• La diabolisation permanente | Jean-Luc Mélenchon
    A propos de la marche contre l’islamophobie du 10 novembre

    https://melenchon.fr/2019/11/07/la-diabolisation-permanente

    L’exemple le plus grossier nous a été donné à propos de l’appel pour dire « stop à l’islamophobie ». Un mot suffirait à refuser son soutien à des millions de gens au moment où leur persécution morale, psychologique et physique va jusqu’à un attentat devant une mosquée. J’ai beaucoup réfléchi avant de signer ce texte. D’autres des députés insoumis avaient signé quasi instantanément. J’ai vu qu’en dehors de cette initiative, dont nous avons été saisi par Arié Halimi de la LDH, il n’y avait rien. Aucune initiative, aucune proposition. Aucun geste. Notez : si je n’avais pas posé la question devant l’Assemblée nationale il n’y aurait eu aucun écho de cet attentat avant le huitième orateur de cette séance.

    Pas un mot du président de l’Assemblée. Le président de la République n’a pas été à la mosquée, ni saluer les familles des victimes. Comment comprendre un tel niveau de dédain et d’insensibilité ? Comment comprendre un tel de refus d’assumer les devoirs de sa charge au service de l’unité du pays et du régime laïque de notre nation ? Et combien parmi nos nouveaux censeurs n’ont pas eu un mot de protestation quand dix députés insoumis en écharpe ont été expulsé par la « ligue de défense juive » de la marche contre l’assassinat de Mireille Knoll. À présent ils postillonnent d’indignation parce que tel ou tel signataire disqualifierait le message du texte signé.

    Pour ma part je signe un texte pour ce qu’il y a dans le texte et pas en raison de ceux dont je découvre ensuite qu’ils l’ont également signé. Sinon je n’aurai jamais signé de texte dans le passé avec Bernard Henri Levy ni avec le CRIF car nous sommes en désaccord sur à peu près tout ce qui a mon avis défini la France comme une République indépendante. Mais il faut savoir faire bloc quand l’essentiel est en jeu. Et l’essentiel est en jeu dans ce pays en ce moment à cause des apprentis sorciers qui veulent spéculer sur la haine des musulmans ou la stigmatisation permanente à leur égard. À mesure que les heures passent, j’observe qu’en partant d’un désaccord sur un mot certains refusent en réalité aux musulmans le droit d’être défendus par des gens qui ne sont pas musulmans et qui veulent faire cesser l’ambiance actuelle contre eux. Ce qui est en cause, c’est l’unité des Français, croyants ou non. Ce qui est en cause, c’est l’autorité des défenseurs intransigeants de la laïcité que nous sommes : nous devons donner la preuve que nous défendons tout le monde et la liberté de tous les cultes. Même quand ce n’est pas nous qui écrivons les textes avec nos mots.