• A Paris, des pigeons moins nombreux que ce que l’on pense
    https://www.liberation.fr/france/2019/07/28/a-paris-des-pigeons-moins-nombreux-que-ce-que-l-on-pense_1741768

    L’association AERHO a dénombré 23 000 de ces volatiles mal-aimés dans la capitale, bien en-deçà des estimations avancées auparavant. Face aux nuisances, parfois incontestables, elle préconise des solutions bienveillantes.


    Parfois surnommés « rats volants », nos synanthropes les pigeons (1) ne sont pas si nombreux qu’on pourrait le croire à Paris. C’est la conclusion de l’association AERHO (Association espaces de rencontres entre les hommes et les oiseaux), qui a été chargée par la ville de mener une recension des Columbia livia (leur petit nom latin) de la capitale. De novembre 2016 à mai 2017, celle-ci a ainsi dénombré 23 000 individus, ce qui constitue « pour la première fois un chiffre fiable », affirme-t-elle. C’est bien moins que plusieurs estimations précédentes, notamment celle du site pigeons-controle.fr, qui estimait en 2012 qu’« entre 80 000 et 100 000 individus » nichaient à Paris. Pour mener son recensement, AERHO a « zoné » dans les 1 300 sites identifiés de la capitale, explique à Libération son président, Didier Lapostre : « On a fait des comptages avec des appâtages – en utilisant des graines – et sans appâtage. » Selon lui, 80% de ces sites sont des lieux de nourrissage, c’est-à-dire des endroits où de bonnes âmes distribuent quotidiennement de la nourriture aux pigeons. Les autres sont des « sites d’habitat », qui sont parfois des sites de nourrissage également – tant qu’à faire, autant loger au plus près du distributeur de graines.

    De ce comptage, Didier Lapostre conclut : « Il n’y a pas de surpopulation à Paris, mais il y a des nuisances avérées. » C’est parfois le cas à proximité des lieux de nourrissage justement, comme à Beaubourg où se joue une intense bataille entre des riverains et l’homme qui vient chaque jour devant le centre Pompidou faire une distribution ameutant des centaines d’oiseaux. Face à cette situation un peu extrême, l’association ne peut rien conseiller d’autre qu’un dialogue entre personnes sensées. Mais dans d’autres cas, elle suggère par exemple de « sanctuariser des endroits choisis par les pigeons eux-mêmes, ce qui permet de les gérer ». Par exemple, sous les ponts. Elle propose aussi de ne pas interdire de nourrir les pigeons au pied des pigeonniers, ou encore d’installer des vasques en hauteur pour que les nourrisseurs puissent y déposer la pitance des columbidés. « Ces gens-là, on peut les critiquer, mais ils se sont donné une mission, on ne peut pas les empêcher de nourrir les animaux », constate de toute manière Didier Lapostre. L’association a présenté ses conclusions à la mairie de Paris fin juin lors d’une réunion. Celle-ci dit à Libération « travailler » sur le dossier avant une délibération (dont le contenu n’est pas encore communiqué) fin septembre au Conseil de Paris.

    A l’appui de sa volonté d’apaiser les esprits, AERHO a également commandé un sondage à l’Ifop, selon lequel 63% des Parisiens interrogés ont l’impression d’une stabilisation ou d’une baisse du nombre de pigeons. De fait, les sondés sont loin de voir ces oiseaux comme une nuisance primordiale : loin devant viennent les détritus, la pollution, les crottes de chien ou encore l’urine humaine. Ils sont également 78% à souhaiter une cohabitation pacifique en ville entre les hommes et les animaux sauvages, tout en étant 43% tout de même à ne pas s’opposer à une diminution du nombre de volatiles par leur mise à mort. Ce qui doit être relativisé : quand on leur explique qu’il existe des méthodes « éthiques » pour réduire les problèmes liés aux pigeons (des filets ou grillages pour les éloigner, des pigeonniers pour les rassembler), ils sont en fait 85% à les approuver.

    #nos_ennemis_les_bêtes