ValK.

@val_k : photos ~ @karacole : fils de luttes & infos ~ @kolavalk : bijoux, talismans et oripaux

  • En ce jour de manifestation nationale contre les féminicides, j’apporte mon témoignage suite à l’article d’une victime d’agressions et son questionnement sur la présence d’agresseurs dans des milieux militants émancipateurs et le peu de considérations et prise au sérieux des problèmes politiques que ça implique.

    Article initial : Dénonciation de mon agresseur qui milite toujours [TW/TC : Viol]
    https://nantes.indymedia.org/articles/46678

    Mon commentaire (qui doit être en cours de validation) :

    Puisque plusieurs femmes ont le courage de témoigner publiquement à visage découvert, je vais donc aussi le faire.

    Je ne validerai ni ne réfuterai quoi que ce soit de ce récit que je n’ai pas vécu, mais la lecture de ce témoignage a fait remonter une vague de souvenirs violents et anxiogènes. Et j’ai tout de suite compris de qui il s’agissait, nul besoin de le nommer. Mon inconscient a dû chercher à me protéger car j’avais vu le titre passer plusieurs fois sans cliquer sur le lien, mais sa ré-apparition aujourd’hui par un autre biais sur un réseau social a bousculé mon envie de savoir...

    Je ne validerai ni ne réfuterai quoi que ce soit, car ce qui est raconté dans le témoignage est un vécu intime et du ressenti, des impressions aussi, et je ne peux ni certifier qu’ils sont vrais, ni certifier qu’ils sont faux, mais ce dont je peux certifier c’est le caractère violent et la difficulté de se contrôler de X., et ce que je veux appuyer, c’est l’importance de la finalité curative de la démarche : empêcher tout comportement dominant et oppressif dans nos luttes. Seule notre vigilance collective à ce que certains comportements ne soient pas admis pourra aider à éviter d’avoir de nouvelles victimes et changer le comportement des dominants. Seule notre attention à respecter une parole de victime pour ce qu’elle est, une personne en souffrance, nous permettra d’avancer dans le but de toute lutte, il me semble : s’émanciper des mauvais schémas et mieux vivre ensemble.

    J’ai rencontré X. virtuellement. Il avait monté, seul disait-il, une page facebook de soutien à la zad où il résidait. Au début tout fonctionnait bien, nous sommes arrivé-e-s à plusieurs pour aider virtuellement, fort-e-s de notre expérience de communication sur les réseaux sociaux pour la zad NDDL, avec quelques bases de fonctionnement qu’on a essayé d’impulser, tout en faisant attention à la volonté des personnes sur place censées être représentées par X. On était en demande de comptes-rendus mais X. proposait surtout de la vidéo. Heureusement des blogs autonomes d’info se sont mis en place, comme pour NDDL.

    Sauf qu’au bout d’un moment ça a commencé à fritter : notre base idéale était de tenter de ne pas filer de matière première à facebook et cie, conscient-e-s que ça participait trop à nourrir le capitalisme. De faire attention aux sources vers lesquelles on renvoyait aussi, axer au maximum sur les blogs locaux, les automedias, les medias libres, quelques mainstream quand ils faisaient un bon taf, mais refuser totalement les sources conspis, confus, d’extrême droite, etc. Nous avions dû intervenir une fois au sujet d’une publication sur la page personnelle de X., la source était super grave et lui ne voulait rien entendre.

