• Quand les coeurs des rois de France ont servi à faire de la peinture
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    « Intérieur d’une cuisine » tableau de Martin Drolling dont le glacis aurait été réalisé à partir de mummie, substance ici à base de cœurs de souverains

    16 octobre 1793. Pendant des heures, les révolutionnaires vident littéralement les tombeaux royaux dans l’immense basilique de Saint Denis qui les abrite depuis plus de 1000 ans.

    Ils feront de même dans certaines églises et au Val de Grâce. On cherche de l’or et on veut détruire ces monarques et ces nobles qu’on déteste désormais. Parmi les émeutiers qui vident les tombes, certains cherchent les cœurs des reines et des rois de France. Pas pour en faire des reliques mais pour les vendre, les vendre une fortune aux peintres.

    Parce que d’un cœur on peut fabriquer la fameuse mummie ou terre de momie. Une sorte de pâte qui donne une brillance dont les peintres disent qu’elle n’a pas son pareil. Un brun à la fois profond et brillant. Pour certains peintres du XVIIIe siècle, la mummie s’obtient soit en pulvérisant une momie, d’où son nom, soit en écrasant un cœur. On peut le faire avec un cœur de lapin, mais le mieux c’est un cœur humain, pas malades, ou bien le top du top : un cœur royal.

    Du coup, deux peintres ne se font pas priver pour acheter les cœurs trouvés lors du sac de Saint Denis. Il y a Pau de Saint Martin et Martin Drolling. Originaire d’Alsace, où il est né en 1752, Drolling se porte acquéreur des cœurs de Anne d’Autriche, de Marie Thérèse d’Espagne, des reines de France. Du régent aussi. Il les débite en petits morceaux, avant de les écraser et d’en faire de la peinture. Ce qui fait que si vous voyez un jour « Intérieur d’une cuisine » au Louvre, ou « Le marchand forain », ou encore « La maîtresse d’école » vous saurez que tout ce qui est brun, vient de cœurs royaux.

    De même pour les œuvres de Pau de Saint Martin, qui a été plus économe que Drolling puisqu’il n’a pas utilisé la totalité des cœurs de Louis XIII et Louis XIV. Il a peint une très belle vue de Caen avec avant de les restituer à Louis XVIII en lui montrant qu’il n’avait pris qu’un petit bout et que de toutes façons pour Louis XIV il en restait pas mal puisque le cœur du roi soleil était fort gros. Louis XVIII a été reconnaissant, il a offert une tabatière en or au peintre pour le remercier.

    Martin Drolling (1752–1817)
    Le Marchand forain
    musée de la Chartreuse de Douai

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Drolling

    http://www.artnet.fr/artistes/alexandre-pau-de-saint-martin