• La cryptomnésie sociale
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    Il est possible de définir la cryptomnésie sociale par une double composante. D’un coté il y a une sorte « d’oubli » de l’origine minoritaire d’une idée. D’un autre côté, cet oubli justifie que les gens continuent à déprécier cette minorité. Ainsi, des personnes peuvent accepter les droits qui prescrivent l’égalité des sexes tout en dépréciant (voire, en rejetant) les mouvements féministes même si ces mouvements ont historiquement réussi à faire le consensus autour de l’idée de l’égalité des sexes et qu’ils sont à l’origine des changements dans la société qui vont dans ce sens. Pour illustrer cet aspect, nous avons fait une petite étude (Vernet & Butera, 2003) où la moitié des participantes devait donner leur degré d’accord envers l’affirmation suivante : « l’égalité entre les femmes et les hommes est un progrès de justice sociale ». L’autre moitié des participantes avait la même affirmation, mais avec un rappel du groupe qui en était à l’origine. La phrase que les participantes devaient alors évaluer était donc dans ce cas « Comme le disent les mouvements féministes, l’égalité entre les femmes et les hommes est un progrès de justice sociale ». L’affirmation reste donc la même. Cependant, le premier groupe (sans rappel de la minorité) évalue l’affirmation beaucoup plus favorablement que le deuxième groupe (avec le rappel). On accepte donc le message tout en rejetant le groupe qui s’est battu pour ce message. C’est la cryptomnésie sociale.