    Nous essayions aussi, dans la mesure du possible, de faire des publications avec l’accord d’au moins une autre personne au moins dans les premiers temps, d’éviter de sur-publier d’un seul coup donc de programmer des choses à l’avance en dehors des urgences, de tenir compte de ces saletés d’algorithmes qui étaient déjà bien relous, de mettre en place des outils de gestion collective, de faire du décryptage-débunkage des mensonges publiées par les les pro-barrage etc. Il y avait même un pad (page virtuelle collective) pour rassembler les pratiques possibles, les sources et pistes de réflexions et de régulières propositions de transmissions de savoirs. Bosser en équipe, virtuellement, c’est très compliqué ! Il faut faire infiniment attention aux formulations pour ne pas blesser, régulièrement relancer les envies quand la fatigue ou le ras-le-bol se pointent, tenter de verbaliser les moments de saturation en faisant attention à ne pas trop en demander aux autres... C’est un véritable apprentissage collectif ! Mais nos réflexions et tentatives communes était régulièrement foutues en l’air par les initiatives de X. qui publiait ce qu’il voulait, comme il voulait, quand il voulait seul dans son coin : vidéos brutes avec des visages non floutés, bavardages avec les flics, et plein d’autres trucs super gênants sans la moindre explication, le moindre texte contextualisant, ni la moindre concertation. A chaque demande de régulation il avait la même réaction : soit l’absence, soit la fuite en avant dans des arguments d’autorité : « c’est ma page », « je fais ce que je veux », « c’est dans l’urgence », « je suis illettré donc ce n’est pas de ma faute ». L’illettrisme a été son argument le plus récurant et le plus efficace. A d’autres moments il envoyait sa copine au charbon à sa place et elle a plusieurs fois pris sa défense, d’où la note d’intro qu’elle fait sur le floutage, d’ailleurs.

    Sauf qu’à force de désaccords, d’explications et de tentatives de conciliations traitées par le dédain puis des engueulades, ça commençait à montrer un visage de X. non pas au service de la lutte et aux prises avec ses nécessités, mais bien plus un schéma autoritaire sans l’aval de quelque groupe représentatif que ce soit sur place. Pire, certains n’en pouvaient plus sur place non plus et les engueulades devenaient fréquentes. A force, X. a été obligé, parfois par l’intimidation, de baisser un peu sa caméra et cesser d’afficher tout le monde.

    Au bout d’un moment alors que les choses étaient de plus en plus tendues sur place (les paysans locaux avaient formé des milices, pour rappel) et après avoir croisé les avis de plusieurs personnes sur place et / ou qui géraient la page, nous avons mis en place un pad où nous avons « convoqué » X. afin qu’il réponde à certaines demandes et s’engage à être plus réglo sur le fonctionnement COLLECTIF qu’on souhaitait. On lui proposait de l’aide, des pistes de solution. Nous avions déjà eut des échos de « comportements violents » sur place mais nous mettions ça sous le coup de l’urgence et la lutte tendue, les difficultés liées à son passé, donc nous n’en parlions pas dans le texte, on avait même veillé à être le moins dans le reproche possible. Pour autant nous avions déjà commencé à nous questionner et rassembler des infos entre meufs, sur ses tendances virilistes et ses embrouilles inquiétantes avec les meufs, avec sa copine, tendances virilistes inculquées d’après lui par son passage à l’armée dont il ne se remettait pas. Je n’ai pas été surprise car j’avais abordé ce sujet avec lui dès notre première conversation téléphonique suite à une réflexion qu’il avait faite sur les meufs, lui expliquant que tout comportement ou propos sexiste ne passerait pas du tout en ma présence. Après un « oui mais les meufs elles sont dures aussi », il m’avait expliqué que de toute façon il ne saurait être violent avec les femmes étant lui même un enfant de la violence et ayant été lui aussi abusé. Soit.

    Le texte collectif comportait un ultimatum : s’il décidait de passer outre notre demande de gérer la page en commun, il serait exclu temporairement de la page, le temps qu’il essaye, à minima, les outils qu’on avait mis en place. Mais il a refusé encore une fois, a prétexté que son illettrisme l’empêchait de comprendre, et malgré une proposition de passer par un autre support que l’écrit, il a fait comme si de rien n’était en continuant en solo. Il a donc fallu appliquer ce dont nous l’avions menacé : l’exclure temporairement.

