ARNO*

Geek dilettante habitant une belle et grande propriété sur la Côte d’améthyste

  • Je continue à penser qu’à chaque fois qu’un politicien ou un commentateur se lance dans un commentaire sur l’islam, il suffit de mettre « juif » à la place de « musulman » pour se rendre compte, immédiatement, que toutes les digues morales ont déjà sauté depuis longtemps, et que ces discours sont rigoureusement indéfendables.

    Prenez Yves Thréard et son bus… Dans le débat « Kippa : le gouvernement est-il ambigu ? » (80e débat télévisé sur la place du judaïsme dans la République de la semaine), le gars te balancerait « Il m’est arrivé, en France, de prendre le bus ou un bateau où il y avait quelqu’un avec une kippa, et je suis descendu. » Le journaliste demande à préciser le vocabulaire : « une simple kipa, pas le grand chapeau ? ». L’autre explique : « Oui, mais avec tout l’habillement, la chemise blanche et les tsitsit qui allaient avec. »

    Et de poursuivre (parce que sinon on n’a plus le droit de rien dire) : « Ces problèmes-là on va les traîner combien de temps ? », hein, parce qu’« On se fait grignoter » avec tous ces « Ghettos enjuivés ». Parce que tous ces juifs et tous ces idiots-utiles du complot juif, qui se prennent pour des victimes, là, ça va bien : « L’antijudaïsme, ça n’existe pas. » Et Yves de se lancer dans cette magnifique thèse : « Je déteste la religion juive […] On a le droit de détester une religion, on a tout à fait le droit de le dire. »

    Je te le mets une des nombreuses sources des citations de l’islamophobe décomplexé :
    https://www.lesinrocks.com/2019/10/15/actualite/medias-actualite/je-deteste-la-religion-musulmane-yves-threard-du-figaro-en-roue-libre-su

    Et comme tu le sais : ça a été à l’avenant sur toutes les chaînes, au parlement, dans les instances régionales, pendant deux semaines. Juste parce que le Monde a décidé que désormais Macron, il fallait qu’il assure sur les « sujets régaliens ».

    • Je lis Maus avec mon gamin. Et il découvre combien toutes ces brimades d’alors faisaient système (brimades et au-delà évidemment). Et encore, finalement, Maus, c’est un point de vue très particulier, singulier. Mais quand même. Un point de vue large. Il me demandait « pourquoi le choix des souris » ? Et une citation odieuse d’un idéologue abject de l’époque a répondu a sa question.

      On se rapproche en terme d’abjection de ce qui nous faisait doucement sourire quand on était jeune, en pensant que c’était tellement caricaturale, qu’on ne pourrait plus jamais atteindre un tel niveau... Et finalement. On n’en est pas encore à dire que les musulmans sont des rats puants. Mais. Pour le reste... :-/

    • Communiqué de l’UJFP
      « À y regarder de plus près, nos concitoyen.ne.s de religion ou de culture musulmane ne sont pas les seul.e.s que Zemmour insulte. Ce genre de comparaison vulgaire et haineuse participe d’une relativisation de la violence antisémite constitutive de l’idéologie nazie, et par là même des soubassements de la destruction des JuifVEs d’Europe, ce qui relève sans équivoque du négationnisme le plus crasse. Cette phrase, et plus encore son acceptation enthousiaste, est l’illustration manifeste que l’islamophobie et l’antisémitisme sont les revers d’une même pièce, et que toutes les formes de racisme font système, rendant illusoire la prétention de lutter contre l’une sans s’attaquer à toutes les autres. »

    • A l’heure où on devrait trouver des solutions ensemble pour arrêter la natalité, pour stopper net les émissions de gaz à effet de serre, pour supprimer les inégalités... à l’heure ou chaque être humain devrait passer son temps libre à planter des arbres pour tenter d’absorber les excès de CO2 produits depuis 2 siècles… à l’heure ou tout notre génie devrait être consacré au cycle de l’hydrogène… A l’heure où nous devons choisir entre appuyer sur la pédale de frein ou se prendre un mur en pleine poire, ces débats sur l’islamophobie me paraissent un peu ridicules et déplacés…

    • Ces débats « sur l’islam », voulais-tu dire ?

      Parce que ces débats « sur l’islamophobie », on voit mal ce qu’il y a de déplacer à en parler sachant que les victimes se font agresser, ne trouve pas de boulot, de logement, se font humilier partout… (ce qui serait déplacé, ça serait de trouver déplacer de parler de cette incroyable violence sans retenue - comme le montre parfaitement Arno* en remplaçant par « juif » - en étant soi-même blanc, bien nourri, avec un travail, un logement…)

    • Non, je confirme, ilslamophobie (vs provoc). Il y a tellement plus d’autres sujets plus importants à traiter. Même si c’est important de parler des souffrances des minorités maltraitées (ou vues comme telles), quand on aura plus d’eau à boire ni d’air à respirer on sera bien TOUS dans la merde. Les femmes, les gays, les arabes, les français, les mongols... on doit tous plancher sur des solutions ENSEMBLE sans se préoccuper individuellement de nos petites gueules.

