Vanderling

La conversation n’est féconde qu’entre esprits attachés à consolider leurs perplexités.

  • Du non-respect du confinement | La plume d’un enfant du siècle
    https://marwen-belkaid.com/2020/04/10/du-non-respect-du-confinement

    [Edit : comme le fait très bien remarqué zeyesnidzeno en commentaire au billet, il n’y a en réalité pas eu de surmortalité en Seine-Saint-Denis, cette imposture était une manière de stigmatiser le 93. Je présente mes excuses de ne pas avoir vu ces chiffres avant]

    https://twitter.com/zeyesnidzeno
    #confinement

    • Le type compare les chiffres de mortalité entre les départements pour nier la surmortalité dans le département ? La surmortalité, ce sont les morts pendant la période étudiée par rapport aux morts en temps « normal », et autant que possible dans les mêmes conditions (c’est pour ça qu’on regarde même sur plusieurs années précédentes pour moyenner ce qu’on considère comme « la situation normale »). Donc on compare les chiffres d’un département avec les chiffres du même département, les années précédentes.

      Si on compare les départements entre eux, ça n’a plus aucun sens : les Hauts-de-Seine et Paris, ce sont des départements extrêmement riches (revenu fiscal moyen > 3300 euros) alors que le 93 est l’un des plus pauvres de la métropole (1760 euros), avec à l’inverse une beaucoup plus importante proportion de plus de 75 ans (8,1% à Paris, contre 5,0% dans le 93).

      Et ce ne sont que deux indicateurs parmi d’autres, il doit y avoir beaucoup de choses qui jouent sur les différences de taux de mortalité entre les départements. Donc on ne peut pas comparer les chiffres absolus entre départements, mais les chiffres d’une année sur l’autre dans le même département.

      Et là, les surmortalités du 93 et du Haut-Rhin (je me demande pourquoi on le « stigmatise », ce département-là) sont spectaculaires : pas parce qu’on compare par rapport à la mortalité des autres départements, mais à celle du 93 et du 68 les années précédentes. Dans les pires journées du covid-19, dans ces deux départements, il faut multiplier par 3 ou 4 le nombre de décès. Dans les autres départements indiqués, la différence de cette année par rapport aux années précédentes est nettement moins perceptible.

      Mais si on tient malgré tout à comparer les mortalités des départements entre eux (et non par rapport aux années précédentes), limitons au moins l’impact des différences l’âge, en ne prenant en compte que la population de plus de 75 ans. Pour les nombres de décès, puisqu’on évoque la surmortalité pendant le Covid, je prends le nombre de morts entre le 22 mars et le 3 avril (sachant que le pic de mortalité lié à Covid-19 en France, c’est après le 3 avril, mais on n’a pas encre les chiffres de l’Insee).

      Et dans ce cas, le chiffre comparable, c’est la dernière colonne à droite : le pourcentage de personnes de plus de 75 ans décédées entre le 22 mars et le 3 avril pour chaque département. Le taux est de 0,95% dans le 93, et de 0,69% dans le 75. En clair : le 93 est bien le département parmi les 4 qui a la plus importante mortalité parmi les plus de 75 ans.

      Et sinon, il y a encore un autre biais énorme dans la liste donnée pour nier la surmortalité du 93 : c’est comparé avec des départements qui sont eux-mêmes considérés comme étant des foyers du coronavirus, donc avec eux-mêmes une surmortalité importante.

      Alors du coup j’ajoute dans le tableau la Gironde (33) :

      Et là, si je ne me suis pas planté dans mes chiffres, on arrive à 0,31% de décès chez les plus de 75 ans entre le 22 mars et le 3 avril en Gironde. C’est-à-dire proportionnellement 3 fois moins que dans le 93.

      Du coup, un tableau pour montrer l’absurdité de la liste précédente : les mêmes comparaisons, avec les décès du 1er au 15 mars (on peut considérer que c’est presque une période normale en terme de mortalité) :

      Si on regarde la 4e colonne, on constate qu’entre le 1er et le 15 mars, on a un taux de décès rapporté à la population globale du département qui est de 0,036% en Gironde, et de 0,019% en Seine-Saint-Denis. En temps normal, on meurt deux fois plus dans le 33 que dans le 93. Pourtant je ne vois pas comment on pourrait utiliser cette information pour « stigmatiser » le Bordelais, ou tresser des lauriers au 93 (genre : « les gens sont particulièrement prudents avec un mode vie sain dans le 93 : regardez, ils meurent deux fois moins vite qu’à Bordeaux »).

    • te décarcasse pas trop pour moi, les statistiques c’est pas mon truc.
      je crois que ce qui énerve zeyesnidzeno c’est qu’il y a plus de pauvres dans le 93 que dans les départements voisins. Et que c’est eux qui trinque puisqu’ils vont au charbon et qu’ils n’ont pas le choix.

    • OK. Mais j’ai fait les recoupements et les tableaux, pour qu’on ait de quoi répondre à ce qui, à coup sûr, va devenir une nouvelle fadaise des réseaux sociaux :

      il n’y a en réalité pas eu de surmortalité en Seine-Saint-Denis, cette imposture était une manière de stigmatiser le 93

      cela basé sur des « chiffres » donnés « pour plus de clarté », thème dont on sait d’expérience que c’est typiquement le genre de chose qui plaît beaucoup sur les internets.

    • bon ben merci pour ta vigilance et si ce genre de chose se propage sur #twittoland, pour moi c’est égal je regarde les twittos qu’à travers seenthis. Et si ça peut te rassurer j’importe parfois des liens tumblr, ici. Mais jamais dans l’autre sens, en tout cas pas des liens seenthis.
      Pas vraiment envie de voir un déferlement de trolls débarquer.

    • J’envoie des fois des liens Seenthis sur Twitter parce que je trouve que ce qu’on fait est pas mal et que je bloque facilement, j’ai l’impression que mes followers sont propres et j’aimerais bien qu’une petite partie nous rejoigne.

      Sur la #surmortalité, c’est dingue qu’avec ma culture de chiffres assez minable j’aie l’air d’une lumière mais on est encore avec des débats publics dans un régime d’ignorance affolant de ce qu’est ce chiffre (la mortalité en hausse de la même population, pas la mortalité supérieure des gens d’à côté). On a eu de bonnes visualisation de la surmortalité dans chaque département, avec couleurs changeantes cependant entre plusieurs productions.

      Sur le fait de reprocher d’être plus touché·es que la moyenne à des gens mal logé·es ou qui vont trimer dans des RER bondés... Lallementable. Et bête, comme souvent les pires abjections racistes et classistes de cette France rance.