grrr

Mais tellement ! J’habite dans une rue au bout de laquelle il y a une école maternelle et tous les matins et tous les soirs je vois passer d’étranges attelages de parents qui tirent par la main derrière eux une progéniture qui marche comme elle peut tandis que le jeune père ou la jeune mère consultent leur téléphone de poche à tout bout de champ et je ne peux m’empêcher de penser que je suis en train d’assister à l’éducation de futurs tueurs et tueuses en série qui seront devenues telles du fait de ce manque d’attention parentale chronique. Cela me rend triste tant je me souviens que sur le même chemin de l’école, à l’aller comme au retour c’était pour moi l’occasion de beaucoup de blagues, de jeux et de tendresse avec mes enfants, joie qui me paraît tellement plus immense que tout le plaisir que l’on peut retirer de la consultation d’un téléphone de poche.

Donc désormais Google s’occupe de surveiller les bébés pour que les parents puissent ne vraiment pas cesser d’attendre des messages dont je peux déjà leur prédire la teneur : leur vie sera perpétuellement tendue dans l’attente d’un message qui leur signifiera que leur vie sera perpétuellement tendue dans l’attente d’un message qui leur signifiera que leur vie sera perpétuellement tendue dans l’attente d’un message qui leur signifiera que leur vie sera perpétuellement tendue dans l’attente d’un message qui leur signifiera que leur vie sera perpétuellement tendue dans l’attente d’un message qui leur signifiera que leur vie sera perpétuellement tendue dans l’attente d’un message ...

En fait, les sujets de l’économie numérique, ou économie de l’inattention si l’on préfère, sont dans dans une éternelle frustration d’avoir manqué quelque chose. Et j’en viens à me demander, mais ça n’a sûrement rien à voir, comment les résistants contre le nazisme pendant le deuxième conflit mondial ont pu s’organiser dans leurs luttes sans les messageries électroniques, les smartphones ou les réseaux sociaux.