• (14) En finir avec les malheurs de l’#écologie - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2020/02/02/en-finir-avec-les-malheurs-de-l-ecologie_1776814
    #edgar_morin

    De plus les forces de résistance sont énormes : pas seulement les habitudes de pensée, mais aussi les énormes intérêts économiques qui amènent même des dirigeants d’Etat à nier les périls. Les écologistes politiques sont eux-mêmes incapables de déterminer une voie pour le problème de la #croissance ; ils ne peuvent qu’opposer #décroissance à croissance alors qu’il faudrait les complémentariser : déterminer ce qui doit croître, l’économie des besoins vitaux, l’#économie des produits salubres, l’agroécologie et l’agriculture fermière, l’économie des produits de consommation et d’usages locaux, l’économie sociale et solidaire, l’économie circulaire, l’économie artisanale et néoartisanale, les subsides aux services publics, notamment hôpitaux et écoles ; ce qui doit décroître : l’économie de l’agriculture industrialisée et de la conservation industrialisée, l’économie des produits à la qualité illusoire pour beauté, santé jeunesse, l’économie des produits à obsolescence programmée, l’économie du jetable, etc.

    Ce new deal dépasserait par son ampleur la dite « transition écologique » qui réduit le problème à celui du passage d’une société non écologisée à la même société écologisée : en fait, il s’agit de la métamorphose complexe d’un type de société à une autre.

    [...]

    Un demi-siècle s’est écoulé depuis le rapport #Meadows. Mais à part chez des #géographes et des #biologistes, la science écologique demeure inconnue y compris des #écologistes. Un demi-siècle s’est écoulé depuis que la croissance a été mise en question. Elle continue, impavide, à se présenter comme solution pour l’élite #politico-techno-économique, et les écolos n’ont pu formuler la nécessité de lier les termes antagonistes de #croissance-décroissance.

    Un demi-siècle s’est écoulé depuis que le tocsin a sonné. La pollution ravage les mégapoles, la stérilisation ravage les terres arables. La cupidité économique incendie les forêts d’Amazonie, tandis que celles d’Australie brûlent faute des précautions que connaît la culture millénaire des aborigènes.