Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • La révolte à l’ère du numérique : nouvelle efficacité, nouvelles faiblesses
    https://reporterre.net/La-revolte-a-l-ere-du-numerique-nouvelle-efficacite-nouvelles-faiblesses

    par Gustave Massiah

    Dans « Twitter et les gaz lacrymogènes », Zeynep Tufekci analyse de manière remarquable la nouvelle génération de mouvements sociaux marqués par l’ère numérique. Si les réseaux sociaux accélèrent les mobilisations, l’espace public numérique dépend des monopoles de l’économie du web.

    Pour Zeynep Tufekci, l’espace public connecté modifie la sociabilité des mouvements sociaux et leurs formes de mobilisation. La connectivité numérique permet de partager des liens faibles contrairement à la culture politique qui organisait des liens forts, souvent exclusifs — ce qui est nouveau et considérable. Internet connecte presque toutes les régions de la planète, des ordinateurs sont dans toutes les poches, les algorithmes influencent les décisions dans toutes les sphères de la vie.

    L’idée de fonctionner sans organisation formelle, sans leader, sans infrastructures importantes, remonte aux années 1960. Les mouvements sans leader n’ont pas de porte-parole désigné, pas de leader élu ou institutionnel. Ils courent moins le risque d’être décapités par l’arrestation, la cooptation ou la corruption d’une poignée de chefs. L’absence de structures décisionnelles conduit cependant à ce que Zeynep Tufekci nomme « une paralysie tactique ». Elle cite ainsi « La tyrannie de l’absence de structure », un article de la militante féministe Jo Freeman, écrit en 1970. Cette absence rend difficile le règlement des désaccords et la capacité de négocier.

    #Zeynep_Tufekci #Gustave_Massiah #Mouvements_sociaux #C&F_éditions

    • Le livre a l’air bien. Sur le même sujet, j’en profite pour reposter cet article qui était déjà mauvais il y a dix ans, avec Lincoln et Obama présentés comme des modèles démocratiques.

      Démocratie & Internet à l’ère du numérique - Revue Critique d’Ecologie Politique
      http://ecorev.org/spip.php?article854

      De même, alors que dans son roman 1984
      Orwell critique le communisme de 1948 qui
      n’a nul besoin de l’internet pour contrôler la
      population, il est étonnant de voir revenir sans
      cesse l’argument selon lequel l’informatique
      permettrait « l’Orwellisation » de la société [2] ;
      d’autant que les technologies de surveillance
      peuvent au contraire alléger la surveillance
      effective et les forces de répression en étant
      détournées [3].

      Dans la ligne de la conclusion de L’immatériel,
      nous postulons avec André Gorz que l’informatique
      est une « technique ouverte », un « outil
      convivial » (Illich), profitable à une écologie
      définie comme « homéotechnique » (Sloterdijk).
      A nous de nous focaliser sur l’essentiel : défendre notre liberté. En permanence à
      reconquérir, elle est le fruit de l’aptitude des
      humains à redéfinir l’autonomie et à mettre en
      œuvre la démocratie dans un contexte social
      et technologique donné. De ce point de vue,
      l’internet renferme un extraordinaire potentiel
      d’expression des droits civiques et de communication
      des valeurs humaines (Manuel
      Castells).

      Internet c’est en effet la parole donnée à
      chacun sans exclusive et quel que soit son
      handicap, y compris celui d’appartenir à
      une classe sociale défavorisée. Wikipédia en
      est un exemple édifiant. La diffusion du
      savoir et des connaissances n’est pas conditionnée
      par le statut social de l’individu mais
      par le contenu même de sa production.
      L’évaluation des diplômes ne vient pas court-circuiter
      sa participation. Pour autant il n’y
      est pas produit n’importe quoi, grâce au
      développement d’une vigilance critique qui
      en régule le contenu.

      « Face aux questions et métriques que
      produisent les pratiques sur l’internet,
      l’autorégulation et la critique constructive
      des internautes eux-mêmes sont peut-être les
      réponses les plus intéressantes au défi qui est
      lancé en terme de démocratie. » (Hubert
      Guillaud)

      Internet c’est ainsi l’intelligence collective au
      bénéficie de tou-te-s et la possibilité d’un
      travail collaboratif qui permet à des
      individus isolés d’entrer en contact, de se
      mobiliser et de participer à des actions
      collectives, comme ce fut le cas à Seattle
      avec la coordination internationale des altermondialistes
      via la toile, ou encore pour la
      mobilisation des malades du Sida à l’échelle
      mondiale.

      Les outils de diffusion de cette intelligence
      collective sont d’ores et déjà opérationnels.

      Toujours dans cette idée de diffusion
      démocratique, la télémédecine et le téléenseignement,
      pratiques encore trop peu
      développées principalement par manque de
      volonté politique, pourraient dès aujourd’hui
      améliorer grandement la qualité de l’accès
      aux soins et aux savoirs.

      L’Internet est une agora planétaire qui met à
      mal les hiérarchies des ordres anciens distinguant
      auteurs et lecteurs, experts et profanes.
      la mise en lien via ce réseau permet la
      construction d’une intelligence collective de
      manière horizontale : une construction qui
      parie sur la confiance et l’expertise des
      individus et se fonde sur l’interactivité entre
      citoyens et citoyennes responsables.
      Le partage, maître mot du réseau comme de
      la démocratie, est inscrit dans l’histoire de la
      toile.

      C’est à ces usages que peut s’adosser l’écologie-
      politique, et permettre enfin une façon
      plus écologique de faire de la politique,
      grâce à une démocratie des minorités ancrée
      dans le local, et le face à face, à l’opposé de
      toute dictature majoritaire, pouvant constituer
      à terme une véritable démocratie cognitive
      en interaction entre agir local et pensée
      globale (Jean Zin).

      Je sais pas comment ils ont fait pour faire du retour-chariot dans tout le texte...