• Journal d’une non-confinée : “Nous les caissières, on a l’impression d’être les oubliées” - Les Inrocks
    https://www.lesinrocks.com/2020/03/24/actualite/societe/journal-dune-non-confinee-nous-les-caissieres-on-a-limpression-detre-les

    Au début, nous n’avions pas de protections contre le virus. Mardi [17 mars, ndlr] on nous a donné des gants, et jeudi [19 mars, ndlr] on nous a donné des masques d’une durée de dix jours, lavables à la maison. On nous a aussi installé du Plexiglas devant la caisse, mais les gens viennent sur le côté. Et dans mon enseigne, la procédure nous oblige à vérifier que rien n’a été oublié dans le caddie, donc je dois dépasser cette barrière.

    Je ne suis pas trop stressée personnellement, mais les gens autour de moi ont peur. De nombreuses collègues se sont mises en arrêt parce qu’elles ont des enfants à la maison, qu’elles ne veulent pas contaminer. On est donc moins à travailler, mais on doit faire plus. Comme les clients ont vidé le magasin, on commence à 5h du matin, au lieu de 6h, pour mettre la marchandise en rayon. On est censés faire 30 heures par semaine, mais cette semaine on a dû arriver à 40 ou 45h.

    “Ne me parle pas, tu vas me refiler le coronavirus !”

    Au quotidien, en caisse, des clients nous parlent hyper mal. Ils nous reprochent de ne pas avoir eu de réassort assez vite, d’être incompétents. Quand on a eu le Plexiglas et qu’on leur a demandé de ne pas venir sur le côté, certains ont mal réagi : “On n’a pas le coronavirus, on va pas te le refiler !” ; ou alors : “Ne me parle pas, tu vas me refiler le coronavirus !”

    Souvent, ils ne respectent même pas les distances de sécurité indiquées par du scotch au sol.

    Avec ce qu’on apprend sur le virus, on se dit qu’on fait un boulot qui demande beaucoup de courage, mais le président nous a demandé de continuer. Le droit de retrait dans la grande distribution et le service public, en ces temps de crise, ça n’existe pas. On se rend compte que certains clients ont plus de masques et de gants que nous-mêmes. On est susceptibles d’avoir le virus. On le sait. Mais il faut bien alimenter la population, donc on reste ouvert, même si on a l’impression d’être les oubliées.”

    Françoise Vergès : “Les confiné.es ne sont que la partie visible de la situation”
    https://abonnes.lesinrocks.com/2020/03/20/idees/idees/francoise-verges-les-confinees-ne-sont-que-la-partie-visible-de-

    #travail #caissière #commerce #supermarché #coronavirus

    • Hier dans la queue en-dehors de la biocoop, une femme avec son gosse viennent à moins d’un mètre de moi. On est dans la rue, il y a la place, je demande à la dame de respecter la distance habituelle. Elle le fait, non sans m’avoir dit un truc désagréable que j’ai vite oublié. C’est ce que m’évoque la réaction des client·es : on ne fait pas ça parce que j’ai le virus ou parce que j’ai peur que tu aies le virus mais par mesure générale de précaution, parce que c’est plus facile si on accepte des règles de base qu’avec un pifomètre au cas par cas. Pfff ! Je me fais chier quand je croise un pote dans la rue à rester à deux mètres, c’est pas pour qu’un gosse vienne se planter près de moi à la distance qui lui fait plaise. Rebellitude de merde, mieux on obéit et plus on en sera débarrassé. Soyons plutôt attentifs/ves à la manière dont le #fascistovirus bouleverse nos formes de gouvernement...