• L’intersectionnalité, ou quand écolos, féministes et antiracistes se déchirent

    Semaine après semaine, le petit monde bruyant et perturbé des militants de l’intersectionnalité semble dériver un peu plus loin dans les cascades et les rapides de la confusion, semblable à une improbable « Nef des Fous » en partance vers son inéluctable chute. (...)
    En ce contexte estival, c’est principalement la combinaison du néo-féminisme et de l’écologie qui semble poser de nombreux problèmes psychologiques aux valeureux combattants de la postmodernité agonisante. Et si le féminisme était soluble dans l’écologie ? Et si les casseurs vegans étaient pris de pudeurs de jouvencelles devant les boucheries halal ? Et si les militants gays réalisaient, ô surprise, que l’islam politique n’est pas leur ami ? Et si les féministes et les transsexuels devenaient en réalité concurrents sur le marché croissant de la discrimination positive ? Ces questions relèvent d’une intersectionnalité prise à son propre piège « minoritariste », puisqu’à flatter les egos victimaires plutôt que l’intérêt général décrété fasciste, patriarcal, occidental, colonialiste et autres billevesées, il finit bien évidemment par voir tous ces atomes de revendication s’entrechoquer dans une inévitable concurrence.

    Rappelons tout d’abord, pour bien comprendre les termes du débat, que l’intersectionnalité, telle qu’elle fut pensée au départ par l’universitaire américaine afro-féministe Kimberlé Crenshaw en 1989, n’est pas en soi un concept saugrenu.
    (...) Le problème toutefois vient de l’extension de ces notions de races et de sexes, devenues omniprésentes et obsessionnelles, et qui finissent par asphyxier et phagocyter toute forme de débat social : précisément d’ailleurs, le problème vient de la disparition des préoccupations sociales fondées sur l’analyse des différences de classes, des enjeux de pouvoir et de domination qu’elles induisent, au profit d’une vision victimaire et communautarisée, réhabilitant la notion de race et littéralement obsédée par des sentiments d’oppressions multiples, celles-ci étant multipliables à l’infini puisque le critère de base de ces théories repose sur l’indice de souffrance et donc sur le témoignage de chacun : on est toujours le dominé de quelqu’un.

    #intersectionnalité #ecolo #feminisme #vegan
    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/l-intersectionnalite-ou-quand-ecolos-feministes-et-antiracistes-se-dechiren