Tradfem

La collective TRADFEM est née en 2013 autour de plusieurs projets de traductions, en particulier le texte d’Andrea Dworkin « Je veux une trêve de 24 heures durant laquelle il n’y aura pas de viol ». Ce texte a été travaillé par un petit groupe de gens qui ont alors souhaité prolonger cette collaboration. Celle-ci s’est ensuite étendue avec l’arrivée de nouvelles personnes. Aujourd’hui (2016), la collective rassemble une dizaine de membres, qui ne sont pas nécessairement des professionnel.le.s de la traduction et qui s’y investissent selon leurs possibilités respectives. TRADFEM est mixte avec des personnes vivant en France, au Québec, en Espagne et en Allemagne.

  • #Debbie_Cameron : Nous devons parler du viol.
    https://tradfem.wordpress.com/2019/11/26/debbie-cameron-nous-devons-parler-du-viol

    Par exemple, les enseignants qui avaient abusé de leur position d’autorité ont été très souvent considérés “comme ayant eu des relations sexuelles” avec les élèves adolescentes qu’ils avaient sollicitées ; parfois on disait qu’ils avaient eu “une liaison” ou “une aventure”. Le langage, en d’autres termes, était issu du registre généralement utilisé pour parler de sexe ou de relation amoureuse entre deux adultes consentants – même quand le professeur était un prédateur en série, agressant des élèves n’ayant pas plus de 13 ans, et cela même dans des articles après qu’il ait été condamné.

    Pourquoi les comptes-rendus des cas concernant des enfants sont-il si frileux quant à l’usage des termes “viol”, “agression” ou “abus” ? Je me suis alors vraiment demandée si ce n’était pas parce qu’il s’agissait vraiment d’accusations de viol dans la plupart de ces cas (les atteintes contre les mineur.es sont désignées différemment, par exemple comme “relations sexuelles avec enfant”). Mais à la réflexion j’ai conclu que l’accusation n’était pas l’enjeu : l’évitement était plus en rapport avec deux autres facteurs.

    L’un d’eux est la réticence à utiliser des mots impliquant la violence dans des cas où l’agresseur a usé de manipulation psychologique et affective plutôt qu’à de force ou de menaces. C’est ainsi que beaucoup d’agresseurs d’enfants opèrent. Dans une émission télévisée récente au cours de laquelle j’ai entendu parler du cas de Larry Nassar, entraineur sportif qui a abusé des centaines de filles pendant une vingtaine d’années, la journaliste Lindsey Smith (qui avec sa collègue Kate Wells a fait un reportage pour la radio publique du Michigan, et a poursuivi avec des récits des survivantes, dans le podcast primé “Believed” [“On vous croit”]), a expliqué que les raisons principales de l’impunité prolongée de Nassar était sa capacité a gagner la confiance à la fois de ses victimes, de leurs parents et de leurs entraineurs.

    Traduction : Annick B. (et Yeun L-Y) de Tradfem
    Version originale : https://debuk.wordpress.com/2019/10/25/we-need-to-talk-about-rape
    #viol #violences_masculines #pédophile #justice #mobilisations_féministes