• Réponse à FRAICHES : dire qu’on peut « guérir » du viol par la prostitution, c’est grave
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    Pourquoi la prostitution « soulage-t-elle » les victimes de trauma ?

    En ce mois de mai 2019, vous avez choisi de mettre en ligne une vidéo de Caroline, qui explique son parcours de reconstruction après avoir subi un terrible viol collectif. Elle y explique comment la prostitution l’a supposément « aidée à se reconstruire ». Chose sur laquelle vous insistez d’ailleurs dans votre présentation Facebook « Caroline Doléans raconte pourquoi elle est devenue escorte afin de reprendre possession de son corps ».

    Caroline, avec une sincérité désarmante, explique la manière dont elle a été amenée à la prostitution par un viol. Elle explique avoir commencé à se prostituer 2 mois après son viol, juste avant de dire que c’est arrivé « totalement par hasard ». Par hasard ?

    La rentrée en prostitution n’est évidemment en rien un hasard.

    Tout d’abord, parce que son récit montre à quel point les prédateurs savent repérer les femmes traumatisées : il a suffit qu’elle se promène devant une boite de nuit pour qu’un « client » repère sa vulnérabilité et la prenne pour cible !
    Ensuite, parce que la reconstitution des violences subies est une conséquence bien connue des expériences traumatiques. Le fait de revivre des effractions et expériences traumatiques a pour but de déclencher des hormones apaisantes dans le cerveau qui viennent pour un temps soulager les victimes. Ce phénomène a été bien expliqué par la psychiatre Muriel Salmona, spécialistes des violences sexuelles, ce que nous détaillons dans cet article.
    En bref, le besoin de soulager les angoisses pousse les victimes à des conduites dissociantes qui peuvent les mettre en grand danger, mais le soulagement que ça leur apporte est nécessaire. Ce pourquoi Caroline explique qu’elle avait « besoin » de se prostituer.
    Mais il y a beaucoup d’autres méthodes qui permettent de soulager une femme victime d’angoisses traumatiques ! A commencer par la thérapie, qui a le mérite de ne pas obliger une victime à se mettre en danger (de mort, de nouveaux traumatismes physiques et psychiques, et de maladies graves) et qui n’offre pas un terrain de chasse aux agresseurs.
    Ce que nous avons perçu dans le témoignage de Caroline, est qu’elle a vécu des symptômes traumatiques tout à fait courants et que nous sommes nombreuses à avoir vécus dans ce collectif.
    – Le sensation d’inéluctabilité de la violence et de la dégradation qu’ont de nombreuses victimes de viol « [me prostituer] était une fatalité », car l’effraction sexuelle vient engrainer l’idée que l’on n’est plus bonne qu’à une chose
    – la dissociation corporelle et émotionnelle, visible lorsqu’elle raconte à quel point « louer son corps était une formalité »
    – la prise de drogues et d’alcool, nécessaire à supporter tant les traumas du viol que ceux de la prostitution. Rappelez-nous quel autre « métier » demande à s’anesthésier pour pouvoir supporter de l’exercer ? Esther peut d’ailleurs bien vous parler de ce cercle vicieux :