• Les incroyables aventures de Dan Cuchot au pays du confinement
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    Trois semaines.

    Ils avaient passé trois semaines claquemurés dans leur petite mai- son de Kergall, à Plestin-les-Grèves.

    Tout ce temps-là, Daniel Cuchot était resté prostré devant l’écran de son téléviseur plasma. Il jouait encore régulièrement à Fallout 76 ou à Resident Evil 3, mais il passait à présent le plus clair de ses journées à surfer sur les chaînes d’informations en continu, afin de se tenir au courant des dernières actualités.

    Ce n’était pas un problème pour lui de rester dans sa chambre. Il la quittait rarement, même en temps normal, sauf pour les repas – ou quand Manman lui demandait de sortir pour donner du ménage. Celle- ci du reste ne sortait pas souvent non plus, sinon pour faire les courses au Supéru et aller une fois par mois chez le coiffeur, seule folie qu’elle s’autorisait. Sans ça, c’était bien simple, elle avait toujours quelque chose à faire à la maison.

    Au début, Daniel avait suivi la progression de l’épidémie distraitement. Il faut dire que, là où il se trouvait, il ne se sentait pas spécialement menacé par le Covidus. Mais depuis que le confinement avait été décrété sur tout le territoire français, il avait observé une série de phénomènes extrêmement inquiétants, qui l’avaient peu à peu sorti de ses occupations habituelles – consistant principalement à regarder des sé- ries et des blockbusters américains, et à arpenter les univers virtuels des jeux multijoueurs.

    Bien sûr il y avait tous ces malades qui se bousculaient dans des hô- pitaux déjà surchargés, et il savait que, comme dans Contagion ou Je suis une légende, le Covidus n’avait pas fini de laisser des morts derrière lui. Mais d’après lui il y avait plus grave – beaucoup plus grave.

    Trois semaines.

    Trois semaines pendant lesquelles il avait passé en revue tous les bulletins d’alerte, tous les flashs spéciaux, tous les bandeaux d’info qui défilaient à l’écran vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sans compter internet et les fils d’actualité des réseaux sociaux – et personne, absolument personne n’avait parlé des mutants.

    Pour un jik de son âge (il allait bientôt fêter ses quarante ans), c’était pourtant une évidence. Qui disait nouveau virus disait nécessairement mutants – pas un seul réalisateur de série Z n’aurait osé le contredire sur ce point. Et pourtant aucune journaliste, aucun reporter, aucune envoyée spéciale n’avait osé évoquer ce fait devant les caméras. Daniel n’avait pas spécialement une meilleure vue que les autres, même il était myope comme un ver de vase ; mais il suffisait de regarder les images pour les voir. Ils paradaient obscènement dans l’espace public, se jetant sauvagement à la gorge des piétons qui faisaient leur promenade du soir ou des travailleurs qui rentraient à la maison. Ils étaient sûrement déjà là quand le Covidus était arrivé en France, mais depuis le début du confinement, c’était bien simple, ils proliféraient – régnant désormais en maîtres sur tout le territoire.

    Pour cacher ce fait qui sautait aux yeux, les médias s’évertuaient à parler d’autre chose. Et quand ils étaient contraints de faire apparaître les envahisseurs à l’écran, ils évitaient scrupuleusement de parler de mutants ou de zombis, comme l’aurait commandé le bon sens. Au lieu de ça, ils les avaient baptisés les « Fordelords », pensant que personne n’y verrait que du feu. Et aussi incroyable que cela paraisse, ça avait marché. Daniel Cuchot n’en revenait pas. Ça avait putain de marché ! Ces derniers jours, il avait écumé les forums en ligne, les sites complotistes et les chaînes youtube consacrées à Didier Ragoût, et il avait fini par se rendre à l’évidence : à l’heure qu’il était, il semblait bien être le seul être humain à avoir pris conscience de la menace qui se tramait au-dehors.

    [épisode 1]
    (Où l’on découvre que derrière la terrible épidémie de Covidus
    se cache une réalité bien plus inquiétante encore.)

    [épisode 2]
    (De ce qu’il advint à notre valeureux justicier quand il entreprit
    de rejoindre la plage du Fond de la Baie.)

    [épisode 3]
    (Des péripéties aussi bien instructives que réjouissantes qui arrivèrent
    à notre trio entre Plestin-les-Grèves et la RN12.)

    [épisode 4]
    (Des mille et un pièges que nos trois héros déjouèrent sur la route de Marcillé-
    Robert et de la rencontre inespérée qu’ils firent en chemin.)

    (épisode 5 le 9 mai)

    Grand jeu-concours :
    Dessine ton Dan Cuchot et envoie-le à l’adresse ci-dessous.
    Les plus beaux dessins seront publiés sur ce site !
    contact : dancuchot @ riseup.net

    #confinement #récit #feuilleton