    Cette décision a été violente à prendre, la plupart des autres hommes qui géraient la page étaient au mieux passif ou se disaient alliés sur notre ressenti mais « le comprenaient aussi » tout en espérant ne pas avoir à intervenir, et au pire, pour l’un d’entre eux, dans l’incompréhension totale de ce que nous évoquions désormais ouvertement vu les réponses et le fonctionnement de X., à savoir un virilisme dominant et égo-centré qui mettait en danger toute la zad par une personnification trop forte sur « Ze Automedia Déclaré » qu’il devenait. Il venait d’y avoir coup sur coup deux longs articles entièrement sur lui et son passé de « bidasse boulanger devenu zadiste » dans je ne sais plus quel médias, c’était de plus en plus flagrant.

    X. a pété un câble d’avoir été viré des admins de la page. Il a téléphoné partout où il a pu, il hurlait sur les femmes et négociait avec les hommes, refusant d’entendre que c’était temporaire. La différence de fonctionnement selon le sexe de l’interlocuteur-ice était flagrante. Sur la zad aussi, nous a-t-on dit, il était dans une colère noire et disait être victime d’un coup monté contre lui pour l’empêcher de témoigner. Il a tenté même de suggérer la piste des flics infiltrés contre lui mais ça ne pouvait pas tenir comme argument : la page était trop solide (certaines autres personnes de l’équipe étaient sur zone, par intermittence). Comme nous avions pressenti le danger d’un pétage de plomb avec son caractère explosif, je me pensais un peu protégée par par la distance et par le fait d’avoir écrit ce texte et pris cette décision collectivement, vraiment collectivement (ça a été assez relou et fastidieux pour que je m’en rappelle). Il m’a téléphoné, comme tou-te-s les autres, il a hurlé, pleuré, il voulait absolument savoir QUI avait fait ça, voulait le nom d’une personne en particulier, persuadé que c’était forcément une femme, et même si effectivement nous étions plutôt des femmes à la verbalisation des problèmes qu’il posait et du sens politique à pointer dans ses abus, même si j’avais pas mal « organisé » le mode de fonctionnement de ce processus pour qu’il soit le plus horizontal possible, il refusait de croire à une réflexion collective : c’était forcément personnel, une attaque ou une vengeance contre Sa Personne.

    Vu la violence de l’appel, vu un début de harcèlement téléphonique qui se mettait en place (j’ai déjà eut plusieurs fois à faire à ça, je décèle très vite quand ça bascule), j’avais éteins mon téléphone préventivement les premières 24h.
    Il a tout tenté pendant les premiers jours : appels des différentes personnes, chantage, négociation par l’affect en appelant à une sorte de solidarité masculine, etc. Personnellement, j’ai refusé totalement de l’entendre à nouveau au téléphone tant qu’il ne se serait pas calmé. Il y a eut une nouvelle discussion collective, plus ardue vu sa pression, et nous avons fini par décider de le virer définitivement, contrairement à ce que prévoyait initialement la démarche. Cette décision n’était pas unanime mais il n’y avait pas non plus d’opposition, certains garçons le vivaient pas trop bien, mais une des admins était tellement choquée par l’attitude violente de X. qu’elle se mettait en retrait de la page, quand à moi, j’allais pas très fort non plus et ne me voyais pas recommencer encore et encore ces confrontations ou devoir céder par lassitude...

    Mon expérience avec X. aurait dû s’arrêter là. Mais d’autres histoires de violences ont été rapportées, une dénonciation publique aussi, que je croyais avoir vu passer à l’époque sur indymedia mais je n’ai pas retrouvé. Je me rappelle, mais je ne saurai préciser à quel moment précisément, que sa compagne du moment qui témoigne ici avait énormément pris sa défense. C’est sans doute ce qui m’a fait me décider à témoigner : la personne qui publie ce témoignage avait les mêmes argument que la personne qui commente en se présentant comme l’actuelle compagne de X., ç’en est flippant de similitudes. L’autre aspect très marquant et questionnant, c’est le schéma : X. se présente comme un môme qui a été abusé et victimes de violences, c’est son argument principal de défense, et je ne remets absolument pas ça en doute. Mais les femmes avec qui il relationne « amoureusement » sont elles aussi des victimes. Et ce schéma est trop systématique pour ne pas questionner : on sait pertinemment dans quelles spirales infernales peuvent s’enfermer des victimes : elles vont vers ce qu’elle (re)connaissent, parce que même si elles y croient, elle n’arrivent pas à se sentir à l’aise dans d’autres schémas relationnels tant qu’elles n’ont pas totalement cicatrisé. Parce que déconstruire les « habitudes » de violence et domination, c’est compliqué et douloureux.