    • Les femmes, les gays, les arabes, les français, les mongols... on doit tous plancher sur des solutions ENSEMBLE

      Merci pour elles et eux, mais... toutes celles et ceux que tu énumères sont déjà en première ligne des catastrophes que tu vois poindre à l’horizon et qu’elles et ils se prennent déjà, majoritairement, dans la gueule. Elles et ils n’attendent pas que ça déboule sur le dernier pré carré pour se mobiliser.

      Le « débat » dont les islamophobes saturent l’espace public, c’est, comme déjà évoqué par ailleurs, un moyen de désigner ici et maintenant les surnuméraires dont ils souhaitent se débarrasser à terme pour, justement, ne pas avoir à assumer les conséquences de cette catastrophe.

      quand [...] on sera bien TOUS dans la merde

      Ça me fait bien marrer. Ce n’est que lorsque la perspective devient totale qu’il faut trouver des raisons de se mobiliser ? L’universalisme abstrait, c’est toujours un point de vue particulier (et privilégié)...

    • La maison brûle... on fait quoi ? On éteint l’incendie ? Ou on discute pour savoir qui sera brûlé en premier, ou si ça fait plus mal se de faire brûler le mollet ou la cuisse. Je sais pas vous, mais pour moi la cause des minorités passe après la cause de la globalité.

    • Oui, mais concrètement là, imagine, tu vois des musulmans se faire bruler vifs. Tu fais quoi ? Tu regardes ailleurs et tu fais un sit-in sur le périph’ pour réclamer qu’on fabrique des éoliennes ?

      C’est comme les nanas dans les partis d’extrême-gauche... elles râlent parce qu’elles se font traiter comme des objets, et t’as le militant à qui on ne la fait pas qui leur explique que bon, elles font chier avec leur point de vue bourgeois, la priorité c’est la lutte contre le capitalisme.

      #troll

    • En fait, le même raisonnement va s’appliquer assez immédiatement contre lui-même : si on considère qu’il est impossible de survivre à la crise climatique dans le cadre du capitalisme, alors on peut tout aussi bien prétendre que la lutte pour le climat est subordonnée à la sortie du capitalisme, et c’est à cela que Cym devrait se consacrer exclusivement, au lieu de perdre son temps a planter des arbres. Et houla-hup, Barbatruc.

      Rions un peu : on peut légitimement soutenir que le capitalisme ne survit que par l’exploitation des mains d’œuvres racisées et par la prédation de ressources de pays habités par des populations commodément racisées elles aussi. Et que donc le racisme est indispensable à la survie du système capitaliste. Et donc pour sauver le climat il faut d’abord faire s’effondrer la capitalisme, lequel repose sur un racisme systémiques. Ergo, l’antiracisme est la priorité qui devrait nous occuper prioritairement.

      Je te fais pas le topo sur le patriarcat, le virilisme, l’exploitation du travail des femmes, comme fondement du capitalisme (avant même que ce capitalisme exige le racisme pour sa survie), sinon tu risquerais de considérer que le féminisme est la lutte prioritaire et exclusive...

    • Je reviens avec ma citation. Le capitalisme est bien mal en point pour une nouvelle fois n’avoir comme derniers gardiens les mêmes dégueulasses que la fois précédente. Et s’en est inquiétant. Donc. Et on se pince. Et on se demande quand on va se rendre compte de la filiation. Quand on va les virer de leurs tribunes.

      Mickey Mouse est l’idéal le plus lamentable qui ait jamais vu le jour... De saines intuitions incitent tous les jeunes gens indépendants et toute la jeunesse respectable à penser que cette vermine dégoutante et couverte de saletés, le plus grand porteur de bactéries du monde animal, ne peut être le type animal idéal... Finissons en avec la tyrannie que les Juifs exercent sur le peuple ! A bas Mickey Mouse ! Portez la croix gammée !

      Article de journal allemand du milieu des années 30

      J’évoquais les bus, que certains journalistes quittent désormais, quand ils sont mal fréquentés. Et j’ai pensé à Rosa Parks. De quelques côtés qu’on prenne leurs éructations, les références sont nauséabondes et il est déconcertant que certains milliardaires mettent publiquement toute leur influence pour les soutenir.