Monolecte đŸ˜·đŸ€Ź

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • Du #confinement des uns et des autres | PrototypeKblog
    ▻https://prototypekblog.wordpress.com/2020/05/29/du-confinement-des-uns-et-des-autres

    C’est dans le dĂ©sordre, c’est sĂ»rement pas assez travaillĂ©, mais tant pis, c’est ainsi. Peut-ĂȘtre que j’ai juste envie de passer Ă  autre chose, comme beaucoup de gens.

    Je ne mets plus le mot confinement entre guillemets, et j’écris au passĂ©. MĂȘme si, dans mon cas personnel, comme pour pas mal de monde encore, le confinement n’est pas vraiment terminĂ©.

    Alors que pour certains il n’a jamais vraiment commencĂ©.

    Tout le monde n’a pas vĂ©cu la mĂȘme chose.

    Vraiment pas.

    Cette pĂ©riode aura illustrĂ© une fois de plus la futilitĂ© de l’unanimisme de pacotille. La fabrique du nous aura tournĂ© Ă  plein rĂ©gime. « Les Français », « Nous », « Nous tous », bla, bla, bla.

    C’est imbĂ©cile. Nous n’avons pas vĂ©cu les mĂȘmes choses. Et comment prĂ©tendre qu’un confinement aurait rapprochĂ© les habitants d’un pays ?

    Nous n’avons pas fait les mĂȘmes gestes.

    Nous n’avons pas vĂ©cu les mĂȘmes choses.

    Nous avons certes tous subi les mĂȘmes injonctions, les mĂȘmes propagandes, les mĂȘmes formulaires idiots ; mais nous n’avons pas vĂ©cu les mĂȘmes choses.

    • Les gens ! Je voudrais revoir des visages familiers. Des habituĂ©s du mĂȘme train, du mĂȘme wagon, de la mĂȘme heure que moi. La grosse dame qui se prĂ©cipite toujours pour essayer d’avoir une place assise, que je suis toujours ravi de lui cĂ©der, c’est pas la peine de me faire la gueule. Le type sans Ăąge comme moi qui se laisse passer devant parce que lui aussi visiblement il s’en fiche d’ĂȘtre debout. Le vendeur de journaux de l’autre gare. Les collĂšgues. Les gens de la cantine. Les dames des boulangeries. Les pompiers de service. Les Libanais du libanais. Les adolescents entassĂ©s au soleil au square. Les gens. Les ĂȘtres humains. Mes semblables.

      Les collĂšgues ! Surtout les collĂšgues avec lesquels je ne travaille pas directement. Ceux que je croise juste de temps en temps. Ceux Ă  qui je ne fais que dire bonjour le matin. Ceux dont je n’ai pas directement besoin, et qui n’ont pas directement besoin de moi. Ceux qui sont de ma gĂ©nĂ©ration, et puis ceux qui sont d’autres gĂ©nĂ©rations. Ceux avec qui je ne fais que bavarder de temps en temps. Ceux dont parfois je ne connais que le prĂ©nom. L’autre jour, j’ai discutĂ© par Teams (la messagerie instantanĂ©e d’entreprise selon Microsoft) avec une collĂšgue, juste pour prendre des nouvelles. Pendant des mois j’avais menĂ© une rĂ©union dans la piĂšce adjacente Ă  son bureau tous les matins Ă  8h30, ça crĂ©e un lien, mais j’ai eu un doute sur son nom de famille, j’ai dĂ» aller vĂ©rifier dans un vieux mail. Bref, je lui ai dit bonjour. Elle allait bien. Elle m’a racontĂ© comment se passait le confinement de son cĂŽtĂ©. Et puis, au bout d’un moment, elle me demande : « Au fait, tu voulais quoi ? » Rien. Je ne voulais rien du tout. Je voulais juste causer. Savoir comment elle allait. Mais avec Teams comme avec tous les machins informatiques Ă©quivalents, on finit par ne plus parler que si c’est nĂ©cessaire dans le cadre du travail, pour une tĂąche ou un sujet prĂ©cis. Tout le reste a disparu. Et au fond c’était peut-ĂȘtre le plus important.