• A Orange, Bompard couvre les violences sexuelles et sexistes

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    Jacques Bompard, lors de la présentation de sa liste aux régionales, le 12 novembre 2015. © AFP

    Dans cette ville de Provence où le baron de la Ligue du Sud espère obtenir un sixième mandat en mars prochain, les fonctionnaires retiennent leur souffle.

    La condamnation du directeur général des services (DGS) – à qui Jacques Bompard, âgé de 76 ans, a plus ou moins remis les clés de la mairie – pour des faits de violence particulièrement graves sur son ex-compagne, a plongé une grande partie des agents dans la consternation.

    Depuis, certains – particulièrement des femmes – nous expliquent aller au travail « la boule au ventre ». Et les langues commencent, enfin, à se délier sur le comportement de Rémy Canuti, que beaucoup décrivent ici comme « l’éminence grise » du maire, « l’homme des basses œuvres » dont Bompard ne pourrait plus se passer. À la tête de 600 agents, ce fonctionnaire occupe un poste crucial – il est le chef de l’administration de l’ensemble de la ville et de la communauté de communes.

    Le 29 octobre 2019, Rémy Canuti a été condamné par le tribunal correctionnel de Carpentras à deux ans de prison avec sursis et une inscription au casier judiciaire (B2) qui lui interdisent, de fait, de retrouver un poste dans la fonction publique. Il a désormais l’interdiction de détenir une arme pendant 15 ans et a l’obligation de suivre un stage d’une semaine sur les violences sexuelles et sexistes.

    Estimant qu’il s’agit d’une affaire privée, le maire l’a maintenu à son poste, à la surprise générale. Le récit de l’audience qu’ont pu lire les agents de la ville qui travaillent tous les jours sous ses ordres dans la presse locale les a pourtant glacés.

    • En résumé, R.Canuit reconnais devant le tribunal les faits suivants ;

      enferme dans la chambre et alors que sa compagne vient frapper à la porte pour récupérer des affaires, il lui ouvre, armé d’un revolver qu’il pointe sur sa tempe en lui lançant : « Tu vas te taire ! » Il arme le chien et pose son doigt sur la détente, selon un récit non contesté au tribunal par M. Canuti. Il la force ensuite à s’agenouiller et commence à la stranguler. « Je me suis vue mourir », explique celle dont les enfants dorment alors à quelques mètres.

      Il est condamné à 15 ans d’interdiction de port d’arme, et une semaine de stage de sensibilisation contre les violences conjugales. Pas cher la tentative d’homicide puisque c’est un feminicide.
      Le lendemain de la condamnation le maire

      Jacques Bompard réunit les agents et annonce donc que Rémy Canuti sera maintenu dans ses fonctions. « Il nous expliqué que c’était une affaire privée et que ça ne concernait en rien son travail ici », raconte une agente très choquée.

      Rapidement une petite délégation, surtout de femmes fait part de son malaise et rapporte des problèmes de comportement de R.Canuti.
      – harcelement sexuel d’une cadre catégorie A - devant son refu, rétrogradation de celle ci sous la catégorie C.
      – rétrogradation d’un agent qui s’est pleint du comportement insultant de R.Canuit

      Il se souvient, lui qui a siégé au CT et au CHSCT, de la brutalité des échanges avec le DGS : « C’est quelqu’un qui parle à tout le monde comme à des chiens », affirme-t-il. Quotidiennement, selon des témoignages que nous avons récoltés, les agents entendent des phrases comme : « Vous êtes une chieuse », « vous me cassez les couilles », « arrêtez de vous branler ». Lorsque Canuti entre en conflit avec la DGS de la communauté de communes, qui finira par partir, un agent l’entend dire à ce propos « qu’il n’a pas l’habitude d’être commandé et en plus par une femme ».

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      Parmi les élus d’opposition, beaucoup avaient déjà eu vent des méthodes particulières de Rémy Canuti. « On a été alertés par des personnels qu’il y avait des soucis avec le DGS mais sans trop savoir de quoi il s’agissait », raconte l’élue d’opposition Aimer ma ville, Christine Badinier.

      Lors d’une inauguration, une fonctionnaire qu’elle ne connaissait que de vue vient la voir pour lui faire part, furtivement, du fait que les agents sont en grande souffrance. « J’ai essayé de la recontacter ensuite mais cela a été silence radio », rapporte-t-elle, décrivant une mairie où sévit l’omerta depuis longtemps.

      Le maintien à son poste du DGS par Bompard s’inscrit pour elle dans la continuité des pratiques verbales du maire à l’égard des femmes élues depuis des années. « Nous nous faisons régulièrement traiter d’hystériques par le maire. On s’y est presque habituées », soupire-t-elle.

      Contacté à de multiples reprises, Jacques Bompard a fini par nous adresser un courriel succinct (à lire sous l’onglet Prolonger). Rémy Canuti n’a, lui, jamais donné suite.

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