• L’accueil de réfugiés « réinstallés » dans les communes rurales de #Dordogne

    La campagne serait-elle le meilleur endroit pour accueillir les réfugiés les plus vulnérables ? Dans le cadre des « réinstallations » en France — par le #HCR — de réfugiés venus de pays moins sûrs, des communes rurales se sont portées volontaires pour les accueillir. Récit en Dordogne où la volonté des bénévoles et des élus tente de compenser les manquements de l’État dans l’accompagnement de ces personnes fragilisées par les violences de la guerre ou de leur histoire migratoire.

    Quand, à l’automne 2015, Pascal Bourdeau, maire d’une petite commune de Dordogne, entend l’appel de Bernard Cazeneuve aux édiles de France pour accueillir des réfugiés (« votre mobilisation est déterminante », leur écrit-il), il n’hésite pas une seconde. La France vient de s’engager à recevoir 22 000 réfugiés « relocalisés » depuis les hotspots de Grèce et d’Italie (dont elle n’accueillera finalement que 5 030 personnes). La photo d’Alan Kurdî, enfant syrien trouvé mort sur une plage, plane encore dans les esprits. La ville de Nontron, 3 500 habitants, ouvre donc ses portes à deux familles syriennes. Deux familles soudanaises et une autre centre-africaine les rejoindront deux ans plus tard. Elles sont arrivées dans le cadre d’un programme d’évacuation d’urgence de Libye vers le Niger sous mandat du Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés, le HCR (voir notre article à ce sujet).

    « Je considère que c’est un devoir d’accueillir ces gens, déclare le maire devenu également vice-président du conseil départemental. Je suis issu d’une famille de résistants et #Nontron a accueilli des Lorrains et des Alsaciens juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale. La Dordogne est une terre d’asile : accueillir ces cinq familles allait de soi ». En 2015, Pascal Bourdeau contacte donc le préfet et prépare l’arrivée de la première famille syrienne avec son conseil municipal. Les conditions sont réunies : les écoles sont mobilisées, des navettes mises en place vers Périgueux et Angoulême (pas Limoges, l’autre grande ville de la zone). Plusieurs associations se disent prêtes à accompagner ces nouveaux venus que la guerre et la vie dans les camps a « un peu cabossés physiquement et mentalement », constate le maire de Nontron.

    Ces réfugiés ont bénéficié du programme de réinstallation du HCR, qui existe depuis longtemps et indépendamment de l’épisode des hotspots de la crise de l’accueil en Europe. La France n’avait jusqu’alors pas participé à ce programme qui permet de réinstaller dans des pays sûrs des réfugiés présents dans les camps de l’organisation humanitaire. C’est le cas au Liban, en Turquie, en Guinée, au Tchad ou encore au Niger. Cette réinstallation s’exerce selon le critère humanitaire de la plus grande vulnérabilité.

    En France, l’accueil des réfugiés passe par les territoires

    L’État français, qui pour la première fois a accepté de participer à un programme de réinstallation, délègue l’accueil de ces familles et personnes réfugiées à des associations nationales ou locales. En octobre 2017, la France annonçait l’accueil de 10 000 réfugiés d’ici octobre 2019, dont 3 000 venant du Tchad et du Niger, dans le cadre des programmes de réinstallation de migrants. Ce chiffre n’est pas encore atteint 1, mais la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (#Dihal) a mandaté pas moins de 24 opérateurs pour accompagner ces réfugiés particulièrement vulnérables sur l’ensemble du territoire.

    À Périgueux, en Dordogne, l’association Aurore s’est occupée des Syriens, tandis que France terre d’asile (FTdA) a pris en charge les Subsahariens évacués de #Libye via le #Niger. Accueillis dans un premier temps dans la #Cité_de_Clairvivre, un important établissement public médico-social à #Salagnac, ils ont été relogés ensuite dans les communes du département qui se portaient volontaires.

    Pour Claire Courtecuisse, historienne du droit à l’Université Grenoble-Alpes, la volonté politique d’installer les migrants à la campagne remonte à la fin du XIXe siècle, quand se consolide l’idée d’une communauté nationale soucieuse d’identifier les étrangers sans les mêler au reste de la population. « On pense alors que le migrant étranger s’installera de façon durable dans des campagnes, vidées par les Français, grâce aux valeurs attachées à la terre, gage de stabilité et d’ancrage ». Les forts besoins en main-d’œuvre, notamment saisonnière, permettent au secteur agricole de déroger aux lois qui protègent la main-d’œuvre nationale, comme celle du 10 août 1932 qui ne s’appliquera pas au secteur primaire.

