• Jean-Paul Sartre et la Palestine
    Par Reda Merida - Samedi 25 avril 2020 | Middle East Eye édition française
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    (...) Sa position contraste également avec ses engagements politiques pour les luttes de libération, contre le « cancer » de l’apartheid sud-africain, contre le régime ségrégationniste des États-Unis, en soutien à la révolution cubaine et au Viêt Minh.

    Deux éléments de contexte majeurs peuvent expliquer cette position : la récence de la deuxième guerre mondiale (1945) et la sidération qu’a provoquée l’horreur des camps de concentration à leur libération qui, selon Sartre, crée chez les intellectuels français « une détermination affective » lorsqu’il s’agit de trancher sur le différend israélo-palestinien.

    « Je voulais seulement rappeler qu’il y a, chez beaucoup d’entre nous, cette détermination affective qui n’est pas, pour autant, un trait sans importance de notre subjectivité mais un effet général de circonstances historiques et parfaitement objectives que nous ne sommes pas près d’oublier », explique-t-il en mai 1967dans la revue qu’il a fondée avec Simone de Beauvoir, Les Temps modernes.

    « Ainsi sommes-nous allergiques à tout ce qui pourrait, de près ou de loin, ressembler à de l’antisémitisme. À quoi nombre d’Arabes répondront : ‘’Nous ne sommes pas antisémites, mais anti-israéliens.’’ Sans doute ont-ils raison : mais peuvent-ils empêcher que ces Israéliens, pour nous, ne soient aussi des Juifs ? »

    Par ailleurs, dans le contexte de l’effervescence politique autour de l’indépendance des pays sous les mandats français et britannique, la question de la création d’un État pour les juifs est alors souvent abordée par les intellectuels occidentaux à travers le même prisme, ignorant l’existence de populations palestiniennes arabes et autochtones. (...)