Les grandes mĂ©tropoles deviennent peu Ă peu le territoire exclusif des riches. Dans le sillage de Leilani Farha, rapporteuse spĂ©ciale de lâONU sur le logement convenable, une enquĂȘte sur un phĂ©nomĂšne mondial qui sâamplifie.
De Londres Ă New York en passant par Berlin, ValparaĂso ou Uppsala, de plus en plus dâhabitants des grandes villes, locataires Ă faibles revenus ou petits commerçants, voient leur loyer flamber ou leurs baux rĂ©siliĂ©s. En cause, la gentrification galopante qui transforme en un tour de main des quartiers dĂ©favorisĂ©s en enclaves embourgeoisĂ©es, mais aussi â et surtout â la prĂ©dation des grands investisseurs. Rasant des immeubles vĂ©tustes, ces derniers font sortir de terre des ensembles de standing, que les anciens occupants nâont plus les moyens dâhabiter, tandis que ces opĂ©rations immobiliĂšres assurent Ă leurs promoteurs de juteux retours sur investissement.
425 %
Rapporteuse spĂ©ciale des Nations unies sur le logement convenable, Leilani Farha, que le cinĂ©aste suĂ©dois Fredrik Gertten a suivie pour ce film, parcourt la planĂšte afin dâenquĂȘter â et dâalerter â sur cette crise Ă bas bruit qui met Ă mal le droit au logement. Cette avocate de formation, originaire dâOttawa, souligne par exemple quâen trente ans, dans le grand Toronto, les prix de lâimmobilier ont grimpĂ© de 425 % en moyenne, tandis que le revenu familial moyen nâa augmentĂ© que de 133 %. Ce phĂ©nomĂšne mondial, loin de connaĂźtre une pause, sâamplifie. ĂtayĂ©e aussi par les analyses de la sociologue Saskia Sassen, du prix Nobel dâĂ©conomie Joseph Stiglitz et du romancier italien Roberto Saviano, une enquĂȘte alarmante sur la maniĂšre dont le systĂšme financier alimente lâexplosion des loyers, responsable de lâexpulsion de citadins modestes des grands centres urbains.