    Sur les naturalisations, là encore, les zones rurales font exception. À la Libération, instruction est donnée par le général de Gaulle à son ministre de la Justice de « limiter strictement les naturalisations dans les villes, notamment à Paris, Marseille, Lyon, où l’afflux des étrangers n’est pas désirable », quitte à les favoriser en milieu rural. L’idée d’une répartition équitable des étrangers accueillis sur le territoire français a ressurgi avec la loi Asile et Immigration du 10 septembre 2018, qui confie à chaque préfet de région un #schéma_régional_d'accueil_des_demandeurs_d’asile_et_des_réfugiés (#SRADAR) en lien avec le schéma national.

    « Avec la politique de #répartition_territoriale, la question de l’accueil par les petites villes et les villages se pose de plus en plus », affirmait Matthieu Tardis, chercheur à l’Ifri, devant les maires de France invités à l’atelier de la Dihal sur le « Relogement des réfugiés : un enjeu pour la cohésion des territoires ». Selon le chercheur, les #territoires_ruraux sont une « terre d’asile (...), le citoyen [étant] l’accélérateur de l’intégration des réfugiés. À la fois parce qu’il les aide à s’approprier la langue, et parce qu’il peut être facteur d’insertion professionnelle ».

    Avec sa « Stratégie nationale pour l’accueil et l’intégration des personnes réfugiées », lancée en juin 2018, l’État en appelle — à nouveau — aux maires pour reloger durablement les réinstallés, réfugiés ou demandeurs d’asile présents dans les #Cada (Centres d’Accueil des demandeurs d’asile) ou #CAO (Centres d’accueil et d’orientation).

    Les premiers CAO, ouverts à la hâte à l’automne 2015 pour « mettre à l’abri » les occupants de la lande de Calais (appelée « la jungle ») et de la place Stalingrad à Paris, n’ont pas toujours été bien accueillis par les populations, se souvient Olivier Clochard, directeur de Migrinter. Installé à Poitiers, ce laboratoire héberge le programme de recherche « Campagnes françaises dans la dynamique des migrations internationales ». Camigri réunit une dizaine de géographes sur trois terrains en Aquitaine (Périgord vert, Vienne et Pyrénées ariégeoises) et s’intéresse à l’installation de nouveaux habitants dans les campagnes, qu’ils soient réfugiés, demandeurs d’asile, néo-ruraux ou agriculteurs. Pendant 5 ans (2016-2021), les chercheurs observeront les changements que ces arrivées provoquent en termes démographiques, économiques et politiques dans ces lieux peu peuplés.

    « La mise en place de dispositifs établis sans concertation inquiète les acteurs, explique Olivier Clochard, on doit entendre ces mécontentements, voire comprendre les raisons qui conduisent les personnes à ces réticences. » Le chercheur retient aussi l’expérience positive des tables rondes menées dans les communes rurales des #Deux-Sèvres : « Ces rencontres permettent de saisir une multitude d’initiatives. Écoutant les protagonistes, effectuant des enquêtes (...), j’observe que les politiques migratoires ne se font plus uniquement dans les ministères ou les préfectures aujourd’hui ; elles se construisent également dans les campagnes avec ces diverses mobilisations. »

    Le rôle important des #bénévoles

    Les bénévoles jouent un rôle central dans l’accueil des réfugiés en zone rurale. À Nontron, Brigitte, l’ancienne directrice d’école, était à la retraite l’année de l’arrivée de la première famille syrienne. « Je suis entrée en lien avec l’association prestataire. On devait rencontrer la famille ensemble, mais la personne de l’association m’a fait faux bond ; alors, je me suis débrouillée, et c’est ce que je fais depuis ! » Brigitte met en place un accompagnement scolaire. Avec les nouvelles arrivées, elle mobilise son frère, Christophe, également à la retraite, puis la femme de Christophe, Marie-Noëlle, retraitée du conseil départemental, qui garde les petits quand les parents suivent des cours de français deux fois par semaine.

    Ces réfugiés particulièrement vulnérables ont besoin de soins médicaux. Les rendez-vous se multiplient, particulièrement pour la famille soudanaise arrivée avec une petite fille handicapée qui demande beaucoup de soins et de déplacements. « J’ai fini par lancer un appel par le Collectif de transition citoyenne en Périgord vert (Gco) qui fonctionne par email, raconte Brigitte. Nous sommes aujourd’hui une trentaine de bénévoles, dont quinze très actifs, et ça marche plutôt pas mal. »

    L’installation de ces familles nombreuses bénéficie aussi aux communes. « Nos cinq familles de réfugiés nous ont apporté 20 enfants et ont sauvé nos écoles », se réjouit Erwan Carabin, l’adjoint au maire de Nontron. « Les plus jeunes ont appris le français en un temps éclair. Pour les adultes, c’est plus compliqué. » Pour raconter son histoire, Issam 2 et sa femme, des Syriens arrivés en 2018 d’un camp du HCR au Liban, demandent à leur fils Mansour, 16 ans, de traduire leurs propos.

