• « MBZ », le véritable homme fort du Golfe
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/05/12/mbz-le-veritable-homme-fort-du-golfe_6039359_3210.html

    Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane n’est pas seulement le leader politique des Emirats arabes unis. Son influence et ses amitiés s’étendent bien au-delà de la Péninsule arabique, jusqu’aux Etats-Unis et à la France.

    C’est une légende de cour. Il faut la prendre pour ce qu’elle est : une jolie fable sur le roi que l’on susurre sous le sceau du secret en espérant qu’elle soit rapportée au plus grand nombre pour édifier les masses. Au temps de sa splendeur, le cheikh Zayed Ben Sultan Al-Nahyane, charismatique fondateur des Emirats arabes unis (EAU), aimait à convoquer ses fils le vendredi pour les entretenir du royaume et de l’art de gouverner. Durant ces réunions, le patriarche, né avant le miracle pétrolier dans l’univers fruste des Bédouins du désert, avait coutume de couper la climatisation. Une manière de rappeler à ses enfants d’où ils venaient et de leur inculquer la nécessité de travailler dur pour préparer l’avenir, car les bienfaits du pétrole ne seront pas éternels.

    Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, 59 ans, a retenu la leçon. Le troisième fils du cheikh Zayed préside aux destinées d’un des pays les plus riches et les plus stables de la planète, un chapelet de sept principautés (Abou Dhabi, Dubaï, Chardja, Ajman, Oumm Al-Qaïwaïn, Ras Al-Khaïma, Foujayra) nichées dans les creux de la rive arabe du golfe Persique. Sur le papier, il n’est que prince héritier et ministre de la défense de l’émirat-capitale, Abou Dhabi, une cité taillée au cordeau, qui respire l’ordre et la discipline. Mais, dans les faits, « MBZ » comme on le surnomme, est l’homme fort de la fédération des #EAU. Un grand seigneur à l’allure austère et au profil en bec d’aigle, dont le goût de l’ombre cache une volonté de fer et un insatiable appétit de pouvoir.

    C’est lui le concepteur, avec son allié numéro un, le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, alias « MBS », de la guerre contre les rebelles houthistes du Yémen, présentés comme le cheval de Troie de l’Iran. Les deux hommes sont aussi à l’origine, en 2017, du blocus du Qatar, la presqu’île voisine des EAU, accusé d’accointances coupables avec les islamistes. En solo, « MBZ » a parrainé, en Egypte, l’ascension du maréchal-président Abdel Fattah Al-Sissi, fossoyeur de la révolution de 2011. Et il soutient activement les ambitions d’un autre galonné, le Libyen Khalifa Haftar, en #guerre contre le gouvernement de Tripoli, pourtant reconnu par la communauté internationales.

    Ses troupes opèrent de l’Afghanistan au Yémen. Ses diplomates et ses lobbyistes arpentent les capitales.

    L’ambassadeur émirati aux #Etats-Unis a même assisté, fin janvier, à la présentation du fameux plan Trump pour le conflit israélo-palestinien, indice du rapprochement des pétromonarchies du Golfe avec l’Etat hébreu. Le régent d’Abou Dhabi est aussi présent en Afrique, où sa toile s’étend de jour en jour : des armes en Libye, des ports dans la Corne, des capitaux en Mauritanie, au Sénégal, au Botswana et à Madagascar. Ses tentacules vont jusqu’à la Trump Tower, le fief new-yorkais du milliardaire président, où on lui prête une influence considérable.

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    #paywall #émirats