Tradfem

La collective TRADFEM est née en 2013 autour de plusieurs projets de traductions, en particulier le texte d’Andrea Dworkin « Je veux une trêve de 24 heures durant laquelle il n’y aura pas de viol ». Ce texte a été travaillé par un petit groupe de gens qui ont alors souhaité prolonger cette collaboration. Celle-ci s’est ensuite étendue avec l’arrivée de nouvelles personnes. Aujourd’hui (2016), la collective rassemble une dizaine de membres, qui ne sont pas nécessairement des professionnel.le.s de la traduction et qui s’y investissent selon leurs possibilités respectives. TRADFEM est mixte avec des personnes vivant en France, au Québec, en Espagne et en Allemagne.

  • #Kathy_Mandigo (médecine) : Comment j’ai desservi ma clientèle transgenre (repoduit dans l’anthologie Female Erasure )
    http://tradfem.wordpress.com/2019/06/12/comment-jai-desservi-ma-clientele-trangenre

    En faisant mes cartons pour un déménagement, je suis tombée sur un paquet de documents liés à mon travail. Parmi eux se trouvait une carte que j’avais oubliée. Aussitôt ouverte, je me suis souvenue de quoi il s’agissait et de qui me l’avait expédiée. C’était une carte de remerciements d’une de mes patientes transgenres, une lesbienne qui avait « transitionné » en homme, exprimant sa gratitude pour mon aide dans son cheminement pour devenir l’homme qu’elle* ressentait être.

    (*Avant, j’utilisais les pronoms personnels choisis par mes patients ; désormais j’utilise celui qui convient à leur identité biologique)

    J’ai reçu cette patiente dans une clinique pour jeunes (moins de 26 ans) ; elle venait fréquemment accompagnée de sa compagne. Elle avait été déjà vue, évaluée et avait amorcé son traitement à la « Gender Dysphoria Clinic » (clinique de la dysphorie du genre) qui se tenait à l’époque dans un hôpital local. Je n’étais l’initiatrice d’aucun traitement, mais administrais simplement les injections de testostérone qui lui avaient été prescrites.

    J’ai observé ma patiente changer : elle prenait du poids et des muscles, développait une tonalité de voix plus grave et de la pilosité faciale ; elle décrivait également une augmentation du désir sexuel et de l’agressivité. Je me souviens m’être sentie à l’aise du fait que cette patiente paraissait très stable et confiante ; je ne me sentais pas manipulée dans nos interactions, ce qui me permettait d’effectuer ses injections en tout confort.

    J’ai vu cette patiente vers le milieu ou la fin de l’année 1990, je ne me rappelle plus exactement, et pour autant que je m’en souvienne, c’était la première patiente transgenre que je rencontrais. J’avais alors un peu moins de dix ans de pratique médicale, et on ne m’avait jamais rien appris sur le transgenrisme en école de médecine. J’étais jeune, naïve, et j’avais foi en la science. Or il n’y existait pas de corpus scientifique au sujet des enjeux transgenre, qu’étais-je censée faire ?

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : http://radfemrepost.wordpress.com/2015/08/11/kathy2
    #transgenrisme #féminisme #misogynie #sexe_biologique

    • Ce projet pilote ne dura pas longtemps, car il y venait peu de patients hormis cette poignée de patients transgenres mécontents. Peut-être était-ce parce que la clinique ouvrait les lundis après-midi ? Les patients plus équilibrés travaillaient probablement et ne pouvaient pas se rendre à la clinique. Ou bien était-ce parce que la majorité des patients queer arrivaient déjà facilement se procurer les soins qu’ils voulaient ? Quoiqu’il en fût, ces questions n’ont jamais été évoquées afin d’établir s’il s’agissait d’un manque d’accessibilité ou de besoin.

      Au cours des années suivantes et jusqu’à récemment, je n’ai pas vu beaucoup de patients transgenres, et la plupart d’entre eux figuraient surtout parmi la population de malades mentaux et de toxicomanes de notre ville.

