ARNO*

Geek dilettante habitant une belle et grande propriété sur la Côte d’améthyste

  • StopCovid : une « éthique de la responsabilité ? »
    https://www.bortzmeyer.org/stopcovid-ganascia.html

    Le principal problème que je vois avec cette prise de position n’est pas sur le principe : je ne suis pas un moraliste pur, qui voudrait que les principes comme la défense de la vie privée aient le pas sur tout (il parait que Kant, lui, était comme ça). Il est sur le fait que, curieusement, Jean-Gabriel Ganascia défend le conséquentialisme en oubliant un de ses principes de base : l’efficacité. Si on défend des mesures mauvaises au nom de leurs résultats positifs, c’est la moindre des choses que d’évaluer quelle chance on a d’atteindre ces résultats. Or, il n’y a rien de tel dans l’article :

    – Aucun mot sur les tests, actuellement en nombre très insuffisant alors que, justement, une application de suivi de contacts n’a de sens que si on teste les personnes, pour pouvoir ensuite prévenir leurs contacts qu’ils se sont approchés d’une personne contaminée.
    – Aucune estimation de l’efficacité de l’application prévue. Jean-Gabriel Ganascia dit simplement qu’iil faut faire quelque chose donc que StopCovid est une bonne solution, sans étudier ses forces et ses faiblesses, qui ont pourtant été largement discutées publiquement.

    Bref, il n’est pas un conséquentaliste conséquent. Il défend les applications de suivi de contacts au nom de l’éthique de responsabilité. Si on le suit, cela veut dire que ces applications peuvent être éthiques, même si elles violent la vie privée. (Notez que d’autres défenseurs de ces applications ont un autre angle d’attaque, affirmant bien haut qu’elles ne violent en rien la vie privée. La communication autour de StopCovid a changé dans le temps.) Mais cela n’implique pas forcément que ces applications soient éthiques, il leur reste encore à prouver leur efficacité. La fin justifie les moyens, peut-être mais des moyens non éthiques et qui ne permettent pas d’atteindre la fin auraient quelle légitimité ?