• I ~ Existence avérée du tri des patients covid19 âgés dans le Grand Est et la Région Parisienne.

    Dans le courant du mois de mars 2020, alors que la pandémie de Covid19 se répand sur l’ensemble du territoire, des soignants alertent sur la saturation des services de réanimation, en particulier dans le Grand Est et l’Île-de-France. Seuls 5000 lits sont alors disponibles contre 10 000 en Allemagne. Le fruit d’une politique néo-libérale criminelle, commune aux gouvernements macron, hollande et sarkozy, de destruction méthodique de l’hôpital public, de véritables campagnes de fermetures de lits, politique délibérée et chapotée par les ministres de la santé successifs et leurs cabinets, et déclinée en région par les bureaucraties des ARS.
    La presse allemande se fait l’écho le 26 mars d’un rapport médical de spécialistes allemands sur la situation catastrophique qui règne dans les hôpitaux alsaciens, en particulier à Strasbourg (1) : par manque de matériel (respirateurs et lits), les patients âgés n’y sont plus ventilés. « Toute personne de plus de 75 ans n’est plus intubée”, titre la Frankfürter Allgemeine Zeitung, ou le Tagesspiegel. Die Welt souligne « qu’“on aide désormais plus les patients les plus âgés qu’à mourir”. Ce rapport médical émane d’une équipe de médecins allemands de l’institut DIKFM qui se sont rendus à l’hôpital de Strasbourg. Le Tagesspiegel rapporte ainsi que “les personnes de plus de 80 ans n’y sont plus ventilées”, mais placées en soins intensifs et sous somnifères.“Le triage – la sélection des patients ayant de meilleures chances de survie – est depuis quelque temps à l’ordre du jour en Alsace”, déplore Die Welt, qui a interrogé Brigitte Klinkert, présidente du Conseil départemental du Haut-Rhin, reconnait ainsi que « les patients de plus de 80 ans, de plus de 75, certains jours même de plus de 70 ans ne peuvent plus être intubés car nous manquons tout simplement de respirateurs ».
    La situation est identique aux hôpitaux de Colmar et de Mulhouse comme le révèle un article de Rue89-strasbourg du 16 mars (9) : « Face à l’épidémie de coronavirus, l’hôpital Émile Muller de Mulhouse n’est pas en capacité d’hospitaliser tous les patients. Un mail du chef des urgences de Colmar indique que des réflexions sont en cours sur « les critères (notamment d’âge) de limitation d’accès à la réanimation. » »
    Adjoint au maire à Paris, le socialiste Emmanuel Grégoire révèle quant à lui dans une interview de bfmtv (2) que cette pénurie organisée de lits et de respirateurs s’est traduite par des refus non seulement de réanimation mais même d’hospitalisation, de résidents d’Ephad atteints du Covid-19 : « Il est arrivé que nous soyons confrontés à des appels qui ne puissent PAS être PRIS EN CHARGE et donc qui ont conduit à la MORT en établissement d’un certain nombre de résidents atteints du Covid-19 […] Le SAMU dit « je ne viens pas », « je ne PEUX pas », et les patients RESTENT dans la chambre ». Et d’ajouter : « On a TOUJOURS SU que la difficulté de cette épidémie, c’est la SATURATION DES LITS DE RÉANIMATION » ; c’est dire à quel point l’anticipation du risque pandémique, a toujours été le cadet des soucis des darwinistes sociaux ultra-libéraux qui nous gouvernent depuis plus de trois décennies ; c’est dire la profondeur du mépris de nos vies et de notre santé collective cqui règne chez ces zélés capos du Capital.

    II ~ Négationnisme et Déni du Pouvoir politique et des Médias sur l’existence du tri.

    Mais à part cette interview surprenante de Bfmtv, l’existence de ce tri entre ceux qui vont vivre et ceux auxquels la mort sera administrée faute de respirateurs n’est évoquée nulle part dans les massmedias télévisés et la presse mainstream. Silence radio général. L’existence et les chiffres de cet insupportable tri ne figurent bien évidemment jamais dans les compte-rendus télévisés quotidiens de Jérôme Salomon, Directeur Général de la Santé, lequel a longtemps occulté les morts dans les Ephad, et continue à ce jour à ne pas se donner les moyens de connaître les chiffres des morts Covid19 à domicile (notamment en excluant les tests post-mortem)… Quand la question leur est posée, Pouvoir Lrem et médias dominants (propriétés de milliardaires et de marchands d’armes) affirment contre l’évidence que ce tri n’existe pas, nulle part. « Le tri n’existe pas » is the new « il n’y a pas eu de retard dans les mesures de confinement ».

    III ~ Changement du discours d’évitement dominant : il s’agit de tri mais celui-ci est habituel et ce sont de banals « soins palliatifs » administrés à des patients « en fin de vie », pour éviter tout « acharnement thérapeutique ».

