grand carénage » coûtera 45 milliards d’euros, selon EDF.
Actuellement, EDF n’a pas les moyens de faire face à toutes ces dépenses. Fin 2018, son endettement financier net s’élevait à 33,4 milliards d’euros, pour un bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (EBITDA) de 15,3 milliards d’euros. « La dette brute, un chiffre qu’on ne peut pas trafiquer, s’élève à 69 milliards d’euros, précise Alix Mazounie, de Greenpeace. Et EDF a vendu tous les bijoux de famille qu’il pouvait sans arriver à l’éponger, seulement à la stabiliser. Le free cash flow [flux de trésorerie disponible, qui sert à l’entreprise à mettre en place de nouveaux investissements, à verser les dividendes et à réduire les dettes] a été négatif onze années d’affilée, jusqu’en 2018. Si EDF ne s’est pas retrouvé en faillite chronique, c’est grâce au soutien de l’État. Ce dernier a déjà recapitalisé l’entreprise en 2017 ; mais selon les règles européennes, ce renflouement ne peut pas se faire sans une restructuration. »