• Assurance chômage : le remède choc du docteur Macron - Le Parisien
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    Des mesures-chocs sur un sujet hautement sensible. Après des mois de travail et alors que le chômage a rarement été aussi bas dans notre pays, ce mardi, l’exécutif a enfin dévoilé son plan pour réformer en profondeur les règles de l’assurance chômage. Destinée à faire baisser le chômage, mais aussi à économiser 3,4 milliards d’euros en trois ans sur les comptes de l’Unedic, la première grande réforme sociale, avant celle des retraites, de l’acte II du quinquennat, suscite, à peine née, de vives réactions et de toutes parts.

    La potion est jugée amère tant par le patronat que par les syndicats, qui avaient en mars à trouver eux-mêmes un accord sur ce chantier de la réforme de l’assurance-chômage. Le patron des patrons Geoffroy Roux de Bézieux fustige des mesures « inefficaces » qui renvoient à une « vision punitive » de l’économie quand Laurent Berger, le n°1 de la CFDT, vilipende des dispositions « profondément injustes et extrêmement dures ».

    Le changement des règles d’accès à l’indemnisation est la mesure principale de la réforme de l’assurance chômage qui pourrait entrer en vigueur dès l’automne. Aujourd’hui, il faut avoir travaillé au moins quatre mois sur les 28 écoulés pour pouvoir toucher le chômage. Demain, il sera nécessaire d’avoir travaillé six mois sur les deux dernières années. Si la durée d’indemnisation ne changera pas – 24 mois et 36 pour les plus de 55 ans, à elle seule, cette mesure fera automatiquement baisser le nombre de personnes indemnisées et générera 2,85 milliards d’économie.
    600 000 à 700 000 personnes concernées

    Deuxième grand changement : la dégressivité de l’allocation-chômage sera instaurée pour les cadres. Les demandeurs d’emploi qui gagnaient plus de 4500 euros brut par mois verront en effet leur indemnisation réduite de 30 % à partir du septième mois de recherche d’emploi. Enfin, le gouvernement manie la « carotte et le bâton » avec le système du bonus-malus sur les contrats courts mis en oeuvre dès 1er janvier 2020 dans sept secteurs d’activité.

    Dans le même temps, l’idée est d’ouvrir le système d’indemnisation pour les démissionnaires, sous condition de projet de reconversion ou de création d’entreprise. Idée chère à Emmanuel Macron, les indépendants bénéficieront eux aussi d’une allocation forfaitaire de 800 euros par mois pendant six mois.

    Pour mener à bien ce programme choc, qui touchera directement entre 600 000 et 700 000 personnes, le gouvernement a prévu une contrepartie : 1000 nouveaux postes seront crées à Pôle emploi pour renforcer l’accompagnement sur mesure des chômeurs les plus en difficulté.
    Une réforme qui ravive la colère ?

    Malgré tout, le gouvernement tape dur. « L’exécutif s’était fixé une logique budgétaire très strict et il l’a suivi, décrypte Mathieu Plane à l’OFCE. La réforme comprend une mesure symbolique. Avec la dégressivité de l’allocation pour les cadres, notre système assurantiel, qui consiste à dire Tu touches à hauteur de ce que tu as contribué est désormais révolu. Cela qui laisse désormais présager un système à deux-vitesses », poursuit l’économiste.

    Tandis que le gouvernement se remet à peine de nombreux mois de crise des Gilets jaunes, cette réforme ne risque-t-elle pas de faire plonger Macron dans les sondages ? « Il doit faire attention, met en garde Luc Rouban, politologue au CNRS et auteur d’un ouvrage sur le macronisme*, car il s’en prend cette fois-ci au noyau dur de son électorat. À la présidentielle de 2017, les cadres ont été 32% à avoir voté pour lui. Ils étaient 34% lors des élections européennes de mai. Sans projet social très clair, sans réponses concrètes pour les Gilets jaunes, il risque de continuer à décevoir les Français, très attachés au service public ».