martin dufresne

traducteur proféministe et humoriste irrévérent au Québec

  • Entrevue de Noémie Renard par Francine Sporenda sur le blogue de Delphy.
    Noémie Renard travaille dans le domaine de la recherche en biologie. Elle anime depuis 2011 le blog Antisexisme.net

    F. S. : Globalement, selon les études que vous citez, entre « 25% et 43% d’hommes disent avoir commis une agression sexuelle ou un viol en utilisant une forme ou une autre de contrainte ». Pourtant, quand Caroline de Haas a mentionné un fait objectif : que vu le nombre très important de viols et d’agressions sexuelles, le nombre de violeurs et d’agresseurs devait nécessairement être très élevé, ça a suscité un tollé. Pourquoi cette réaction selon vous ?

    N. R. : Grâce au mouvement féministe, on a pu faire la lumière sur le nombre des victimes de violences sexuelles, et là on a levé un tabou : maintenant on sait qu’il y a beaucoup de victimes mais ça reste difficile de dire qu’il y a aussi beaucoup d’agresseurs. Souvent, on parle des violences sexuelles comme si on parlait du mauvais temps, d’une catastrophe naturelle ou d’une maladie. C’est-à-dire qu’on reconnait que c’est malheureux, que c’est horrible, mais on ne désigne pas les agresseurs. Des féministes ont noté qu’on parle de femmes violées – mais on parle peu d’hommes violeurs. On a du mal à nommer les agresseurs, et c’est quelque part assez pratique – parce que les seuls types d’hommes que l’on désigne, on dit que c’est des fous, des hommes appartenant à des minorités ethniques etc. Ça permet d’éviter de se remettre en question, de remettre en question la culture du viol, et de confronter les hommes à leurs responsabilités. Et ça maintient un déni autour des violences sexuelles.
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