    J’ai recroisé X. plus tard. J’allais à une rencontre de médias libres sur la zad NDDL. Je n’étais absolument pas préparée à le voir. Au début, ne l’ayant jamais rencontré dans la « vraie vie », je n’ai pas fait attention à lui. Il y a eut une sorte d’AG, avec un tour de présentations, où on disait qui on était et ce qu’on venait faire là. Et je me rappelle comme si c’était hier de l’image, comme une photo indélébile, de ces deux personnes, un homme et une femme, qui se sont présentées de la mouvance « non-violente ». Je ne me rappelle plus trop leurs paroles mais je me doute qu’une fois encore c’était un mélange de bonne volonté et de déni des autres violences, de ce qu’induisait comme violence l’injonction à être tou-te-s « pacifistes ». Et là un mec est intervenu, soudainement, les a interrompu, et a gueulé contre leur présence, comme quoi ils n’avaient rien à foutre là, etc. Ce qui ma super choquée, c’est pas tant ce qu’il disait, certains passages étaient même plutôt justes, ni les décibels qu’il employait, non, ce qui m’a choquée c’est que tout son corps, toute son expression, n’étaient tournées QUE vers la femme. A aucun moment il s’est adressé à l’homme, dans tout ce qu’il a reproché. J’étais vraiment pas loin d’eux et j’ai flippé, et je sais pas pourquoi mais je me suis posé la question de savoir si c’était lui, p’t’être parce que j’ai entendu un prénom ? Des gens l’ont calmé, lui ont demandé de respecter le tour de parole, ça a été compliqué, mais moi j’étais tétanisée, je me sentais en danger. D’une réunion « amicale », on avait basculé dans un champs de bataille auquel je ne m’étais pas préparée, et cette tétanisation, je la connais trop bien pour ne pas en tenir compte. Je me suis donc rapidement renseignée sur qui il était et ça a été le choc. Un pote était étonné par ma réaction, me disant que X. était sur la zad régulièrement, depuis un moment. J’ai demandé où il était posé, et le pote m’a dit que c’était là où lui même vivait : à la Grée, et que certes X. avait une grande gueule mais que ça se passait bien.
    J’aime bien mon pote, il est doux et compréhensif et il a tendance a écouter tout le monde, ce qui est une qualité assez rare, mais là, je ne pouvais pas supporter. Je lui ai dit que je ne pouvais pas rester, que j’allais partir, que je ne viendrai pas à la Grée quand X. y serait, que désormais je prendrais mes précautions en appelant avant et qu’il fallait absolument me prévenir si X. était là. J’avoue que ça a pas mal abîmé ma confiance en ce lieu, je sais c’est dommage, mais c’est comme ça. J’ai prévenu d’autres personnes, en évitant de tomber dans un « c’est lui ou moi » et on a fini par trouver un compromis de fonctionnement qui consistait à ce que je ne donne pas mon identité ni mon « statut » (ce qui induisait donc que je n’allais pas être libre de parler), que je ne me retrouverai pas dans un groupe de travail avec X. et que s’il montait le ton où quoi que ce soit de tendu, des personnes seraient vigilantes pour le canaliser.
    Soit. Je prends sur moi, le cœur encore très rapide, et reste à la rencontre.
    On commence un cercle de travail autour des infos sur internet. X. n’est pas là, je suis plus à l’aise, je mets même des visages sur des pseudos, c’est chouette de se rencontre IRL comme on dit, mais avant qu’arrive mon tour de parole, X. se pointe et s’assied.
    Panique.
    Mes yeux cherchent des supports, je sais que plusieurs potes ne comprennent pas mon refus de l’affronter, je dégage une image de femme forte, beaucoup trop je crois, mais personne ne peut comprendre comment ton corps et ta volonté se tétanisent face à une personne que ton instinct « reconnait » comme bourreau potentiel. Non ça n’est pas rationnel. Et rien à part le soutien de proches, ne peut t’aider à rationaliser. Je me referme donc, et passe en mode automatique. C’est à dire que je n’ai quasiment pas de souvenirs de la suite. Je sais que j’ai dû faire part d’expériences et de questionnements puisque j’avais pris des notes pour le faire, je crois même qu’à un moment on s’est « confrontés », car j’ai dû soulever les problèmes que posaient certaines attitudes non régulées, du fait de ne pas flouter des visages et de publier dans l’urgence, et je crois me rappeler qu’il a tiqué, qu’il s’est plaint aussi d’être mal accueilli par des personnes qui ne le connaissaient pas ... sauf que si, je le connaissais, nous étions plusieurs à le connaitre, je crois même que je le lui ai dit sans rentrer dans les détails mais en signifiant clairement que je n’accepterai pas de basculer dans un truc interpersonnel ni aucun débordement de sa part.
    J’me rappelle même pas comment ça s’est terminé, cette journée : toute mon énergie était concentrée sur le fait de me canaliser et « jouer le rôle » de la meuf qui va bien et n’a pas de problème. Et ça bouffe toute l’énergie cette saleté de rôle.

