RastaPopoulos

Développeur non-durable.

  • La classe, mot plastique, par Ernst Lohoff
    http://www.palim-psao.fr/2020/04/la-classe-mot-plastique-par-ernst-lohoff-5.html

    Compte tenu de la misère du prolétariat au XIXe siècle, ce point de vue pouvait sembler plausible. Ironiquement, cependant, c’est sous la bannière du marxisme, que naquit le mouvement ouvrier de tous les peuples, qui réalisa exactement ce qui était supposé être impossible. Dans des luttes difficiles qui ont duré plusieurs décennies, les vendeurs de force de travail ont réussi à se faire reconnaître comme des sujets d’intérêt libres et égaux et à obtenir une part du gâteau capitaliste. De cette façon, l’intérêt de classe a été réduit à ce qu’il a toujours été dans la perspective de la critique de l’économie politique : un intérêt monétaire banal qui ne dépasse en rien la société capitaliste. Le concept emphatique de classe chez Marx, en revanche, s’est avéré une construction purement spéculative, historico-philosophique.

    […]

    Cette identité de classe positive du travailleur blanc, fondée sur la religion du travail, n’a non seulement rien à voir avec « l’émancipation universelle » (Marx), mais elle est pleinement compatible avec la domination raciste et sexiste.

    […]

    La question se pose alors de savoir à quoi pourrait ressembler un processus de resolidarisation sociale avec des objectifs émancipateurs. Face à ce défi, l’invocation d’un point de vue de classe devient un substitut. Le mot classe crée une unité imaginaire de courants d’émancipation, alors qu’il s’agit de formuler une véritable perspective anticapitaliste. La référence à la critique de l’économie politique est essentielle pour cela, non pas pour en tirer un point de vue de classe positif, mais pour une négation déterminée du mode de production et de vie capitaliste qui pose les bases d’une reformulation d’un mouvement d’émancipation sociale diversifié, au-delà des fixations identitaires.

    #Ernst_Lohoff #classe_sociale #Marx