• Aux Etats-Unis, la crise de l’or noir menace les rêves pétroliers de Donald Trump
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    Le président russe Vladimir Poutine et le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman à Riyad, en octobre 2019.
    ALEXEI NIKOLSKY / SPUTNIK PHOTO AGENCY / REUTERS

    Les producteurs de pétrole de schiste, fers de lance de la « domination énergétique » défendue par le président, vont être frappés de plein fouet par la baisse des cours.

    Harold Hamm a appelé la Maison Blanche à son secours. Le magnat du pétrole de l’Oklahoma, bailleur de fonds de Donald Trump et conseiller officieux du président des Etats-Unis pour les affaires énergétiques, a perdu 2 milliards de dollars (environ 1,8 milliard d’euros), lundi 9 mars, du fait de l’effondrement des cours du brut sur les marchés.

    Continental Resources, l’entreprise qu’il a fondée et dont il détient 75 % du capital, ne vaut plus que 2,6 milliards de dollars, contre 20 milliards il y a moins d’un an. Et il a besoin de l’aide de M. Trump. « Je ne veux pas prescrire au président ce qu’il doit faire », a déclaré l’entrepreneur de 74 ans au Washington Post. Mais il veut aborder la manière dont la guerre pétrolière entre la Russie et l’Arabie saoudite « menace les emplois, les communautés et les économies des Etats producteurs à travers l’Amérique, de la Pennsylvanie à la Californie et du Texas au Dakota du Nord ».

    Le krach pétrolier est une catastrophe pour les producteurs de gaz et de pétrole de schiste de l’Oklahoma et du Bassin permien du Texas, Etat décisif pour la réélection de Donald Trump, en novembre. Celui-ci s’est publiquement réjoui de la baisse, qui est « bonne pour les consommateurs ». En réalité, elle constitue un désastre pour ses fiefs pétroliers du Midwest.

    Officiellement, bien sûr, les républicains ne demandent pas de renflouement public, tout comme Mike Sommers, patron de l’American Petroleum Institute, qui représente la filière. La tactique habituelle consiste à invoquer la sécurité nationale et à dénoncer les manipulations des Russes pour appeler au secours, comme l’a fait Anne Bradbury, directrice générale de l’American Exploration and Production Council, qui représente vingt-cinq producteurs indépendants de pétrole : « Nous avons besoin de réglementations et de politiques saines permettant aux producteurs indépendants américains de rester les leaders mondiaux du développement énergétique pour s’assurer que notre pays conserve l’indépendance énergétique que nous avons recherchée pendant des décennies. »

    Abondance d’offre, crise de la demande
    La mise en cause de la Russie intervient alors que la guerre des prix lancée par Riyad et Moscou vise explicitement les producteurs américains de pétrole de schiste, qui ont permis aux Etats-Unis de se hisser, en 2018, au rang de premier producteur mondial de brut.
    Sans se soucier des cours mondiaux, l’Oncle Sam était devenu le trouble-fête du marché de l’or noir. Depuis 2017, plus la production américaine croissait, plus l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et la Russie devaient s’imposer des quotas afin d’éviter un effondrement […]

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