Reworld, ou le cauchemar de l’avenir du #journalisme - Par Justine Brabant | Arrêt sur images
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Les journalistes nouveaux venus chez Reworld, arrivés à Boulogne-Billancourt dans la foulée des rachats de 2013-2014 (Marie France, Be, Auto Moto, Télé magazine, Maison & Travaux) comprennent vite autre chose à propos de leurs nouveaux patrons : « Ils détestent les journalistes » assure un ancien rédacteur en chef resté en poste quatre ans. « Pour eux, un bon journaliste est un journaliste sans carte de presse, parce que la carte de presse est une source d’emmerdement monstre, ça représente trop de privilèges à leurs yeux » poursuit-il. « Ils ne veulent pas de journalistes, parce que les journalistes ont des droits » abonde un autre - celui qui s’est fait voler ses ramettes de papier -, resté quelques mois avant de « fuir » grâce à la clause de cession. « Ils nous disaient qu’on était des nantis, des ringards. »
Mais comment faire des journaux sans journalistes ? Reworld semble avoir une stratégie désormais éprouvée. Le groupe commence par vider les rédactions de leurs titulaires de carte de presse en les incitant à prendre la clause de cession - « Ils avaient fait un travail de sape tel que les jours suivant l’annonce de la reprise, 80% des journalistes sont partis avec la clause. Les derniers qui se sont cramponnés, ils ont fini par les virer sous des prétextes variés » se souvient le journaliste à la ramette. Puis, les partants sont remplacés sur le web par de jeunes « chargés de contenus » (doublés de stagiaires et de pigistes) et, pour la version papier, par des sociétés extérieures à qui toute la production est confiée.