saint-ouen-93

Le groupe Saint-Ouen 93, crée en 2010, est adhérent à la Fédération Anarchiste. Il milite au niveau local, édite TRIPLE A, feuille d’information, ainsi que MURS-MÛRS, journal mural. Il mène par ailleurs des actions collectives avec les groupes de Saint-Denis, de Paris 18e, et des sympathisants ou militants issus d’autres organisations libertaires. Il s’associe régulièrement aux actions menées par la Fédération Anarchiste au niveau national.

  • Hollande, le président qui a peur du noir

    2 membres du groupe Saint-Ouen 93 étaient parmi les 15 anarchistes arrêtés hier samedi 25 août, place de l’Hôtel de Ville à Paris, lors de la commémoration célébrant la libération de Paris. Retour sur cet épisode affligeant, qui, en ce qui nous concerne, signe le début de l’ère Hollande et le règne des flics de Valls.

    Le 24 août 1944, Paris est libéré. Les premiers à entrer dans la capitale sont les Espagnols de « La Nueve », 9e compagnie de la 2e DB du général Leclerc. Parmi eux, de nombreux anarchistes. Ainsi, après avoir combattu le franquisme en Espagne, ils continuent la lutte contre le totalitarisme, se battant plus tard en Allemagne, jusqu’à la victoire finale.

    Cette réalité, peu connue, étant enfin admise par la mairie de Paris et les autorités (pose d’une plaque et invitation des républicains espagnols lors des célébrations, pour la première fois depuis 1945), avec une poignée de camarades de la Fédération Anarchiste et d’autres libertaires il nous semblait tout naturel de nous rendre, hier, sur la place, et de rappeler, par notre présence, la participation des anarchistes à la libération de la capitale et du pays. Cette action, pacifique et purement symbolique, ne fut pourtant pas du goût de la police de Manuel Valls : à peine eûmes-nous le temps de brandir quelques drapeaux que nous nous retrouvâmes encerclés par la gendarmerie mobile, emmenés dans une rue adjacente et parqués là, sur le trottoir, en attendant qu’arrive le panier à salade. Les protestations des passants, du chanteur Serge Utgé-Royo ou de Lucio, vieux compagnon ayant lutté toute sa vie des deux côtés des Pyrénées, n’y firent rien. 15 d’entres nous furent embarqués, puis conduits, en deux groupes, dans les commissariats du 8e et 9e arrondissement. Sous prétexte de contrôler notre identité, on nous y garda quatre bonnes heures : le temps, certainement, que le « président normal » puisse commémorer normalement, place de l’Hôtel de Ville, sans risquer que son regard ne croise l’ombre d’un drapeau noir, une couleur qui semble lui faire peur.

    Les interrogatoires succédèrent aux moqueries, voir aux menaces à peine voilées. Au mépris de la procédure, cinq d’entre nous furent contraints de donner leurs empreintes digitales, alors que cette mesure est censée ne s’appliquer qu’en cas de garde à vue. Pire : les parents d’un mineur de 17 ans ne furent pas prévenus de son arrestation, alors que la loi y oblige. En fin d’après-midi, au bout de ce grand n’importe quoi, nous fûmes tous libérés, et heureusement ! Car au final, quel délit avions-nous commis ? Brandir, durant quelques minutes, quelques drapeaux noirs, sur le pavé même où, 68 ans auparavant, des anarchosyndicalistes s’étaient battus contre les Allemands, afin de libérer Paris. « Manifestation illégale », nous fût-il répondu, non sans nous signifier que cela ne resterait pas sans suite, comme plusieurs d’entre nous ont bien entendu refusé de répondre aux questions des flics, et de signer les procès verbaux.

    Voilà où nous en sommes, aux prémisses de cette présidence dite « normale » : l’intention pacifique d’honorer la mémoire des libérateurs de Paris, dès lors qu’elle se pare des couleurs de l’anarchisme, conduit directement au poste de police. Cependant, Hollande, Valls et ses sbires ont raison d’avoir peur du noir : ils n’ont pas fini de nous trouver en travers de leur chemin.

    Le Groupe Saint-Ouen 93
    #arrestations 25 août 2012 #Anarchistes #libération de Paris