• Philosophies de l’histoire contemporaines.

    1. Collapsologie et transhumanisme

    Serge Champeau

    (…)

    « La collapsologie est l’un de ces discours philosophiques sur
    l’histoire, dont on pourrait dire qu’ils sont à la fois de basse
    intensité (au sens où ils sont dépourvus du raffinement conceptuel
    dont faisaient preuve les grandes philosophies de l’histoire du passé,
    celles de Kant, Hegel, Comte ou Marx) et de haute efficacité (comme en témoignent la diffusion rapide et la popularité des thèses des
    collapsologues en France, ou des transhumanistes aux États-Unis ou
    encore, partout dans le monde, le succès médiatique des ouvrages
    néoprogressistes de Pinker ou de Harari).
    (…)

    Les spécialistes n’auront évidemment pas de peine à repérer le
    détournement et l’exploitation dont ces savoirs scientifiques font
    l’objet (le concept de système complexe, par exemple, outrageusement simplifié, est réduit à l’idée selon laquelle plus un système est complexe, plus il est fragile). En réalité, ce ne sont pas des savoirs scientifiques qui sous-tendent cette philosophie de l’histoire, mais le postulat naïf d’un déterminisme global (contre lequel, faut-il le rappeler, nos sciences se sont construites), qui permet aux auteurs d’assimiler les phénomènes les plus divers (crise de l’énergie, crise financière, terrorisme, pandémies, etc.) en les rapportant à une cause unique : « le système » qui, parce que global, est complexe, et parce que complexe est voué à l’effondrement (« un immense effet domino que personne ne maîtrise »).

    https://www.telos-eu.com/fr/philosophies-de-lhistoire-contemporaines-1-collaps.html