• Syrie La loi César : Qui vise-t-elle et comment affectera-t-elle le président Assad ? 1/3 – Elijah J. Magnier
    https://ejmagnier.com/2020/06/11/syrie-la-loi-cesar-qui-vise-t-elle-et-comment-affectera-t-elle-le-preside

    caveat : Elijah J. Magnier défend un point de vue résolument pro-iranien et donc archi-proche du Hezbollah au Liban.

    À Beyrouth, le gouvernement ne peut adopter la loi César, s’y plier et fermer ses portes à la Syrie. Les seuls postes-frontière terrestres du Liban traversent en Syrie, Israël étant considéré comme un ennemi. Tout plan économique national visant à revitaliser l’important secteur agricole local en exportant des produits vers la Syrie, l’Irak ou d’autres pays du Golfe échouerait si la loi César entrait en vigueur. Toute industrie régénérée ou tout échange commercial avec les pays du Moyen-Orient doit franchir la « porte syrienne ». Le gouvernement libanais actuel risque également de tomber s’il applique les sanctions américaines. Washington ne fournit aucun appui financier à l’économie libanaise en crise et n’a nullement l’intention d’offrir l’aide immédiate nécessaire pour la relever. Les USA, comme c’est devenu la norme, cherchent à imposer des sanctions et des conditions aux pays qu’ils ciblent, mais offrent peu en retour aux autres pays que cela affecte. Dans le cas du Liban, son déficit budgétaire frôle les 100 milliards de dollars après des décennies de corruption et de mauvaise gestion.

    Le gouvernement du premier ministre Hassan Diab est, en théorie, un gouvernement technocratique et apolitique. Il ne voit pas les USA comme un ennemi, mais il ne suivra pas nécessairement les diktats américains, puisqu’il est proche de l’« Alliance du 8 mars » dont les membres qui ont le plus de poids ne sont pas amis des USA. Par conséquent, la seule solution pour ce gouvernement ou tout autre qui suivra consiste à se tourner vers l’est, c’est-à-dire vers la Chine, la Russie et l’Iran. Les USA vont probablement perdre le Liban, puisque ses alliés de l’« Alliance du 14 mars » sont devenus sans voix et impuissants.

    (...)

    Le président Assad collaborera avec l’Iran, la Russie et la Chine pour combler ses besoins. L’Iran a défié les sanctions américano-européennes en envoyant des pétroliers en Syrie qui ont passé par le détroit de Gibraltar à deux reprises. L’Iran construit des usines de fabrication de médicaments en Syrie et s’affaire à d’autres projets de concert avec la Russie et la Chine. La Syrie se tourne vers l’est et non vers l’ouest, car c’est la seule option qui lui reste. C’est le rêve de longue date de l’Axe de la Résistance. Le Liban, la Syrie et l’Irak se tournent vers l’Asie pour contrecarrer les sanctions américaines et européennes qui pèsent contre eux et leurs alliés au Moyen-Orient. En imposant de nouvelles sanctions étouffantes à la Syrie, les USA aident le Levant à sortir de la sphère d’influence et de la présence américaines.

    L’Iran, la Russie, la Chine et la Syrie s’unissent en tant qu’alliés dans le cadre d’un projet intégré contre l’hégémonie des USA. La domination d’un État sur un autre n’a pas sa place dans ce concert de nations, où la solidarité est nécessaire pour aider la Syrie, par exemple, à se relever en tant que pays sain et fiable capable d’affronter les USA. Leur force s’accroît à mesure que la faiblesse des USA devient plus apparente, à un moment où le président Donald Trump lutte sur le plan intérieur et où son influence dans le monde s’affaiblit. Washington impose unilatéralement des sanctions aux pays et aux populations, en forçant certains de ses alliés à suivre, ce qui les amène à envisager sérieusement la possibilité de se détacher de ce « cordon ombilical » qui les étrangle.

    #liban #grand_jeu #new_middle-east

    • Assez épatant, d’ailleurs, le nombre d’articles consacrés à la crise au Liban, qui parviennent à évoquer systématiquement « le rôle du Hezbollah » (parce qu’il est ouvertement hostile à Salamé), mais qui n’évoquent jamais les sanctions américaines et l’entrée en vigueur de la loi César.

    • Liban, Syrie, ou « les guerres des autres » - Libération
      https://www.liberation.fr/planete/2012/12/18/liban-syrie-ou-les-guerres-des-autres_868531

      Une belle analyse de Mounir Corm en 2012, sauf sa prévision d’affaiblissement de "l’axe irano-russe" par "l’armement de l’opposition".

      La "loi César" vient prendre le relais de la solution militaire qui a échoué.

      Les Européens doivent aujourd’hui choisir leur priorité : s’il s’agit de porter un coup décisif à l’axe irano-russe dans la région, l’armement et le « sponsoring » de l’opposition sont la meilleure solution car, plus la guerre durera en Syrie, plus cet axe sera affaibli. S’il s’agit de permettre au peuple syrien de vivre en paix et sous un Etat de droit démocratique, alors il faut plutôt soutenir toutes les initiatives politiques nationales, en affirmant clairement la décorrélation entre politique interne et politique régionale (et permettre une levée du soutien russe et iranien au régime).