odilon

artiste aux mains pleines de doigts - visionscarto.net - Autrice de Bouts de bois (La Découverte)

  • 6 à 7 millions de Français ont du mal à payer leur logement - Page 2 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/220420/6-7-millions-de-francais-ont-du-mal-payer-leur-logement?page_article=2

    Il faut d’abord rappeler qu’une des premières mesures prises par le gouvernement a consisté à réduire les APL et qu’il s’apprêtait à les réduire encore plus fortement le 1er avril. Les présidents du Conseil national des luttes contre la pauvreté (CNLE) et de l’Observatoire national de la pauvreté (ONPES) s’étaient élevés contre cette mesure à l’été 2017, en soulignant que les APL étaient le dispositif qui réduisait le plus la pauvreté. La réforme de l’assurance-chômage, dont le second volet a été repoussé de quelques mois, réduit aussi considérablement le montant des allocations. Il y a de toute évidence un désengagement de l’État concernant l’aide aux personnes les plus fragiles.

    Par rapport à la question soulevée par Jean-Baptiste Eyraud, un premier point important est de bien distinguer la population des familles pauvres de celle, bien plus large, des familles que l’on peut qualifier de précaires. La pauvreté est souvent appréhendée à travers un critère monétaire en fixant arbitrairement un seuil statistique de revenus (un seuil de pauvreté). Les statisticiens ont l’habitude de fixer ce seuil à 60 % du niveau de vie médian, soit aujourd’hui un peu plus de 1 000 euros par mois pour une personne seule. La population pauvre est celle dont les revenus sont inférieurs ou égaux à ce seuil.

    Les travaux de l’ONPES ont montré qu’il existe au-delà de cette population pauvre, au sens statistique, une population à bas revenus, en grande fragilité. On peut qualifier cette population de précaire au sens où elle ne dispose pas d’un minimum décent, c’est-à-dire du revenu nécessaire pour participer, même de façon minimale, à la vie sociale et y être intégrée. Les travaux de l’ONPES sur les budgets de référence ont permis de chiffrer ce minimum décent à environ 1 500 euros par mois pour une personne seule. En France, environ 35 % de la population n’atteint pas ce minimum décent. Le mouvement des « gilets jaunes » a été un révélateur de cette population qui, sans être dans le dénuement, ne parvient pas à joindre les deux bouts.

    Jusqu’à présent, il est clair que l’action des pouvoirs publics n’a pas permis d’apporter de réponse satisfaisante aux difficultés que connaissent ces familles précaires ou pauvres. En ce sens, on peut parler de défaillance. Mais il faut aussi souligner que la lutte contre la précarité et la pauvreté nécessite d’articuler un ensemble de politiques publiques qui ne se limitent pas à l’octroi d’aides financières. Le dernier livre d’Anthony Atkinson, un expert internationalement reconnu sur les questions d’inégalités, formule ainsi une série de propositions qui vont bien au-delà de la simple redistribution monétaire.

    L’association Droit au logement lance un appel au moratoire des loyers. Cela vous semble-t-il une bonne solution ? A-t-elle déjà été appliquée avec succès dans l’histoire ?

    Dans la situation exceptionnelle que nous traversons, il est nécessaire d’utiliser tous les leviers pour desserrer la contrainte budgétaire, parfois insupportable, que connaissent certains ménages. Le soutien des revenus est un de ces leviers.

    #logement #pauvreté #précarité