• (3) Violences policières : le gouvernement maintient la ligne dure - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2019/11/14/violences-policieres-le-gouvernement-maintient-la-ligne-dure_1763471

    Selon le document interne que « Libé » a consulté, le ministère s’apprête à entériner ses méthodes de maintien de l’ordre, malgré les drames observés depuis un an de manifestations de gilets jaunes.

    A rebours de la tradition française de maintien de l’ordre, la nouvelle doctrine rédigée par le ministère insiste sur la nécessité d’aller au contact des manifestants pour disperser et interpeller. Depuis plusieurs décennies, la tenue à distance de la foule était pourtant vantée comme un principe fondamental pour éviter un drame. Notamment depuis 1986 et le décès de Malik Oussekine, frappé à mort par des « voltigeurs », ces policiers circulant à moto au milieu de la foule, armés d’une matraque. La question de l’usage des armes et celle des nombreux blessés n’est par ailleurs pas abordée. Enfin, rien n’est prévu pour durcir le contrôle et la traçabilité de l’emploi de la force, alors que de nombreuses enquêtes ont été classées sans suite, faute d’avoir pu identifier les auteurs des violences alléguées.

    Depuis plusieurs mois, seules trois journées de travail ont formellement été organisées. Lors de la dernière, le 7 novembre, Reporters sans frontières, Amnesty International, la Ligue des droits de l’homme (LDH) et des médecins ophtalmologistes ont finalement été reçus. « Il aurait été souhaitable que l’on soit de l’autre côté de la table, associés à l’élaboration et à la discussion : les concertations ne nous paraissaient pas à la hauteur des enjeux », estime Michel Tubiana, ex-président de la LDH, contacté par Libération.

    Pour le commandant d’une compagnie républicaine de sécurité (CRS) interrogé par Libération, cette volonté d’aller le plus vite possible au contact des manifestants est « un changement de pied historique » : « J’ai peur qu’il y ait des gens tués dans les prochaines opérations de maintien de l’ordre, d’un côté ou de l’autre. C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de mort jusque-là, car plus on va au contact, plus le risque d’accident grave est élevé. Tôt ou tard, on va être confronté soit à des policiers à moto coincés dans une rue et lynchés au milieu de la foule, soit à un nouveau Malik Oussekine. »

    La Place Beauvau ne prévoit même pas, pour l’heure, d’encadrer plus strictement les tirs.
    Un contenu « pas arrêté »

    L’Intérieur ne semble pas non plus très préoccupé par l’accumulation d’enquêtes judiciaires classée sans suite, faute d’identification des policiers ou gendarmes responsables des tirs ou des coups. « Quand vous faites face à une horde de barbares, entre guillemets, et que des policiers sont tous habillés de noir ou de bleu avec des cagoules ignifugées en dessous pour parer les brûlures, l’identification n’est pas évidente. Surtout quand il y a des tirs simultanés de LBD », constatait la patronne de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), Brigitte Jullien, dans une interview publiée en août par Libération.

    « Entre guillemets » on peut dire des salauderies. Rappelons qu’a été tuée une dame à sa fenêtre et blessé·es grièvement des passant·es et des mineur·es. « Barbares », oui...

    La principale évolution dans la gestion des manifestations est une éventuelle refonte des sommations des forces de l’ordre en indiquant plus clairement que des armes vont être utilisées.

    Après consultation, remise en cause et recherche des solutions les plus acceptables par toutes les parties, on décide de ne rien changer ou presque aux #violences_policières et à ce maintien de l’ordre que plus personne ne nous envie.