    Issam a reçu un éclat d’obus au pied et attend la reconnaissance de son handicap par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) pour pouvoir trouver un travail adapté. Il ne peut pas se déplacer à Périgueux pour suivre les cours de français langue étrangère proposés par le Greta. L’association mandatée localement par l’État pour la prise en charge des « réinstallés » a achevé son mandat après un an pour des raisons budgétaires (c’est la norme). Les cours, et tout le reste, se sont arrêtés du jour au lendemain. « Ils devaient aller deux fois par semaine à Périgueux, explique Brigitte, c’était impossible pour lui, alors nous avons mis en place un cours localement, d’abord financé par une association périgourdine puis, quand ça s’est arrêté, grâce à une bénévole... jusqu’à ce qu’elle trouve du travail ! » Aujourd’hui, il n’y a plus d’enseignement du français pour les réfugiés à Nontron.

    La maîtrise du français est pourtant une des priorités des dispositifs mis en place par les associations prestataires de l’État. France terre d’asile finance également 200 heures de cours de français pendant sa prise en charge. Lorsque le mandat prend fin pour des raisons budgétaires, les communes doivent prendre le relais. Ce n’est pas toujours possible dans une petite ville comme Nontron.

    Dans son HLM, bercé par le chant des canaris en cage, Issam sort son téléphone pour lancer l’application qui lui permet de communiquer en français grâce à une traduction immédiate à l’écrit et à l’oral. Le résultat est plutôt satisfaisant, mais ne convient pas à toutes les situations. Pendant les rendez-vous médicaux, les réfugiés de Nontron peuvent appeler une association d’interprètes à Paris, à laquelle la mairie souscrit par tranches de 15 minutes. « On a bien un habitant qui parle arabe et accepte de venir quand on l’appelle, explique Erwan Carabin, mais on ne peut pas le solliciter tout le temps. Il faut aussi savoir ménager nos bénévoles ! »

    « On ne peut pas s’habituer
    à une souffrance, physique
    ou mentale comme ça,
    surtout quand on ne peut rien faire
    pour la soulager. »

    Marie-Noëlle, bénévole

    Entre les cours de soutien scolaire, deux fois par semaine, et l’accompagnement aux rendez-vous médicaux ou administratifs dans les grandes villes avoisinantes, Brigitte trouve le temps de monter le dossier MDPH de la petite Soudanaise de 8 ans, lourdement handicapée, afin qu’elle soit scolarisée avec des horaires aménagés. Elle a aussi repris le dossier d’Issam, ouvert par l’association prestataire qui a dû renoncer à accompagner cette famille depuis que sa salariée est en congé de longue durée. Les bénévoles ne reçoivent aucune formation et apprennent « sur le tas ». En mai dernier, Brigitte craque ; elle doit s’arrêter quelque temps. « L’histoire de ces gens est douloureuse, explique Marie-Noëlle, sa belle-sœur. Lorsque nous les accompagnons aux rendez-vous médicaux, nous entrons dans leur intimité. On ne peut pas s’habituer à une souffrance, physique ou mentale comme ça, surtout quand on ne peut rien faire pour la soulager. »

    La décision de l’État de placer ces réfugiés particulièrement vulnérables dans des zones qui souffrent de désertification médicale surprend. « Nous avons eu un problème à propos d’une famille qui avait une urgence, se souvient Pascal Bourdeau. Un médecin de Nontron a refusé de les prendre, même entre deux rendez-vous, alors qu’ils ne pouvaient pas se déplacer. Nous avons réglé le problème grâce aux bénévoles et je n’ai pas voulu polémiquer avec lui. La précarité de la médecine en milieu rural est une réalité et sa présence est une aubaine pour l’ensemble de notre communauté. »

    « On a des gens en difficulté dans notre propre population, ajoute Erwan Carabin, on ne peut pas créer de fossé entre les migrants et les autres. Il faut que l’action de la mairie soit pareille pour tous. »
    Les limites de l’installation en milieu rural

    La Dihal a évalué les relogements pour la première fois en avril 2018 à l’échelle des villes et villages de moins de 5 000 habitants. Ils sont opérés depuis 2015 pour « soulager l’effort de certains territoires par la mobilisation de logements vacants dans des territoires moins tendus ». 6 % des relogements de familles ou d’individus réfugiés ont eu lieu dans ces communes.

