• Rachat de terres. La fin du rêve chinois ? - Économie - LeTelegramme.fr
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    En mars dernier, la coopérative française Sodiaal avait dû reprendre l’usine construite par le chinois Synutra, à Carhaix.
    Photo Aero Plass/DR

    C’est un coup d’arrêt aux investissements chinois dans les campagnes françaises. Le géant Reward, connu pour s’être emparé de terres céréalières dans l’Indre et dans l’Allier, vient de faire faillite. Après la déconfiture de Synutra, notamment à Carhaix, c’est un nouveau signe de la fin du rêve chinois.

    Le milliardaire Hu Keqin, PDG du conglomérat Reward se voyait déjà en roi de la baguette en Chine. Mais son groupe a fait faillite, montrant la fragilité de certains investisseurs chinois. L’affaire avait fait grand bruit quand un mystérieux chinois avait racheté 1 700 hectares dans l’Indre il y a cinq ans, puis 900 hectares dans l’Allier trois ans plus tard. Était-ce le début d’une conquête du grenier à grains français ? Les pires inquiétudes circulaient, comme souvent lorsqu’il s’agit d’investissements chinois. Mais finalement rien de tout cela ne s’est produit. Car Reward (« Luowa » en chinois), spécialisé à l’origine dans le lait maternisé et les produits d’entretien, a été mis en faillite le 13 mai.

    En janvier, l’agence de notation financière Fitch avait déjà tiré la sonnette d’alarme, expliquant que Reward avait été dans l’incapacité de s’acquitter d’une dette de 300 millions de yuans (38 millions d’euros) début décembre, alors qu’il assurait disposer fin septembre de… 4,15 milliards en numéraire (530 M€).

    Et Hu Keqin, qui annonçait il y a un an environ, vouloir ouvrir 1 500 boulangeries en Chine en cinq ans, approvisionnées en farine française, n’a finalement ouvert que trois boutiques « Chez Blandine » à Pékin. Et elles ont déjà fermé, d’après Dianping.com, principal site de référencement de commerces et services.

    « Il y a un réel attrait pour la France parce que les produits sont bons, jouissent d’une bonne image. Ils veulent les importer en Chine mais sans doute vont-ils trop vite pour se faire une part de ce marché très concurrentiel », analyse Jean-Marc Chaumet, agro-économiste et spécialiste de la Chine à l’Institut de l’élevage.
    Avant Reward, il y avait eu le fiasco du lait. Synutra, numéro trois de la nutrition infantile en Chine, avait retiré tous ses pions l’an dernier, plongeant dans les difficultés ses partenaires, le groupe coopératif normand Les Maîtres laitiers du Cotentin et la coopérative bretonne Sodiaal, qui a dû reprendre le site construit par le chinois à Carhaix (Finistère).