alimielle

Les filles sages finissent au paradis, les autres vont où elles veulent.

  • L’autre pays qui manque, c’est les amours - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    http://cqfd-journal.org/L-autre-pays-qui-manque-c-est-les

    Dans le cadre contraint d’ateliers menés en prison, chez les mineurs des Baumettes, à Marseille (filles), et du Pontet, près d’Avignon (garçons), et pour esquiver les chicanes du droit à l’image, on a eu l’idée de convoquer l’imaginaire du carnaval, de la transgression, du désir inavoué. On, c’était Claire Castan de l’Agence régionale du Livre (ARL-Paca) ; Yohanne Lamoulère la photographe ; Brigitte Briot la faiseuse de masques et accessoires ; et moi le collecteur de mots.

    Masquer, ce n’est pas forcément cacher, ni faire la gueule. Ça peut être le contraire : tout donner et puis s’enfuir, s’en moquer, pour de rire. Le hasard (vraiment ?) a fait que les quatre garçons étaient des Français musulmans de cités du Sud et les quatre filles des Gitanes originaires des Balkans vivant en caravane. Grâce à ces jeunes détenu.es qui ont pris le jeu à leur compte en parlant cash et en révélant des fêlures intimes autant que sociales, on a pu opérer des allers-retours de taule à taule. Ce qui a permis d’instaurer un éphémère dialogue à distance, fait de défiance et de sentiments communs. C’est comme ça que, grimée, la plus secrète s’est faite puissante apparition. Travesti, le plus affranchi a cassé les codes du genre. Par moments, c’était même un peu la révolution du passe-muraille.

    Le résultat de ce chassé-croisé à la sortie de l’hiver est un livret en forme de portrait collectif qu’on peut télécharger au format PDF sur le site de l’ARL-Paca. Comme une méchante montée de sève doublée d’un appel d’air.

    #prison #mineurs