• « Plan de paix américain » pour le Proche-Orient : après l’euphorie de Washington, retour au réel en Israël
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    L’idée d’un vote rapide à la Knesset sur l’annexion des colonies dans les territoires palestiniens suscite des réticences au sein de l’appareil sécuritaire israélien.

    Au lendemain de l’annonce euphorique de la « vision » de Donald Trump pour une « paix » israélo-palestinienne, à Washington, Israël a connu un retour au réel accéléré, mercredi 29 janvier. Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, avait promis d’acter dès dimanche, en conseil des ministres, l’annexion de la vallée du Jourdain et des colonies de Cisjordanie, sur laquelle la Maison Blanche reconnaît sa souveraineté. En vingt-quatre heures, pourtant, son gouvernement a repoussé par trois fois l’échéance, la suspendant à de « complexes préparations », qui apparaissent surtout comme des obstacles politiques.

    « L’espoir, c’est qu’ils attendent jusqu’après les élections » législatives israéliennes, prévues le 2 mars, affirmait mercredi le gendre de M. Trump et l’un des artisans du « deal », Jared Kushner. L’administration américaine avait exprimé dans la journée un certain agacement face à l’empressement israélien, qui risque de pousser ses alliés arabes à faire entendre leurs doutes sur sa vision : les monarchies du Golfe et surtout le voisin jordanien, gardien des lieux saints à Jérusalem.

    Mercredi soir, les sondages n’indiquaient aucune poussée de la coalition de droite israélienne, et l’annexion ne demeurait soutenue que par une minorité. Ce débat pourrait désormais se déporter au Parlement, dès la semaine prochaine. Le principal rival de M. Nétanyahou, l’ex-chef d’état-major Benny Gantz, souhaite proposer un vote « sur l’intégralité du plan », auquel il a répété son soutien, après sa visite à Washington, lundi. M. Gantz cherche à diviser la droite, en l’obligeant à choisir entre tout et rien, sans distinguer l’annexion de la reconnaissance d’un Etat palestinien. Or, ce dernier point, aussi limité soit-il dans le plan, représente une concession impossible pour les ultranationalistes religieux, alliés de M. Nétanyahou.

    Cycle électoral perpétuel
    Ce débat reflète la vigueur des mécanismes de contrôle de l’Etat, pourtant soumis à de violents courts-circuits par le cycle électoral perpétuel dans lequel Israël s’est enlisé depuis avril 2019, et qui doit l’amener à un troisième scrutin le 2 mars. En premier lieu, la justice : le procureur général du pays et conseiller légal du gouvernement, Avichaï Mandelblit, a estimé publiquement, dès mardi, que l’annexion pourrait éventuellement être actée avant les élections de mars. Mais à condition que ce gouvernement de transition, ne disposant plus d’une major[…]

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