Ils se sont exprimés à plus de 98 % en faveur de l’indépendance. L’ex-premier ministre irlandais Bertie Ahern, président de la Commission référendaire de Bougainville, a annoncé, mercredi 11 décembre, que 176 928 électeurs de l’île, l’une des plus grandes des îles Salomon, avaient voté massivement pour quitter le giron de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, un pas majeur vers la création d’un nouvel Etat de 300 000 habitants.
A New York, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a salué « l’organisation réussie du référendum » et félicité les autorités et tous les électeurs « pour leur dévouement et la conduite pacifique du processus ». Il a appelé toutes les parties à s’assurer que la suite sera « inclusive et constructive », précise son communiqué.
Ce vote historique, dont les résultats définitifs seront annoncés le 20 décembre, doit permettre de tourner définitivement la page d’une décennie de conflit armé qui a fait quelque 20 000 morts – soit 10 % de la population – avant le cessez-le-feu de 1998.
Pourtant, c’est après le référendum que les choses vont se compliquer : le résultat du référendum étant non contraignant, le parlement de Papouasie-Nouvelle-Guinée doit en ratifier le résultat. Puka Temu, le ministre papouasien chargé des affaires de Bougainville, a déclaré que le premier ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, James Marape, ferait une déclaration dans les prochains jours sur la voie à suivre et a demandé que les électeurs de Bougainville « laissent suffisamment de temps au reste de la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour absorber ce résultat ».
Avant le référendum, James Marape s’est dit personnellement favorable à ce que Bougainville reste une province et certains élus de la Papouasie-Nouvelle-Guinée se sont vigoureusement opposés à l’indépendance, redoutant un effet de contagion dans un pays divisé entre plusieurs provinces (Papouasie, Hautes Terres, Momaes et Iles), avec plusieurs centaines de groupes ethniques et autant de langues.
De son côté, le président du gouvernement autonome de Bougainville, John Momis, a déclaré qu’il pensait que James Marape était « intelligent (…) et prêt à écouter ».