• Le pouvoir

    D’habitude, les victimes retrouvent le silence aussi vite qu’elles ont tenté d’en sortir. Les médias les ignorent, le public les méprisent, la justice s’empresse de classer leur plainte sans suite. Une traînée de poudre et puis s’en va. Ainsi, les enquêtes pour viol et agressions sexuelles visant Gérard Depardieu, Luc Besson, Philippe Caubère (pour le milieu du cinéma), Gérald Darmanin, Nicolas Hulot (pour le milieu politique) et tant d’autres ont toutes été classées, « faute de preuves ».

    Faute de preuves, ou par complicité désabusée avec des hommes qui représentent un certain pouvoir ?

    Je me suis rendu compte que les violences sexuelles, si elles avaient évidemment un lien étroit avec le système patriarcal, avaient moins à voir avec les hommes et les femmes qu’avec le pouvoir.

    C’est le pouvoir de la victime qui déterminera si elle sera entendue, et c’est le pouvoir de l’agresseur qui déterminera s’il sera collectivement absous. L’agresseur pouvant justement agresser parce qu’il exerce un pouvoir (hiérarchique, financier, émotionnel…) sur la victime, et les hommes étant généralement les détenteurs du pouvoir, on voit vite ce que ce cercle peut avoir de vicieux.

    Mais cette fois-ci, voilà que les rôles s’inversent.

    Le pouvoir du silence

    Qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi se range t-on cette fois-ci du côté de la victime (ce qui est, entendons-nous bien, on ne peut plus normal) et pas du côté de l’agresseur ?

    Tout simplement : le pouvoir.

    Pour la première fois la victime est plus visible, plus forte, plus influente socialement que son agresseur. Personne ne sait qui est Christophe Ruggia, tandis qu’Adèle Haenel est une actrice reconnue.

    Son pouvoir est un totem : il lui confère une légitimité. L’actrice le reconnaît d’ailleurs sans problème : [son influence sociale], en l’espèce, « c’est la condition même de la parole ».

    Le pouvoir intimide. Le pouvoir fait peur. Le pouvoir tient en respect. Le pouvoir des uns réduit les autres au silence.

    Le milieu du cinéma n’a rien d’exceptionnel à cet égard. Il n’a pas le monopole des violences sexuelles. Il n’est probablement pas plus toxique ni plus misogyne que n’importe quel autre milieu. En tant que lieu où le pouvoir achète l’impunité, où l’influence génère le silence, où ceux qui dominent n’achètent pas seulement le silence des autres, mais aussi la peur, l’omission, la réticence et la résignation, il est en réalité d’une banalité confondante.

    https://egalitaria.fr/2019/11/27/violences-faites-aux-femmes-limpunite-des-puissants

    • Le 20 novembre dernier, Solène Mauget, épouse du maire de Cabourg, a été condamnée en appel pour « violences volontaires », suite à la plainte qu’elle avait déposée contre son mari après que celui-ci l’ait frappée en pleine rue.

      Le tribunal de grande instance de Caen l’a condamnée à 1500 euros d’amende, dont 1000 euros avec sursis et 500 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral. En première instance, son mari avait écopé de trois mois de prison avec sursis, sans aucune peine d’inéligibilité. Il exerce toujours ses fonctions de maire.

      Les hommes violents sont-ils protégés par leur pouvoir ?

      La justice se montre t-elle complice des puissants ?

      Je vous laisse en juger par vous-mêmes.

    • La fiche wikipédia du maire de Cabourg, Tristan Duval dissimule les faits.

      Le 15 juillet 2006, il épouse à Cabourg Charlotte Laurent1 dont il divorce le 21 septembre 2015. Le 27 août 2016, il épouse en secondes noces Solène Mauget, membre du média Club et responsable de programmes à l’unité magazines culturels de France 2, en présence du Premier ministre Manuel Valls3,4,5. En septembre 2018, quelques mois après la naissance de leur fille Athénaïs (née en novembre 2017), il est accusé par sa seconde épouse de violences conjugales aggravées et comparaît devant le tribunal correctionnel de Caen le 10 octobre4.

      Il porte plainte à son tour contre son épouse, pour dénonciation calomnieuse4 ( cette plainte sera « classée sans suite »6 ) puis il est condamné le 21 novembre 2018 à trois mois de prison avec sursis pour violences sur conjoint7 et annonce vouloir faire appel8. À l’issue de ce jugement, une pétition recueille 5 000 signatures en un mois pour demander sa démission en tant que maire9.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Tristan_Duval#cite_ref-7
      Le lien fournis ne dit pas que l’affaire s’arrete là.

      Et puisque sa plainte a été classée sans suite, mais qu’il souhaite néanmoins saisir le tribunal, il doit verser une consignation de 800 € avant le 15 mars 2019 à la régie du tribunal. C’est ce montant qui a été évalué ce matin. Cette somme à vocation à garantir le paiement d’une amende civile en cas de relaxe de Solène Duval.

      L’examen de l’affaire a donc été renvoyé. Elle sera réexaminée le 14 mai 2019, à 8 h 30.

      https://www.ouest-france.fr/normandie/cabourg-14390/cabourg-l-affaire-tristan-duval-reportee-nouvelle-audience-le-14-mai-62

      J’ai mis Wikipédia à jour du coup -
      –—
      Donc il a aussi récupéré ces 800€

    • Justice. La femme du maire de Cabourg condamnée pour violences conjugales
      Solène Mauget, ex-épouse de Tristan Duval, maire de Cabourg, a été condamnée ce mercredi 20 novembre 2019 pour violences conjugales volontaires sur son mari.

      Alors que la relaxe avait été initialement requise, le tribunal correctionnel de Caen a donc estimé que des coups avaient été portés de part et d’autre et a condamné l’ex-épouse de Tristan Duval.

      https://actu.fr/normandie/cabourg_14117/justice-femme-maire-cabourg-condamnee-violences-conjugales_29556505.html

      #justice #patriarcat

    • Ce qui me surprend aussi c’est qu’elle a été poursuivie pour dénonciation calomnieuse mais condamné pour violence conjugale. J’y connais pas grand chose en droit mais c’est bizar. Ce verdict rendu le 20 novembre laisse songeuse sur l’impacte du dernier grenelle.
      Pour l’histoire de rendre les coups, c’est pas forcement nécessaire, si c’est comme pour la police il est possible d’être condamné si l’agent·e se blesse en te frappant.

    • Je tag #matzneff ici car on retrouve le même phénomène qu’avec Adèle Haenel. Vanessa Springora, une des nombreuses victimes de Matzneff qui le dénonce est éditrice et est audible par les médias contrairement à d’autres victimes (par exemple des enfants violés à Manille ou aux Philippines).