• Temps noir, temps blanc
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    Elasticité du temps

    Je ne sais pas si vous avez déjà subi une agression, mais on peut s’accorder à dire que dans ces moments là, le temps est élastique. Il s’allonge ou se raccourcit en fonction de qui on est dans l’action : l’agresseur vit un temps très court tandis que la victime vit un temps à rallonge, dont elle aimerait bien s’extraire. Le temps est donc une donnée élastique, subjective et pas du tout absolue. Un objet qui se meut différemment et qui ne porte pas les mêmes conséquences selon l’angle qu’on lui porte.

    C’est un paramètre important, ce temps là. Il conditionne en effet des choses indispensables : la prise de recul, la maturité, la réflexion, la sagesse. Et puis il joue aussi sur la décision, la prise de parti, et même l’action. Il est presque un tiers, inextricable, des équations de rapport de classes et/ou de races, ou même d’interactions individuelles. Le sens du timing, pour prendre un exemple, est ainsi une qualité, tant dans le milieu du travail que dans celui de la séduction. Le temps est gravement important, autant donc que son élasticité.

    Dans les rapports de races et ses luttes, le temps ne déroge pas à sa propre règle de condition omniprésente et élastique. Il est là-encore partie prenante de ce qui se passe. Il déclenche des choses (réactions, actions, sensations, émotions) et joue sur les équilibres (individuels, collectifs, sociétaux). Et parfois, souvent, quasiment tout le temps à vrai dire, son élasticité coûte d’avantage qu’elle ne rapporte. Pourquoi ? Parce que les rapports de races ne sont pas sains, et ne l’ont jamais été. Tout puissant qu’il est, le temps lui-même n’est qu’un paramètre exhausteur de ce qui se passe dans ce contexte terrible. Au racisme systémique qui régit notre société, le temps et son élasticité sont des alliés fidèles, qu’il convient de remettre en question.