    Comprenant qu’il est trop tard pour camoufler la vérité sur l’existence effective de ce tri, médias et pouvoir Lrem adoptent alors un nouveau discours : les patients Covid19 refoulés des hôpitaux et des services de réanimation seraient tous des patients « en fin de vie », qui n’auraient pas supporté la réanimation, et auxquels seraient administrés de banals « soins palliatifs »…Des organes de « fact checking » de la presse mainstream de Patrick Drahi (libération, checknews), Xavier Niel et Matthieu Pigasse (le monde) se sont empressés de crier aux « fake news ». Un article du Monde (13ter) dénué de toute déontologie journalistique qualifie d’emblée et dans le titre ces patients covid19 âgés et triés pour la mort de « malades en fin de vie » là où beaucoup sont en fait parfaitement soignables, comme le montrent les témoignages suivants, avec les moyens nécessaires… De même, tout l’article de francetvinfo.fr intitulé « Non, un décret ne légalise pas l’euthanasie pour les seniors atteints par le coronavirus » (7) ne repose que sur une affirmation mensongère ; Olivier Guérin, professeur de gériatrie au CHU de Nice y déclare en effet qu’ »il est bien entendu hors de question de faire de la sédation sur des patients qui nécessiteraient une hospitalisation » !
    Ces affirmations péremptoire et sans fondement sont démenties par tous les témoignages que nous rapportons ici. Ainsi dans des hôpitaux du Grand Est, l’équipe de médecins allemands et le témoignage de Brigitte Klinkert évoqués plus haut (1) montrent au contraire, d’une part le caractère systématique des exclusions de réanimation en fonction d’un âge-seuil variable selon la saturation des réas, et d’autre part le fait que c’est bien la PÉNURIE DE RESPIRATEURS, et non l’état prétendument désespéré de tous ces patients, qui conditionne ce tri. Le témoignage d’Emmanuel Grégoire va dans le même sens, ainsi que la plupart de ceux mis en lumière ci-après.
    Cet état de fait systématique dans certains hôpitaux et Ephad transparaît clairement dans le titre sans ambiguité d’un tract (3) des soignants de la CGT HAD AP-HP pour la situation parisienne : « La seule issue pour les personnes âgées en EPHAD atteintes du coronavirus : La Mort ! Inacceptable ! ».
    Un autre témoignage révèle le caractère foncièrement mensonger de ce discours, cette fois concernant la Région Parisienne. C’est celui de Jean-François Corty pour Mediapart (4), un soignant « rompu à la médecine de guerre » qui exerce dans une clinique parisienne « interface entre l’hôpital et l’Ehpad », qui s’occupe de patients Covid19 dans un état grave mais considérés comme « NON-PRIORITAIRES » par les services de réanimation parisiens « DÉBORDÉS ». L’AP-HP a recours à cette clinique pour désengorger l’hôpital en y orientant des patients Covid19. Son témoignage est un réquisitoire pour des êtres sans éthique comme Jérôme Salomon, et tous ceux qui de leur strapontin affirment que cet ignoble tri est une chose habituelle et ne concerne que des patients non-soignables : « Depuis quinze jours, il est DE PLUS EN PLUS DUR DE TRANSFÉRER des patients en réanimation à Paris. De fait, nous sommes amenés à faire dans une PROPORTION ANORMALE DU SOINS PALLIATIF, car nous n’avons pas de service de réanimation. […] J’entendais le directeur de la santé [Jérôme Salomon] balayer d’un revers de main le tri des patients. Son analyse ne fait pas écho à ma réalité de terrain. Que ce soit en clinique où j’exerce ou dans les Ehpad, on est OBLIGÉS de faire du palliatif de manière IMPORTANTE. C’est simple. Pour les cas graves, c’est soit la réanimation, soit le soin palliatif, car on pense que vous avez peu de chances de survivre, CHANCE QU’ON VOUS AURAIT OCTROYÉ dans un autre contexte sanitaire [et avec une réserve de respirateurs à la hauteur du risque pandémique, lequel s’accroissait d’année en année et était annoncé de longue date, ndlr]. Cela s’appelle bien du TRI, de la médecine de catastrophe. »
    Un article de Révolution Permanente (8) apporte un témoignage de plus du fait que les personnes refusées en réanimation n’étaient pas toutes « en fin de vie », loin s’en faut : « Le manque de matériel est criant alors que c’est la base de l’hygiène pour protéger les patients, en fournir massivement la seule aurait pu sauver des vies. […] A cela s’ajoute le SENTIMENT D’AVOIR TUÉ LEURS PROPRES RÉSIDENTS car « ILS AURAIENT ENCORE PU VIVRE DE BELLES ANNÉES, nous les EHPAD on a été abandonnéS. Comme c’était des personnes âgées, ils ont décidé qu’on ne les prendrait pas à l’hôpital ». »

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    https://akratnode.wordpress.com/2020/05/02/covid19-on-acheve-bien-les-vieux-et-les-handicapes
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