    Dans son évaluation, le Pôle Migrants de la Dihal fait plusieurs recommandations : ne pas envoyer à la campagne « les personnes nécessitant un suivi médical régulier ou présentant des fragilités psychologiques » ; s’assurer du consentement des réfugiés pour une installation en milieu rural ; vérifier qu’ils ont les moyens de communiquer et se déplacer par eux-mêmes pour prendre rapidement un emploi dans les filières qui recrutent. Et la Dihal de conclure à la nécessité d’un suivi régulier pour « assurer les besoins à court terme des réfugiés relogés dans les territoires ruraux ». Cependant, une fois relogés, les réfugiés ont d’autres besoins, notamment l’aide à l’emploi qui n’est pas prévue dans la mission des associations prestataires.

    L’assistante sociale du département, qui prend le relais quand l’accompagnement spécifique d’un an arrive à son terme, peut intervenir comme elle le fait pour tout autre public « fragile ». En Dordogne, il y a besoin de main-d’œuvre, notamment dans l’agriculture. Les deux pères soudanais de Nontron qui souhaitaient travailler se sont vus proposer un travail à 40 kilomètres. Faute de voiture, ils ont dû décliner.

    « Que faire sans capacité à être mobile
    et tant que les gens ne maîtrisent pas la langue ? »

    Pascal Bourdeau, maire de Nontron en Dordogne

    « On a besoin de gens pour ramasser les pommes, confirme Pascal Bourdeau, et l’économie de Nontron est florissante, notamment dans le luxe avec l’usine Hermès et le sellier CWD de l’équipe de France d’équitation. Certaines entreprises me disent qu’elles manquent de bras, mais que faire sans capacité à être mobile et tant que les gens ne maîtrisent pas la langue ? » Les réfugiés vivent pour l’instant du RSA, des aides de la Caf et de la solidarité du voisinage. « On ne peut pas dire que rien n’a été fait par l’État, reconnaît le maire de Nontron. Un comité de pilotage a été mis en place pendant un an et demi par la préfecture avec les associations prestataires et les assistantes sociales du département, mais le dispositif spécifique s’éteint parfois trop tôt. Il faudrait pouvoir le prolonger pour des cas difficiles. »

    L’intervenante sociale qui suit Aman, un jeune Érythréen désormais installé dans la banlieue de Périgueux (après plusieurs mois à la Cité de Clairvivre), sait qu’il aurait besoin d’être accompagné plus longtemps. Il attend toujours le début d’une formation d’électricien mais, comme les autres réfugiés suivis par les associations prestataires, sa maîtrise du français est très faible, insuffisante pour qu’il soit autonome après un an de prise en charge.

    « Tout cet accompagnement n’est pas assez structuré pour permettre aux réfugiés de s’intégrer », s’emporte Liliane Gonthier, maire de Boulazac, dont la commune a aussi dû accueillir des demandeurs d’asile dans un hôtel proche de la mairie. « Si on veut être une terre d’accueil, il faut une volonté politique. Quand on voit les demandeurs d’asile entassés dans le Formule 1, sans cuisine ou même frigo, ce n’est pas un accueil digne. On sait que, dans certaines communes, les migrants sont repartis vers les grandes villes, peut-être vers la jungle de Calais. Ce n’est pas une politique aboutie et ça manque d’humanité ! » « J’aurais pu continuer à accueillir des personnes », se désole Pascal Bourdeau qui ne souhaite pas recevoir plus de 5 familles dans sa commune, pourtant convaincu que « l’intégration est plus facile dans les campagnes et que les mélanges sont une richesse ». Mais il n’y a aucune coordination entre les différents acteurs institutionnels et peu ou pas de suivi. « Quand on arrive au bout du dispositif prévu par les associations prestataires, on nous laisse tomber ! »

    Certaines familles désirent déjà rejoindre les grandes villes où elles ont des proches. Si Issam, enfant de paysans en Syrie, a choisi la campagne quand le HCR au Liban lui a demandé de choisir, Aman, évacué de Libye via un camp du HCR au Niger, ne savait pas où il arriverait en France quand l’intervenante sociale de FTdA l’a accueilli à Bordeaux.

    « Les territoires ruraux peuvent être des laboratoires de dispositifs innovants en matière d’accueil. »

    Olivier Clochard, directeur de Migrinter

    Comment relever les défis d’une installation dans des petites communes, volontaires mais impuissantes à retenir ces familles et surtout ces hommes en âge de travailler ?

    « Si les lois sont faites principalement par des sédentaires, et des sédentaires qui ne connaissent pas toujours les spécificités de ces territoires ruraux, regrette Olivier Clochard, il me semble important de s’intéresser aux questions politiques relatives à la circulation, voire à l’accueil des personnes dans ces communes rurales — quel que soit le niveau : institutionnel, associatif voire informel — car dans certains cas, elles peuvent être vues à bien des égards comme des laboratoires de dispositifs innovants, rompant avec cette petite musique lancinante des discours présentant généralement l’immigration comme un problème... »

    http://icmigrations.fr/2019/08/30/defacto-11
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