    Ces deux moments m’ont beaucoup marqués car ils posent concrètement un problème de fond qu’on aborde trop peu : comment fait-on pour se passer de la police, des menottes, de la taule, comment fait-on pour aider des victimes, comment fait-on pour aider, aussi, des potentiels « bourreaux » à ne pas franchir le cap, à comprendre ce qui les pousse à utiliser la violence viriliste pour dominer les autres ? Comment fait-on pour que ces personnes se sentent suffisamment « à l’aise » pour ne pas avoir à en arriver à écraser d’autres personnes ? Et c’est là qu’on a clairement « besoin » de mecs alliés, j’veux dire par besoin qu’il faut que ce soient de vrais alliés, hein, pas des faux qui font mine et attendent juste que la meuf « se calme », non : des mecs qui sont conscients qu’en face d’eux un type parle radicalement différemment en fonction du sexe affiché de son interlocuteur-ice, que le type à tendance mascu ne pourra comprendre qu’un langage dominant/dominé car c’est le seul schéma qu’il connaisse, et qu’il faut donc refuser qu’il ne s’adresse qu’à des hommes et qu’il se régule pour avoir le même comportement avec les différentes identités de genres, qu’il faut absolument le faire redescendre de ce besoin irrépressible d’être le chef de meute... Des mecs qui soient conscients que leurs copines, que la femme à côté d’eux, est passée en mode automatique ou est beaucoup trop « sûre que tout va bien » alors qu’elle fuit visiblement la présence de quelqu’un. Etc.

    Il me semble qu’il y a eut plein de moyens, dans les moments d’échanges que j’ai pu avoir avec d’autres, qui n’ont pas été pris au sérieux, mais il me semble aussi que le fait qu’au moins une ou deux personnes s’en soient emparé-e-s a quand même un peu changé la donne : renvoyer à une personne le problème politique que posent les moments où ce qu’elle met en place peut servir de base de dérive comme le fait d’être centrale « à la lutte », d’être indispensable, d’être toujours la personne à qui il est fait référence, d’exiger que personne ne fasse la moindre critique sur ce qu’on fait, de ne pas écouter les critiques ou les prendre / les présenter comme des attaques, semer la confusion entre remise en question voire opinion différente et « ennemi », etc. Pointer tout ça non pas en excluant mais en mettant une personne face à ses propres contradictions, c’est déjà semer des graines, et si ce n’est pas pour elle, c’est des « armes » pour tou-te-s. C’est super important.

