• Réforme des retraites : ce que déplore le Conseil d’Etat
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    Crédits : Christian Hartmann

    Le Conseil d’État estime ne pas avoir eu le temps de « garantir au mieux la sécurité juridique » de la réforme des retraites. L’institution déplore aussi les « projections financières lacunaires » du gouvernement et un recours aux ordonnances qui « fait perdre la visibilité d’ensemble ».

    Le Conseil d’Etat regrette que le gouvernement ne lui ait pas donné le temps nécessaire pour garantir « la sécurité juridique » de son examen du projet de réforme des retraites, pour lequel les projections financières sont en outre « lacunaires », selon un avis rendu public vendredi. Une « situation d’autant plus regrettable » qu’il s’agit d’une réforme « inédite depuis 1945 et destinée à transformer pour les décennies à venir (...) l’une des composantes majeures du contrat social », ajoute la plus haute juridiction administrative française, dans ce document publié sur le site Légifrance.

    Deux projets de loi présentés
    Les deux projets de loi (organique et ordinaire) pour cette réforme des retraites ont été présentés ce vendredi en conseil des ministres. Ils seront examinés par une commission spéciale de l’Assemblée nationale à partir du 3 février avant d’être débattus en séance publique à partir du 17 février, pour une adoption finale que l’exécutif espère avant l’été.

    Le Conseil d’Etat a été saisi de ces deux textes le 3 janvier.

    « Le Conseil d’Etat souligne qu’eu égard à la date et aux conditions de sa saisine, ainsi qu’aux nombreuses modifications apportées aux textes pendant qu’il les examinait, la volonté du gouvernement de disposer de son avis dans un délai de trois semaines ne l’a pas mis à même de mener sa mission avec la sérénité et les délais de réflexion nécessaires pour garantir au mieux la sécurité juridique de l’examen auquel il a procédé », déclare l’instance dans son avis.

    Projections financières lacunaires
    Un avis sévère, qui n’épargne pas l’étude d’impact accompagnant les deux textes : la première mouture était « insuffisante » et même une fois complétée, « les projections financières restent lacunaires », en particulier sur la hausse de l’âge de départ à la retraite, le taux d’emploi des seniors, les dépenses d’assurance-chômage et celles liées aux minima sociaux.

    Manque de visibilité
    Le Conseil d’État pointe également le choix de recourir à 29 ordonnances, y compris « pour la définition d’éléments structurants du nouveau système de retraite », ce qui « fait perdre la visibilité d’ensemble qui est nécessaire à l’appréciation des conséquences de la réforme et, partant, de sa constitutionnalité et de sa conventionnalité ».

    Celle portant sur la « conservation à 100% des droits constitués » au moment de la bascule entre le système actuel et le futur « système universel » est jugée « particulièrement cruciale », à tel point « qu’en l’absence d’une telle ordonnance » la réforme « ne s’appliquera pas » aux personnes nées à partir de 1975.

    Enfin, l’engagement de revaloriser les enseignants et des chercheurs via des loi de programmation est condamné à disparaître du texte car « ces dispositions constituent une injonction au gouvernement de déposer un projet de loi et sont ainsi contraires à la Constitution ».