• Coronavirus : à Reims, un bus transportant des patients sommé de faire demi-tour

    Parti du Grand-Est pour emmener huit malades du Covid-19 vers Tours, ce transfert n’a pas été jugé prioritaire par le ministère. Une consigne jugée incompréhensible par les médecins et les élus locaux.

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/04/coronavirus-a-reims-un-bus-transportant-des-patients-somme-de-faire-demi-tou

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    Qui a ordonné ce demi-tour ? Contactée par Le Monde, l’Agence régionale de santé du Grand-Est admet un « couac », dommageable tant pour les patients que pour l’image donnée de désorganisation. Dans un communiqué, elle a expliqué mercredi 1er avril que les patients transportés n’étaient pas prioritaires. « Ce sont les services de réanimation qui sont les plus en tension en ce moment, donc on privilégie les transferts de malades en réanimation », a précisé Christophe Lannelongue, directeur de l’agence.

    Surtout, « les échanges interrégionaux sont préalablement soumis à l’autorisation du centre de crise sanitaire du ministère de la santé, ce qui n’était pas le cas ». « C’est le PC de crise à Paris, auprès du directeur général de la santé M. Salomon, qui pilote les transferts entre différentes régions (…). Ce transfert a été suspendu car il nécessitait d’être mieux coordonné », explique également la directrice du CHU de Tours, Marie-Noëlle Gérain-Breuzard.

    Manque de visibilité

    Le maire de Reims, Arnaud Robinet, pharmacologue de formation et président du conseil de surveillance du CHRU de Reims, dénonce « un couac administratif et non médical » : « Le transfert devait avoir lieu avec l’accord de l’ARS des deux régions, mais la directrice de l’hôpital de Reims a reçu un message du cabinet du ministre. » Un geste qu’il ne comprend pas : « Je trouve inconscient de faire revenir ce bus », fustige-t-il, regrettant le « manque de visibilité » sur la question des transferts de patients.

    Pour le maire de Reims, qui préside également la Fédération hospitalière de France (FHF) dans la région, si « les établissements de l’Est ont su anticiper et tripler le nombre de lits de réanimation », ce n’est « pas le cas partout ». « J’espère qu’on n’a pas cherché à privilégier la région Ile-de-France », s’interroge l’élu, pour qui il faudra, après la crise, tirer le bilan et « donner plus de responsabilités aux collectivités ».

    Contactée, la direction générale de la santé assume avoir « annulé, et pour de très bonnes raisons (…) de sécurité sanitaire » ce transfert. Une opération menée, selon elle, « de façon unilatérale, sans concertation », par le CHU de Reims. « Des patients étaient déjà prévus pour être transférés sur le site identifié par le CHU de Reims, qui ne pouvait pas en accueillir en avance de phase sans compromettre les transferts prioritaires à venir », justifie-t-elle. Et d’assurer que la stratégie de transferts de patients, « essentielle pour pouvoir assurer la prise en charge » de tous, « se déroule bien », mais nécessite « une organisation fine, qui associe une régulation régionale, et un pilotage national ».

    Je pense que la raison de cette consigne est d’éviter une avalanche de commentaires acerbes sur les « bus Macron »...