    Et ici, estimer qu’une personne qui témoigne d’abus de confiance et qui présente une relation un temps acceptée comme finalement des viols, c’est quelque chose de suffisamment grave et douloureux pour l’écouter, ça me semble primordial. Car comme dit plus haut, c’est hélas souvent bien plus les « victimes » qui souffrent des conséquences d’un témoignage que les « bourreaux » surtout quand ils se présentent comme eux-mêmes victimes...

    En vrai nous sommes tou-te-s confronté-e-s à ces remises en question un jour ou l’autre, des déconstructions des rôles sociétaux de dominance pré-établis à comprendre et intégrer, comme des ouvertures de portes bien plus que comme des enfermements, quand ont veut réellement s’impliquer dans les luttes sociales ou écologiques, mais émancipatrices. Nous devons tou-te-s veiller à ne pas être indispensables, à ne pas prendre trop de place, à ne pas pouvoir être présenté-e-s comme leader. Si un jour on nous présente comme ça, c’est qu’il y a un très gros problème et qu’il est temps de partir pour que d’autres prennent notre place et apprennent.

    J’arrête là, il y aurait bien des choses à dire encore mais je crois que les outils d’aide existent, déjà, le hic est que bien peu de mecs ont les gonades de s’en emparer !

    #violences_masculines #masculinisme #virilisme #domination #violences_faites_aux_femmes

    • On voit d’ailleurs très bien qu’il ne contient pas sa colère et sa violence lorsqu’il s’adresse à une femme dans cette très longue vidéo qui sonne creux du début à la fin.

      Le moment où il s’adresse à Armelle est très révélateur, tout au long de la vidéo il reste relativement calme et joue bien la comédie avec des non-arguments pitoyables mais qui hélas fonctionnent assez bien sur son public peu regardant, peu conscientisé, endoctriné ou incapable d’esprit critique.

      Sa comédie, on la voit par exemple lorsqu’il nous parle des violences qu’il aurait subies.. soit, quelle est le rapport avec la choucroute ? En quoi cela le déculpabiliserait d’avoir violer et tabasser une meuf pendant deux ans ? Ce n’est juste pas un argument, seulement de l’enfumage, une diversion classique, un appel à la miséricorde sous la forme d’une inversion des rôle, c’est de la rhétorique à raz les pâquerettes. Si il s’égare dans ces longues explications futiles et hors sujet c’est parce qu’il n’a strictement RIEN à avancer.

      Bref, il nous joue sa comédie du gentil mec posé tout au long de sa vidéo inutilement longue (et ça aussi c’est révélateur) et Bim (!) soudainement le masque tombe lorsqu’il parle à Armelle - en diffamant tranquillement d’ailleurs, il est condamnable pour ce qu’il avance à charge d’elle sans preuve - là, brusquement, son ton change complètement, le contraste est très net et son authentique nature violente ressurgit.

      C’est quelqu’un qui ne se maîtrise pas et se sent en danger face aux femmes qu’il met pourtant lui même en danger, il a peur et ne compte que sur sa violence, son intimidation pour garder le contrôle, continuer de dominer, d’écraser, de piloter.

      Je pense que ce type est profondément seul, que les gens qui le soutiennent ne le font que parce qu’il les domine, les menace et les manipule, mais que le soutien dont il jouit actuellement est très superficiel, ténu, fragile et particulièrement limité, qu’il ne tient qu’à très peu de choses en réalité puisque les gens ne font que le croire ou le subir, et je pense que ce soutien peut facilement s’effondrer à tout moment, brusquement, rapidement et totalement, et que c’est d’ailleurs l’une de ses pires craintes.

      Voir son influence s’effondrer signifie qu’il ne parviendrait plus à maintenir les illusions qu’il a mis en place pour masquer sa monstruosité. Son besoin de pouvoir, de dominer lui permet d’accéder à une pseudo-identité, une couverture occultant sa nature profonde, son incapacité à contenir sa violence.