      Un jour, une patiente se présenta à mon cabinet privé, une lesbienne qui effectuait une transition vers la masculinité, sous l’égide d’un quelconque spécialiste du genre. (La « Gender Dysphoria Clinic » avait fermé, pour des raisons qui me sont restées inconnues. Je crois que c’est arrivé sous le prétexte rhétorique que tous les médecins doivent prodiguer ce type de soins plutôt que de les reléguer à une clinique spécialisée, mais il y avait sans doute d’autres enjeux politiques. Fait perturbant, la clinique de genre qui l’a remplacée a ouvert dans les locaux de l’hôpital provincial pour enfants.)

      Cette personne est donc venue à mon cabinet en me disant avoir appris que j’étais une excellente doctoresse et que j’étais spécialisée dans les questions de transgenrisme.

      J’ai immédiatement senti qu’on me manipulait avec un énorme cirage de pompes : j’ai dit que ce n’était pas le cas, je n’étais ni une excellente doctoresse, ni spécialiste des problèmes transgenres. J’étais sur la défensive. J’avais l’impression que cette patiente me percevait comme une gouine1, bien que je n’aie rien divulgué ; après de nombreuses visites, cette patiente continuait de m’approcher en copine, avec une attitude démesurément amicale de connivence entre gouines, entre camarades butch, comme si elle oubliait qu’elle se voyait au masculin.

      _____________

      1 N.d.t. : Dyke (slang) : lesbienne d’apparence masculine au sens péjoratif.

      Sans être trans, j’aimerais pas allé consulté chez cette Kathy Mandigo. Elle me fait pensé à un·e gyneco anti-IVG, qui donnerait des consultations au planning familiale.

      #violence_médicale #validisme #toxicophobie #moralisme #transphobie

    • J’ai l’impression que c’est un choix d’écriture, pour neutraliser l’effet « médecin bienveillant » qui laisserait planer des préssuposés. Comme ça, on peut se faire une idée plus factuelle. Mais bon, j’ai forcément des apprioris sur les médecins cools envers les parcours trans.

    • J’en doute sévèrement @sandburg , c’est pas comme si la médecine avait de présupposés bienveillants envers les femmes, les lesbiennes et les trans et je ne croie pas que la #malveillance_médicale que pratique cette médecine, puisse avoir des effets positifs dans le parcours de qui que ce soit, trans, cis ou autres. Car elle ne fait pas que « neutraliser l’effet médecin bienveillant » (qui serait plutot un effet « médecin·es complaisant·es » car la bienveillance dans les soins n’a pas besoin d’être neutralisé), elle montre qu’elle est hostile, agressive, tout en allant chercher ses patient·es (puisqu’elle donne ses consultations en centre spécialisé c’est qu’elle cherche patriculièrement une clientèle trans et donc pour les déservir) et elle porte énormément de jugements de valeur sur les patient·es qui viennent la consulté. Elle les traite de déséquilibrés.

      Les patients plus équilibrés travaillaient probablement et ne pouvaient pas se rendre à la clinique.

      Rien dans ce qu’elle rapporte de ses consultations ne montre une volonté de dialogue ou d’ouverture ni le moindre intérêt pour ces gens et ce qu’illes traversent.

      Si j’allais chez le·a médecin·e, et qu’en plus je choisissait un centre spécialisé trans et queer, je ne voudrais pas de médecine sur la défensive et qui me dise qu’elle « n’étais ni une excellente doctoresse, ni spécialiste des problèmes transgenres. » !! ca serait franchement le malaise et je partirais de la consultation avec encore plus de phobie médicale et de défaut de soins qu’avant d’avoir vu cette Kathy Mandigo malfaisante. Quant elle ajoute «  J’étais sur la défensive. J’avais l’impression que cette patiente me percevait comme une gouine », je voie pas ou est le problème à être perçu comme homosexuelle ou à ce qu’un·e patient·e cherche à atténué son malaise par la familiarité et ici, la traduction atténue le mot choisi car elle ne dit pas « gouine » mais « dyke » qui est une injure lesbophobe. Que cette doctoresse soit lesbienne ne rendrait pas cette injure plus appropriée dans ce texte et contexte.

      Ca m’arrive d’être d’accord avec certains textes traduits par tradfem, mais là franchement cette Kathy Mandigo avec sa pratique de la #nuisance_médicale , je trouve qu’elle crains.