Analyser l’évolution de l’économie libanaise : l’apport du registre du tribunal de commerce - papier fascinant de @RosalieBerthier
Grand Theft Lebanon, par Rosalie Berthier
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Ce papier utilise le site en accès libre Shinminlam (acronyme arabe pour société à responsabilité limitée) créé des informations locaux cherchant à promouvoir la transparence économique et financière, en rendant disponibles et cherchables les données déjà publiques, mais malcommodes à utiliser, de l’enregistrement des sociétés au tribunal de commerce.
The dataset released by Shinmimlam, which describes itself as a collective of local software engineers promoting transparency, may be the first instance in Lebanon of a platform offering comprehensive, easily-accessible public information. It documents the creation of businesses of all kinds as recorded in the commercial register, enabling users to rigorously research topics that are otherwise discussed only in terms of rumors and generalities. Lebanese law requires that these files be published transparently, although the commercial register makes them extremely difficult to navigate, by restricting access to one form per query. Shinmimlam simplifies the process, compiling raw data from the commercial register to illustrate the connections between businesses and businesspeople through time and across the country.
Rosalie Berthier propose une lecture depuis 1944 des tendances de l’économie libanaise, dans ses caratéristiques sectorielles, juridiques et géographiques.
Bien entendu, c’est un regard officiel sur l’économie formelle, qui laisse de côté l’économie informelle. Cela dit, sans nier que l’économie libanaise est à beaucoup d’égard souterraine, mafieuse etc., les données publiques en donnent néanmoins beaucoup à voir...
Je référence ici brièvement quelques-uns des graphes qu’elle a produits.
Une chronologie qui met en évidence l’explosion des créations d’entreprises dans la période de la reconstruction.
Un graphe montrant la géographie très concentrée de l’économie libanaise, sur Beyrouth puis le Mont Liban mais avec une montée du Liban-Sud qui est intéressante.
L’analyse des statuts juridiques montre le passage d’une économie centrée sur des individus en situation de confiance et d’interconnaissance, à une économie financiarisée, basée sur l’action et l’anonymat, une économie de rente.
Les deux graphiques suivants montrent les liens de l’économie libanaise avec les capitalismes voisins. On perçoit d’une part la dynamique d’investissement saoudien au Liban jusque vers 2011, mais aussi le refuge que les capitaux irakiens et syriens trouvent au Liban en lien avec la déstabilisation de leurs économies. Les liens avec la Syrie sont « consanguins » sur une longue période.
Rosalie Berthier analyse ensuite différents indicateurs montrant le rôle de l’Etat dans la structuration de l’économie, notamment à travers la régulation du secteur bancaire et de celui du pétrole.
Enfin, dans un dernier graphe, elle montre l’essor d’une économie de spéculations tirant profit du placement des bons du Trésor, et plus largement de la dette publique libanaise, levier essentiel de l’accumulation du capital privé dans le pays sur les deux dernières décennies.
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